Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Le premier objectif de obermundat.org était, dès sa création, de mettre à la disposition de chercheurs et amateurs d’histoire locale, des documents qui ne sont pas toujours d’un accès facile pour tous. Des documents issus d’archives régionales, Rouffach, Colmar, Strasbourg, Bâle, Fribourg, sont ainsi proposés à des lecteurs d’autres régions, et même d’autres continents !
La langue allemande et l’écriture gothique constituent souvent un obstacle majeur pour qui s’intéresse à l’histoire ancienne de l’Alsace : c’est pourquoi sur ce blog, les textes d’archives que je présente sont transcrites en écriture moderne, parfois traduits, en totalité ou partiellement, en français moderne, et commentées.
Le document proposé dans cet article est issu des Archives départementales de Strasbourg. Il s’agit d’une charte rédigée sur parchemin, datée de 1183, qui est fondamentale pour l’histoire du Prieuré Saint Valentin de Rouffach. Par cette charte, l’évêque de Strasbourg Henri Ier de Hasenbourg concède aux religieux du prieuré Notre-Dame des Champs de Metz une colline à Rouffach en vue de la fondation du prieuré Saint-Valentin de Rouffach et définit les statuts du futur prieuré.
Ce document est en latin médiéval, truffé de nombreuses abréviations et conventions orthographiques et je suis un bien piètre latiniste ! Aussi ai-je fait appel à l’I.A. Gemini / Google pour le traduire. Le résultat n’est certes pas satisfaisant, mais je compte sur des lecteurs compétents pour m’aider à l’améliorer : ce document, fondamental pour l’histoire du prieuré Saint Valentin de Rouffach est cité et reproduit dans de nombreux ouvrages sur le sujet, mais je ne l’ai vu transcrit en entier que dans l’ouvrage de Theobald Walter Urkunden und Regesten der Stadt Rufach (662-1350) de 1908, pages 6-8. C’est de cette source que provient la transcription que je propose. Quant à une traduction en français, je n’en ai pas connaissance. Celle que je propose après la transcription, doit être considérée comme un brouillon, maladroit sans doute, mais qui permet de saisir la teneur de ce précieux parchemin. Merci pour toute aide qui sera bienvenue pour l’améliorer…
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En 1183, l'évêque de Strasbourg a autorisé un groupe de moines de Metz à créer un nouveau monastère à proximité de Rouffach. Dans le même temps, il précise les règles qui permettront à ce nouveau monastère de coexister avec l'église paroissiale qui existait déjà sur place.
Dans le registre des lettres N°59 du Conseil de Nuremberg, conservé aux archives du district de Nuremberg, on trouve au folio 165 le brouillon (projet) d'une lettre datée du 26 juin 1507, adressée au prieur du monastère bénédictin de Rouffach. Cette lettre, remise à un citoyen démuni de Nuremberg nommé Michel MURNER, avait pour but de lui obtenir l'admission dans l’hôpital rattaché à ce monastère. Cet hôpital, fondé en l'honneur de saint Valentin, accueillait grâce à de pieuses fondations les personnes atteintes d'épilepsie.
Elsässisches Wallfahrtsbild um 1480
Personne n'ignore, au moins l'espère-t-on, qu'il existait à Rouffach jusqu'à la fin du 18ème siècle, au pied du château d'Isenbourg, un prieuré bénédictin mentionné pour la première fois en 1183, mais probablement plus ancien, qui devint rapidement un lieu de pèlerinage célèbre à travers l’Europe d’alors : il accueillait les épileptiques et leur famille qui venaient prier et implorer la guérison de leur mal devant les reliques de saint Valentin. Au 15ème siècle, on construisit un hôpital spécialisé pour l'accueil et les soins de épileptiques qui aurait même été le premier de ce type. L'hôpital ferma au siècle suivant et le site disparut avec la Révolution française. Il n'en reste aujourd'hui que le souvenir : une rue, la rue du Prieuré, un grand vitrail représentant saint Valentin dans l'absidiole du transept sud de l’église paroissiale et, dans la même absidiole, un buste-reliquaire en bois doré du 18ème siècle, représentant saint Valentin, provenant de l'ancien prieuré. Sans oublier une grande toile en attente de restauration, Saint Valentin et l'épileptique, provenant elle aussi du même prieuré.
Buste reliquaire de saint Valentin, évêque et martyr, église Notre-Dame de Rouffach
Au moment de la fondation du pèlerinage, les moines avaient obtenu de l’évêque de Strasbourg l’autorisation de recueillir des aumônes, soit sur place à la chapelle, soir au cours de tournées de quêtes dans le diocèse. Des moines quêteurs parcouraient ainsi les villes et villages du diocèse de Strasbourg et progressivement étendirent leur tournée aux diocèses de Bâle et même celui de Constance. Ces expéditions procuraient au prieuré les ressources nécessaires et faisaient connaître au loin les miracles et les guérisons d’épileptiques.
La notoriété du pèlerinage était telle que l'empereur Frédéric III avec son fils Maximilien et plusieurs princes électeurs, avait lui-même fait un pèlerinage à Rouffach pour vénérer Saint-Valentin. L'empereur Maximilien lui-même, le 18 mars 1507, prit sous sa protection spéciale le monastère et l'hôpital de Rouffach et se rendit lui-même en pèlerinage avec sa cour en 1511.
Le lecteur trouvera ci-dessous un article du Dr. Louis Pfleger (1932) sur le sujet des quêteurs de Saint Valentin de Rouffach. L'article est en allemand, j'en propose un traduction en français qui sera suivie du texte original en allemand.
L'église Notre-Dame de Rouffach en 1868
Dessin de l'architecte Maximilien Mimey
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Un des plus purs exemples de l’art des empereurs saliens, entre 1024 et 1125…
Au XIème siècle Rouffach possédait une église romane remarquable, un des plus purs exemples de l’art des empereurs saliens [1] Conrad II [2] et Henri III [3]. En cette fin du XIème siècle, la ville était prospère et densément peuplée. Le futur Henri V [4] qui s’était révolté contre son père [5] en 1106, s’installa dans la cité avec toute sa suite et ses soldats. Les bourgeois de Rouffach, mécontents du mauvais comportement de ces hôtes encombrants, se révoltèrent et forcèrent Henri V à fuir la ville, abandonnant dans sa hâte les insignes de sa royauté. Le roi, furieux, jura de détruire la ville. On ignore s’il y est parvenu et si l’église, du dernier quart du XIème siècle, a été épargnée.
L’appel a produit son effet : un lecteur a conservé le premier article publié dans le journal L’Alsace du samedi 15 octobre 1977 et me l’a communiqué ! Merci à Remy Moyses et son inépuisable bibliothèque ...
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Lors des travaux autour de l’église Notre-Dame de Rouffach, des découvertes ont été faites dont l’importance pour la connaissance du passé lointain de la ville mérite d’être soulignée. Depuis un bon nombre d’années, M. Paul Faust, archiviste de la ville, surveille et fouille chaque fois que l’occasion se présente. On soupçonnait bien la très haute antiquité de cette cité, ne serait-ce qu’en analysant son nom. Mais de soupçonner à prouver, il y a un grand pas qu’il n’est pas aisé de franchir. M. Faust réussit peu à peu à démontrer, grâce aux vestiges sortis du sol, que le site de la plus ancienne cité rubéacienne a une origine culturelle bien plus lointaine qu’on a pu le démontrer jusqu’à ce jour.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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