Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
à l'Ancien Hôtel de Ville de Rouffach
Abbé Auguste Hanauer dans Etudes économiques sur l’Alsace ancienne et moderne, Denrées et salaires (1876-1878).
Eigentliche abbildung der fürnembsten und merckwürdigsten Sachen, welche in dem Africanischer Capo Bona Sperance und in den orientalischen Indien gefunden werden, bestehende in allehand Nationen, wunderbahren Thieren und frembden erdgewächsen, aufgemerckt und zusammen getragen durch
Anno 1681
Je suis retombé récemment sur les notes, les documents et les articles que j'avais rédigés il y a quelque temps, au sujet d'un personnage étonnant , natif d'Ensisheim mais qui n'a cessé de proclamer dans ses carnets son attachement à Rouffach, où il avait été élevé et qu'il appelait "mein[e] geliebte Geburtsstadt Ruffach": Frantz Georg MÜLLER.
Le 9 janvier 1646, Frantz Georg quitte Rouffach et part découvrir le vaste monde: un périple qui l'amènera à travers les mers et les océans et le conduira à Batavia, le siège de la Compagnie néerlandaise, l’actuelle Jakarta, capitale de la république d’Indonésie, où il restera 13 ans comme soldat. Il s’engage dans la Compagnie néerlandais des Indes orientales le 13 octobre 1669, à l’âge de 23 ans.
D’une insatiable curiosité, il décrit minutieusement dans son Récit de voyages, un carnet relié de près de 500 pages manuscrites, conservé sous le titre Müllers Reise Beschreibung nach Batavia, les paysages, les hommes, les animaux et les plantes qu’il a pu observer au long des vingt-trois ans, quatre mois et un jour de son périple au-delà des océans.
Les dessins aquarellés de son carnet de voyage, bien connus des ethnographes, zoologues et botanistes, sont des documents rares et précieux. Ils décrivent son voyage vers l'Afrique du Sud et l'Indonésie de 1669 à 1682, offrant un aperçu visuel des lieux, de la faune et de la flore, des personnes et des cultures rencontrées à cette époque.
Même s'il n'est pas natif de Rouffach ce personnage pittoresque mérite d'être connu à Rouffach et devrait figurer dans la liste des personnages illustres de notre ville ...
Je vous propose ci-après, un article sur Frantz Georg MÜLLER, publié dans ces pages en avril 2018, mais toujours d'actualité ! Il est bon, parfois, de rafraîchir sa mémoire...
g.m. 10/09/2025
Enseigne de vigneron, rue Knechtlin Rouffach
Le document qui suit est l'un des derniers items d’un règlement daté du 23 décembre 1625, titré Ordnung der Taglohner und des geringen Dienstvolckhs, auch der Verdingten Arbeiten halben angesehen…, c’est à dire: Règlement concernant les journaliers et les domestiques de basse condition, ainsi que du travail à la tâche...
Il s’agit d’un édit seigneurial qui établit les règles de travail dans différentes tâches, un document d’un intérêt considérable puisqu’il nous fait entrer dans le quotidien des travailleurs de la terre : les Karcher, charretiers payés selon leur âge, leur force, le nombre de chevaux qu’ils mènent, Eselbuebe le garçon ânier, la Viech Magd, meneuse de bétail, payée selon ne nombre de bêtes qu’elle est capable de maîtriser, etc. Des salaires qui varient également selon le moment de l’année, et la nature du sol à travailler…
L’essentiel de ce volumineux règlement est évidemment consacré aux multiples travaux de la vigne, et aux salaires journaliers des différentes tâches.
Mais n’anticipons pas, ce règlement et quelques autres feront l’objet d’articles ultérieurs, et une conférence sur
est programmée courant d’octobre 2025, dans le cadre des Conférences Rubiacum.
Voyons cet item de plus près:
La vigne a besoin de bras et occupe une grande partie de l’année une masse de journaliers, hommes, femmes, filles et garçons. La ville abritait alors une population d’oisifs, vivant de mendicité et de rapines mais qui font la sourde oreille quand il s’agit de travailler. Et même, ils manœuvrent pour dissuader les journaliers de se rendre au travail !
L’une des sources importantes pour l’historien qui s’intéresse au passé de Rouffach est sans conteste la lecture attentive des comptes-rendus des délibérations du Magistrat. Ses conseillers se retrouvent plusieurs fois dans la semaine, y compris les dimanches, pour débattre et délibérer de sujets très divers. Une partie importante des délibérations de ces assemblées est consacrée aux procédures de justice civile et de police municipale et les 15 membres du Conseil, élus issus de la bourgeoisie de la cité, sont également appelés à être jurés dans les affaires criminelles. Par ailleurs, les Conseils du Magistrat règlent les affaires courantes de la Ville, comme le fait aujourd’hui un Conseil Municipal.
A ce conseil de quinze élus, se joignent deux non élus, désignés par le bailli et agréés par la Régence épiscopale de Saverne, le Schultheiss (le prévôt, représentant l'autorité seigneuriale) et le greffier municipal, chargé de rédiger les procès-verbaux des séances. Un grand nombre de ces procès-verbaux, soigneusement reliés, sont conservés aux archives municipales de Rouffach et constituent une documentation quasi inépuisable pour le chercheur.
Je vous propose un extrait d’une de ces séances hebdomadaires « ordinaires », tenue à l’hôtel de Ville, le mardi 24 novembre 1615.
Un Conseil houleux autour d’une « prise de bec » entre le prévôt et les conseillers... De quoi s’agit-il ? Le débat s’anime après la lecture d’un courrier adressé au Prévôt par « son grand patron », le prince-évêque de Strasbourg. Ce dernier, semble-t-il, hausse le ton au sujet de travaux urgents à réaliser à l’église Saint Etienne de Suntheim. Le ton est sérieux et même menaçant, ce n’était pas la première fois que l’affaire était évoquée mais était restée sans suite, le prévôt n’ayant peut-être pas été suffisamment persuasif avec les conseillers de Rouffach. Et bien entendu, c’est sur eux que retombe la responsabilité et la colère du prévôt…
Mais les gens de Rouffach se défendent : ils avaient bien entendu parler de ces travaux à l’église de Suntheim et ils avaient inspecté les lieux pour en mesurer l'ampleur et les dépenses à entreprendre. Mais d’autres travaux attendaient : l’orgue de l’église paroissiale, un chemin à créer pour l’accès au château d’Isenbourg, la création d’une fontaine en Ville…
Mais avec quels moyens allait-on entreprendre ces travaux ? Où trouver les fonds nécessaires ?
L'église de Suntheim attendra...
Le 31 décembre 1615, l'affaire est remise à l'ordre du jour et le prévôt rappelle l'insistance de l'évêque dans son courrier du mois précédent:
Le prévôt (Schultheiss) a rappelé au Conseil qu'il avait reçu un ordre strict du prince de rénover l'église " ein starcks unndt scharpffes Bevelch Schreiben "
Le Conseil a soulevé des questions sur le financement des travaux, mais a accepté de commencer la construction.
Il a été décidé que le Burgmeister (le comptable de la Ville) ferait abattre 150 pièces de bois dans la forêt pour les travaux.
Des corvées (Frönungen) ont été ordonnées pour le transport du bois, avec la menace de sanctions pour ceux qui ne les accompliraient pas.
Finalement, ces travaux ont-ils été réalisés? Affaire à suivre...
L'église Saint Etienne de Suntheim sur la vue de Sebastian Münster
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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