Vue générale des Récollets Walter 1906
Dans son commentaire au sujet de l’article De l’ancien couvent des Récollets à l’ancien tribunal cantonal, mis en ligne le 19 mars 2023, un ami lecteur d’Obermundat se posait la question suivante:
La fresque astronomique date du XVIIe siècle, le cadran solaire aurait (selon Thiebaut Walter) été installé par-dessus en 1848, après un incendie, reproduisant peut-être un cadran solaire installé plus haut sur la façade, dont le style reste comme vestige. Il serait intéressant aussi de connaître la configuration du cloître : pouvait-on circuler à l'étage, au-dessus du déambulatoire ? sinon, comment expliquer la petite taille des inscriptions de la fresque astronomique qui, actuellement, ne sont lisibles depuis la cour qu'avec une paire de jumelles ?
Dans son ouvrage, Das Minoritenkloster zu St. Katharina in Rufach, Freiburg i. B. 1906, Theobald Walter écrit, page 41:
An der Südseite,wo sich ehenden der Kreuzgang anschloss, fehlen die Strebepfeiler gänzlich; der Oberbau des Mittelschiffs trägt dort eine einfache Sonnenuhr, die 1789 erneuert wurde.
Du côté sud, là où la galerie du cloître rejoignait la nef, les contreforts sont totalement absents ; l’étage supérieur de la nef porte un cadran solaire simple, qui a été renouvelé en 1789.
Et il rajoute en note de bas de page :
Eine zweite, tiefer liegende Sonnenuhr ist 1848 auf ein älteres Gemälde aufgetragen worden.
Plus bas, un second cadran solaire a été appliqué sur une peinture plus ancienne en 1848.
Malheureusement, ici encore, Thiébaut Walter ne cite pas ses sources : une chronique ancienne égarée ?
Pour en savoir plus sur le cadran solaire des Récollets, le lecteur peut se reporter à l'article très complet de Jacques Mertzeisen, en cliquant sur le lien suivant: Aux Récollets, une carte du Ciel et une carte de la Terre
- Pouvait-on circuler au-dessus du déambulatoire ? Dans ce cas, les inscriptions de petite taille de la fresque astronomique auraient été visibles depuis cette éventuelle galerie…
Les deux plans conservés aux A.D.H.R. sous la cote 1 Q 455, l’un du rez-de-chaussée, le second de l’étage, dressés le 18 Messidor de l’An II de la République, le 6 juillet 1794, montrent bien des étages, au-dessus du déambulatoire, l’un à l’est, l’un au sud et un dernier à l’ouest, mais pas d’étage au Nord, qui aurait été adossé à la Nef.
L’aile Sud, à l’étage, compte 13 « chambres », les anciennes cellules des frères, alignées le long d’un long couloir, marqué « corridor » avec 7 ouvertures donnant sur le fossé de la ville. Au début et à la fin de ce couloir, des latrines (l’une à 8 « places » !) au-dessus du fossé.
L’aile Ouest comporte deux rangées de 7 « chambres » alignées le long d’un corridor.
L’aile Est présente la même disposition.
Ce qui donne, avec celles du rez-de-chaussée, un total de 13+ 14+ 6 = 33 « chambres »
Donnant sur le jardin du cloitre, 7 fenêtres pour l’aile ouest, 7 pour l’aile Sud et 7 pour l’aile Est.
Au Nord, le plan ne montre aucun étage adossé au mur de l’église, Un « corridor », de la même largeur que les trois autres, figure sur le plan du rez-de-chaussée, les 4 ensemble, constituant un déambulatoire autour du rectangle parfait du jardin.
Plan local du ci-devant couvent des Récollets à Rouffach A.D.H.R. 1Q 455
Le dessin de coupe ci-dessus, qui ne comporte aucune indication sur le plan, serait-il la représentation de cette partie du déambulatoire nord, couvert par une toiture soutenue par une simple charpente en bois, adossée au bas-côté nord de l'église?
