Une collaboratrice d'Orpimento à l'œuvre..
La croix de saint André dans le dallage du chœur de N.D. de Rouffach
1. Qu’est-ce qu’une croix de saint André ?
La croix de Saint André est une croix dont la forme est à rapprocher de celles d'une lettre X, majuscule comme minuscule, et d'un chiffre romain X.
Son nom provient de la forme ou disposition de la croix qui aurait été utilisée, selon la tradition chrétienne, pour supplicier Saint André, l'un des douze apôtres de Jésus de Nazareth — martyr comme la plupart d'entre eux — et un frère de l'apôtre Simon-Pierre considéré quant à lui comme le premier pape, ultérieurement.
Par analogie de forme, ce symbole désigne, dans un bâtiment à colombage, un assemblage de deux pièces de bois croisées qui assure une meilleure rigidité au panneau et permet, au moyen de la triangulation, d'éviter le roulement, la déformation de la charpente. (Source : Wikipedia)
2. La croix de saint André dans le dallage du chœur de l'église Notre-Dame de Rouffach...
Le revêtement de sol de l'église de Rouffach est d'une beauté toute particulière et mériterait d'être représenté en couleur. Il est essentiellement composé de dalles de grès rouge et blanc, dont la distribution souligne les particularités architecturales du plan. Le chœur est traité comme un échiquier avec une alternance de dalles carrées rouges et blanches. Dans cet échiquier, à environ 4,70 m du transept, se trouve un étonnant monolithe en grès blanc, qui a la forme d'une croix de Saint-André. Cette pierre remarquable a été brièvement mentionnée dans un article de l'annuaire de la Société historique de Thann-Guebwiller, 1951 ; on y soulignait que cette pierre semblait revêtir une signification toute particulière dans le plan d’ensemble de l’édifice.
Hugues Walter
La Croix de saint André, avant restauration...
La croix de saint André apparait au milieu de l’image : il s'agit d'un monolithe en pierre claire sur lequel on peut distinguer des traces d'un dessin géométrique régulier, rayonnant à partir du centre de la figure. La technique et la matière de ce tracé restent pour l'instant à l'étude. Quant à sa datation, elle reste tout aussi énigmatique. Certains auteurs ont fait d'elle une pierre qui marquerait l'emplacement de l'autel du chœur roman démoli dans le dernier quart du 12ème siècle pour être remplacé par le chœur actuel. Une aimable hypothèse, inspirée tout droit des ouvrages d'Henri Vincenot et des Cahiers de l'abbaye de Boscodon, mais qui ne repose sur aucune source vérifiable.
Une rose des vents à huit branches, indiquant les quatre points cardinaux et la direction des vents intermédiaires ?
Une étoile à huit branches qui combine la croix verticale et la croix couchée de saint André? En lien avec la symbolique chrétienne du nombre 8 ?
D’autre y cherchent, et y auraient trouvé L’Explication : cette pierre marquerait un point de convergences de forces telluriques et cosmiques … L'architecte Maximilien Emile Mimey, architecte de la restauration des années 1870 avait-il connaissance de ces élucubrations au moment où il a fait placer, ou replacer cette pierre?
Peut-être plus simplement, une marque au sol pour désigner l'endroit précis où devait être placé un objet liturgique: lutrin, cierge ?
Cette dalle, comme la plupart des dalles du chœur, est "récente". Les grands travaux entrepris au XIXème siècle ont également touché le chœur, en particulier l'un des grands piliers qui soutient les voûtes de la croisée du transept et à cette occasion, le dallage a été déposé et son dessin vraisemblablement modifié. Auparavant déjà, le 4 avril 1813, la fabrique de l'église avait demandé que le pavage soit refait à neuf :
"Considérant que le pavé du chœur est tellement délabré qu'on ne peut y marcher de pied ferme. Ce que le bureau a déjà observé l'année dernière. Il devient nécessaire qu'il soit fait à neuf aux dépens de la Ville, la fabrique manquant de fonds..."
Le devis initial s'élevait alors à 1600 frs...
Cette croix de saint André existait-elle déjà à ce moment-là ? Pour l'instant, les documents sont muets à ce sujet. Aujourd'hui cette pierre ne présente pas de traces d'usures notables, alors que de nombreuses autres dalles sont très abîmées et ont dû être changées dans le passé, parfois sans que soit respectée la disposition en damier, alternant des dalles claires et des dalles rouges.
