Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Jeune femme au touret Grès jaune des carrières de grès de Rouffach
La carrière du Strangenberg (image Lithothèque d’Alsace)
Depuis le Moyen-Âge, les carrières du Strangenberg fournissent les calcaires à grain fins, dits « grès lattorfiens » utilisés pour la construction de l’église Notre-Dame, de nombreuses maisons de Rouffach, de monuments à Colmar et de la cathédrale de Thann. Le site a été ré-exploité en 1954 pour la restauration de l'église Saint Martin de Colmar. Laissée à l'abandon, elle fut régulièrement pillée par les chasseurs de fossiles et collectionneurs de pierres.
La jeunesse de Rouffach, rêvant de Western, aimait s'y retrouver, à l'insu des parents, dans un décor sauvage qui offrait en plus un lieu de baignade dans une eau claire aux surprenantes couleurs vertes… Les anciens ont encore le souvenir des mémorables bagarres entre jeunes de quartiers de Rouffach qui s'y sont déroulées... la "Guerre des boutons", à leur manière ! Commençant à poser de sérieux problèmes de sécurité, le site fut clos et interdit d’accès. Il est aujourd’hui un site protégé offrant un espace naturel remarquable qui accueille une flore et une faune exceptionnelles.
L’histoire de cette carrière reste à faire, elle est régulièrement mentionnée dans les textes au Moyen-Âge, mais les sources sont rares. Celle que vous propose cet article est une charte de 1508 conservée aux archives municipales de Rouffach : il s’agit d’un contrat de location passé entre Rouffach et l’œuvre Saint Thiebaut de Thann pour l’’exploitation d’un secteur bien délimité de la carrière de grès jaune du Strangenberg. La pierre extraite devait servir à la construction de la flèche de la collégiale Saint Thiebaut, une dentelle de pierre haute de 78 mètres. Commencée en 1506, elle fut achevée en 1516 et fait depuis la fierté de la ville de Thann.
Die Judengasse und die Synagoge in Rufach in Wort und Bild C. Winkler
Édifiée au 13e siècle, l’ancienne synagogue de Rouffach est l’un des plus anciens bâtiments juifs conservés d’Europe, et le seul bâtiment juif médiéval certain conservé en France.
Bien que la communauté juive de la ville au Moyen Âge ait fait l’objet de plusieurs recherches, il n'existait jusqu’à présent que très peu d’informations sur le bâtiment, aujourd’hui habité.
Dans le cadre d’une étude réalisée en 2020, de nouvelles connaissances ont pu être obtenues grâce aux méthodes de l’archéologie du bâti.
Cette étude a permis des réflexions inédites sur l’architecture, l’accès à la synagogue et son utilisation au Moyen Âge, réfutant en partie les propositions avancées jusqu’alors.
Nous avons annoncé dans un article publié le 28 novembre 2023 « … le lancement d’une vaste étude sur le bâti médiéval de Rouffach … ». Le projet se concrétise et les premières études et investigations sur le terrain débuteront en juin 2024. Cette vaste entreprise, fruit d'une coopération binationale, croisera ainsi une approche historique, archéologique, la prospection géophysique, géomatique, l’archéologie sédimentaire et archéométrique des vestiges matériels, la datation par dendrochronogie et carbone 14, etc. La population de Rouffach est évidemment concernée au premier chef par cette étude qui lui demandera sa bienveillante participation, puisqu’elle nécessitera la visite des cours, caves et greniers.
Quelques jours plus tard, après une autre intervention, avec cotons tiges, lingettes, brosse à dents et scalpel...
Dans l’article paru sur obermundat.org le 4 mars 2024 nous avions fait part de la découverte, sur le mur sud du chœur, sous le décor peint du XIXème siècle, de ce que nous avions interprété comme étant deux chiffres, deux quatre, en chiffres arabes du 15ème ou 16ème siècle.
La tradition populaire rapporte que ces profondes rainures creusées, à hauteur d’homme, dans le grès du mur sud du chœur de l’église de Rouffach et de celle de Pfaffenheim, seraient les traces laissées par les vignerons « aiguisant » leur outil pour leur garantir une bonne récolte ! La sainteté du lieu et la proximité des reliques saintes devaient assurer le succès de l’opération. Mais comment un vigneron pouvait-il espérer affuter sa serpette ou un autre outil tranchant en les frottant dans ce dispositif ? C'est rigoureusement impossible, à moins de vouloir sacrifier le tranchant de l'outil !
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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