- Pour terminer, je propose au lecteur, la traduction d’une page de l’histoire des Récollets, entre la Révolution et la construction du Tribunal cantonal, extraite de l’ouvrage de Thiebaut Walter, Das Minoritenkloster zu St. Katharina in Rufach :
Alors que la communauté déployait ses bienfaits tout autour d’elle, des nuages orageux s’étaient accumulés à l’horizon politique, et lorsque la tempête éclata en 1789, la paisible colonie des frères mineurs de Rufach disparut. À cette époque, 25 prêtres, 8 frères et deux frères lai occupaient les lieux. Le 20 juillet 1791, les commissaires révolutionnaires de Colmar leur demandèrent de quitter le monastère et la ville. Ils étaient libres de s’installer à Luppach ou chez les Dominicains de Guebwiller, à moins qu’ils ne préfèrent retourner à la vie civile. Rudloff, le gardian, déclara « être intentionné de continuer la vie commune, tant que l’assemblée nationale ou le corps administratif jugeront qu’elle n’est point contraire à la tranquillité publique, et que, dans le cas où il serait obligé de mener la vie privée, son intention n’était point d’accepter une fonction publique quelconque... » Il fut suivi à l’unanimité par les autres frères.
.....
À la fin de 1791, tous les occupants durent cependant quitter le monastère, confisqué par les autorités ; l’église fut mise à la disposition du curé Dietrich, qui y célébra l’office constitutionnel le 28 décembre.
Le monastère des frères mineurs de Sainte-Catherine avait cessé d’exister. Mais pendant des décennies, à minuit, les rouffachois crurent entendre résonner le chant des moines expulsés qui ne pouvaient pas se résoudre à quitter leur sanctuaire.
En mai 1792, les locaux déserts furent transformés en caserne, qui abrita d’abord six compagnies des Volontaires nationaux du département de l’Ain puis quatre compagnies du 7e Bataillon du Jura. Après le retrait de ce dernier, un hôpital militaire y fut installé, qui existera jusqu’en 1794.
Par décision de l’administration du Rhin supérieur, du 12 juillet 1794, le déménagement de la maison d’arrêt d’Ensisheim est projeté. Le monastère est aménagé à cet effet et une somme de 6952 livres, 17 shillings, 9 pfennigs sera employée pour les travaux. Le transfert des prisonniers du dépôt s’effectua les 4 et 5 septembre.
Le 4 mars 1795, Zaigelius, Commissaire ordinateur de la Division du Haut-Rhin, rend visite à Rufach et s’étonne de ne pas retrouver l’hôpital qu’il avait mis en place. Il se plaignit immédiatement à l’administration et exigea la restauration à l’état d’origine, qui fut réalisée peu de temps après. Les prisonniers furent transférés au château des Von Rosen à Bollwiller et les grilles et barreaux des cachots arrachés et vendus aux enchères. Beaucoup d’argent avait été gaspillé inutilement.
Depuis lors, les bâtiments du monastère ont presque complètement disparu après avoir connu de multiples destins. Après les tourments de la Révolution et le calme revenu, les bâtiments se retrouvèrent vides, parfois loués comme maisons privées. Dans les années trente et quarante, une auberge et une pension de filles dirigée par sœur Généreuse s’y succèdent. Au cours de l’année révolutionnaire de 1848, l’aile arrière fut détruite dans un violent incendie. Dans les années cinquante, les locaux abandonnés furent acquis par le fabricant guebwillerois Frey, qui y installa une usine de tissage à bras sous la direction d’un directeur Winkler. Il a fut suivi par le Zeug Druckerei Ehlinger & Ohnenberger, qui cessa également son activité en 1875. Puis la ville acquit les anciens vestiges, à partir desquels, elle réalisa le Tribunal Cantonal actuel.
L’église fut vendue aux enchères le 7 mai 1793 au prix de 14.500 livres, aux citoyens Joseph Frey et Joseph Ritt de Rufach. En septembre 1797, elle fut reconsacrée et les offices catholiques légitimes furent à nouveau célébrés. L’église paroissiale s’avérant trop petite après la restauration du culte, Mgr. Saurine, à l’instigation de quelques prêtres, autorisa l’établissement d’un oratoire dans l’église franciscaine par décret du 22 mars 1804. Par contrat du 16 avril 1804, la commune loua l’église aux propriétaires de l’époque, Anton Bucher et à Franziska Jänger, pour un loyer annuel de 200 frs. Par décret impérial du 6 septembre 1813, l’église est finalement approuvée comme chapelle auxiliaire de la paroisse.
En 1819, un quart de l’église rentra en possession de la ville à la suite du don par Jean-Michel Vogelgsang, qui l’avait acheté aux familles Wirth et Jänger. Un second don suivit en 1820 par le médecin Corbé, un troisième, celui de Sebastien Dietrich et Xavier Muller, en 1825 par le curé Fritsch et le dernier la même année, par le rachat par la Ville de la part des héritiers d’Ignaz Spinner. Tous les dons ont été faits à la seule condition que le bâtiment soit réservé exclusivement au culte catholique romain. Ainsi, la ville revint en possession exclusive de la vénérable église en 1826, qui ne put faire l’objet d’une réparation complète qu’en 1840.