Pour ce qui est de l'explication de cette pierre, je la laisserai aux fervents partisans des théories ésotériques, spécialistes de la corde à 13 nœuds, de la quine des bâtisseurs et du nombre d'or...
3. La restitution des teintes et des volumes de la croix de Saint André…
Ce lundi 16 décembre 2024, Laura Turrini, accompagnée de sa jeune collaboratrice, était de retour à l’église Notre-Dame pour remettre en couleur et en volumes l’étoile figurant au centre de la croix de saint André. Fondatrice et gérante de l’atelier d’art Orpimento installé à Barr, elle était à l’ouvrage pendant plus d’une année dans le chœur de notre église avec son équipe, chargée de la restauration des décors peints des voûtes et des murs. Une restauration exemplaire, saluée par tous les visiteurs qui, au cours du second semestre 2024, ont pu découvrir et admirer l’immense travail accompli et l'expertise des restaurateurs …
La restauratrice, Laura Turrini redonne couleur et relief à l’étoile au centre de la croix de saint André. L'intervention , comme toutes les autres interventions réalisées par Orpimento, est parfaitement réversible, les couleurs sont préparées à base d'un liant, de pigments et de poudre de silice qui lui permettra de résister à l'abrasion...
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L’atelier Orpimento, s’appuyant sur les compétences de son équipe de restaurateurs propose ses services dans de nombreux domaines : restauration de fresques, de peintures murales, de toiles marouflées, de gypserie, de peintures de chevalet, de sculptures en bois polychrome, pierre et plâtre ainsi que d’objet mobilier en bois et textile.
A ce même atelier d’art Orpimento, sera confiée la restauration de la grande toile du 18ème siècle représentant saint Valentin bénissant un épileptique, provenant du prieuré Saint Valentin de Rouffach.
Le saint y est représenté implorant la bénédiction divine pour un malade épileptique étendu à ses pieds. La toile, longtemps entreposée dans l’entrée du presbytère, présente d’importantes déchirures et des altérations de la couche picturale. Une restauration urgente s’avère nécessaire pour sauver cette œuvre en grand péril : la ville de Rouffach, propriétaire du tableau, a décidé lors d’une délibération de Conseil municipal du 15 octobre 2024 d’entreprendre le sauvetage de cette toile et de son cadre et d’en confier la restauration à un atelier spécialisé. Au terme de cette opération, l’ensemble retrouvera une place dans l’église paroissiale, dans le transept sud.
Cette toile avait été offerte en février 1809 par le propriétaire de la chapelle du prieuré, à l’église paroissiale, en même temps qu’un tableau (ein Bild ?) représentant saint Xavier. Il avait également proposé le maître autel à l’église qui n’a pas retenu l’offre. Les deux autels latéraux avaient été donnés à l’église des franciscains, quelques années auparavant.
La restauration de cette toile, Saint Valentin et l’épileptique, et sa mise en lumière dans l’église, sera l’occasion de rappeler qu’il fut un temps où le prieuré de saint Valentin était l’un des plus célèbres lieux de pèlerinage d’Alsace et que sa notoriété dépassait largement ses frontières. Comme celle de son marché, qui se tenait le 14 février, et accueillait une foule de marchands, saltimbanques, musiciens, acheteurs et curieux, venus des quatre coins du pays.
Tous les amoureux de notre église ont hâte de découvrir cette œuvre, si chère à notre amie Paulette Lichtlé, où elle rejoindra, restaurée par les soins experts d’Orpimento, dans le transept sud, le buste-reliquaire en bois doré du 18ème siècle représentant saint Valentin en évêque et le grand vitrail représentant le saint dans l’absidiole.
Hugues Walter: Das steinerne Andreaskreuz im Rufacher Münsterchor
P.S.1
Le lendemain 17 décembre , revenu à l'église pour voir l'effet de cette intervention après séchage, j'ai eu la surprise de rencontrer l'équipe de l'entreprise Baumgratz qui s'affairait à remettre en place les lourdes stalles du chœur. L'ensemble avait été transporté à L'Atelier du Vieil Armand à Wuenheim, pour y être restauré par les mains expertes de Jeanne-Céline et Sébastien Baumgratz, spécialistes agréés de la restauration et la sauvegarde du patrimoine. La seconde tranche des travaux à l'église paroissiale est en voie d'achèvement, avec le retour de ces stalles...
P.S.2
Je m'étais équipé d'une boussole pour une petite vérification: notre église est parfaitement orientée, le chœur vers l'est. Par contre aucune des branches de l'étoile n'est orientée vers l'est, contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre ...
Gérard Michel
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