Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Ce traité publié par deux dominicains, Heinrich KRAMER (Henri Institoris) , dominicain de Sélestat et Jacob SPRENGER, prieur du couvent de dominicains de Cologne, est une véritable œuvre de propagande de l’Inquisition et fut le point de départ de la chasse aux sorcières : édité en petit format afin que les juges puissent le consulter aisément lors des procès, l'ouvrage eut un succès considérable et fit l'objet de 34 d'éditions latines depuis sa parution à Strasbourg en 1486 ou 1487 jusqu'en 1669.
Et pourtant, il existe, ou plutôt, il a existé. Son nom figure même sur la fameuse représentation de la Ville que Sebastian MÜNSTER propose dans sa Cosmographie. Un plan daté de 1548, sur lequel Munster n'a pas représenté le château, et pour cause: en 1548, ce château n'existait plus.
Réunion de sorcières, préparant dans un pot qu'elles déverseront dans une vigne ou un verger,
une "intempérie" destinée à détruire les récoltes...
Margretha BECKHIN est la veuve de Peter ZIMMERMANN de Soultzmatt, lui-même exécuté quelques années auparavant par le feu. Elle a été arrêtée et emprisonnée le 25 juin 1624.
Francisco de Goya: Le sabbat des sorcières
musée du Prado
L’organisation de la justice dans le bailliage de Rouffach, en 1624...
Même si l’évêque de Strasbourg est toujours le plaignant dans tous les procès, les tribunaux qui siègent pour les affaires criminelles, et donc la sorcellerie, sont des tribunaux séculiers (ce serait un anachronisme grave de parler de laïcité pour cette période: toute la société et ses institutions sont chrétiennes et catholiques, le religieux et le civil s’interpénètrent en permanence et souvent même se confondent).
Les sorciers et sorcières de Rouffach, de Soultzmatt, d’Orschwihr ou d’Eguisheim ont été jugés par des bourgeois de leur ville ou de leur village, siégeant comme jurés, et par des juges issus d’une institution à la tête de laquelle se trouve, certes, l’évêque de Strasbourg, mais non en tant que chef religieux et spirituel, mais en tant que prince temporel, seigneur de l’Obermundat, comme les Ribeaupierre, les Habsbourg, les Furstemberger, dans leurs seigneuries…
Bâton de procession de la Confrérie du Saint Rosaire de Rouffach
L'Ascension, fin XVIIème siècle (coll. privée)
La confrérie du Rosaire est une confrérie pieuse dont l’objectif est de réunir un grand nombre de croyants unis par la charité fraternelle dans la récitation en commun du Rosaire de Marie afin d’obtenir ses grâces et sa protection.
La première confrérie aurait été fondée en 1468 à Douai par un moine dominicain Alain de la Roche Alanus de Rupe (* vers 1428 † 1475). Elle sera suivie en 1475 à Cologne par une seconde, fondée par l’inquisiteur, Jakob Sprenger (*1436/38 † 1495), de sinistre mémoire puisqu’il est avec Heinrich Kramer le co-auteur du Malleus maleficarum ou Hexenhammer qui légitima la chasse aux sorcières.
Depuis Cologne, les confréries se répandirent très rapidement à travers l’Allemagne, la Hollande et les Flandres pour arriver en Alsace, plus précisément à Colmar en 1484.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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