Traduction: G.Michel
Annexe 1: le texte original de Th. Walter 1906
Während die Genossenschaft nach allen Seiten hin ihre segensreiche Tätigkeit entfaltete, waren am politischen Horizonte gewitterschwüle Wolken heraufgezogen, und als 1789 das Unwetter losbrach, da ging auch die stille Siedlung der rufacher Klostergenossen zu Grunde. Damals bewohnten 25 Priester, 8 geistliche Brüder und zwei Laienbrüder die Räumlichkeiten. Am 20. Juli 1791 eröffneten ihnen die Revolutionskommissare von Colmar, dass sie Kloster und Stadt zu verlassen hätten. Es wurde ihnen freigestellt, nach Luppach oder zu den Dominikanern in Gebweiler überzusiedeln, wenn sie nicht den Rücktritt ins Privatleben vorziehen sollten. Der Guardian Rudloff erklärte, « être intentionné de continuer la vie commune, tant que l’assemblée nationale ou le corps administratif jugeront qu’elle n’est point contraire à la tranquillité publique, et que, dans le cas où il serait obligé de mener la vie privée, son intention n’était point d’accepter une fonction publique quelconque… » Ihm schlossen sich die übrigen Brüder einstimmig an. Über die Persönlichkeit der einzelnen Klosterbewohner geben die Akten folgende Auskunft:
…..
Noch im Spätjahr 1791, mussten alle das mit Beschlag gelegte Kloster verlassen; die Kirche wurde zur Verfügung des geschworenen Stadtpfarrers Dietrich gestellt, der am 28. Dezember den konstitutionellen Gottesdienst dahin eröffnete.
Das Minoriten Kloster zu St. Katharina hatte damit zu bestehen aufgehört; aber noch jahrzehntelang vernahmen die Anwohner zur mitternächtigen Stunde den Geistergesang der vertriebenen Mönche, die ihr Heiligtum nicht lassen konnten.
Im Mai 1792, wurden die öden Räume in eine Kaserne umgewandelt, in der zunächst sechs Kompagnien der volontaires nationaux du département de l’Ain und später vier Kompagnien vom 7. Bataillon du Jura untergebracht wurden. Nach dem Abzug derselben wurde ein Lazarett hinein verlegt, das bis 1794 bestand. Durch Beschluss der Verwaltung des Oberrheins vom 12. Juli 1794 wurde die Übersiedelung des maison d’arrêt von Ensisheim in Aussicht genommen Das Kloster wurde zu diesem Zwecke umgebaut und eine Summe von 6952 Pfund 17 Schilling 9 Pfennig dabei verwendet. Die Überführung der Gefangenen aus dem sogenannten dépôt vollzog sich am 4. Und 5. September.
Am 4. März 1795 besuchte Zaigelius, der Commissaire ordinateur de la Division du Haut-Rhin, Rufach, und war erstaunt das von ihm eingerichtete Lazarett nicht mehr vorzufinden. Er wandte sich sofort an die Verwaltung mit dem Gesuche, den ursprünglichen Zustand wieder herzustellen, was auch bald nachher geschah. Die Gefangenen wurden in das Schloss der Von Rosen nach Bollwiller weitergeführt und die Eisengitter losgebrochen und versteigert. Viel Geld war nutzlos verschwendet worden.
Seither sind die Klosterräume fast vollständig verschwunden, nachdem sie die mannigfaltigsten Schicksale erlitten hatten. Als der Revolutionssturm ausgetobt hatte, standen sie bald leer, bald als Wohnhäuser vermiete in Privatbesitz. In den dreißiger und vierziger Jahren lösten sich eine Wirtschaft und ein von einer Schwester Généreuse geleitetes Mädchenpensionat darin ab. Im Revolutionsjahre 1848 ging der hintere Flügel in einer Feuersbrunst zu Grunde. In den fünfziger Jahren kamen die verödeten Hallen in den Besitz der Gebweiler Fabrikanten Frey, die unter der Leitung eines Direktors Winkler eine Handweberei darin unterhielten. Darauf folgte die Zeug Druckerei Ehlinger und Ohnenberger, die 1875 ebenfalls die Arbeit einstellte. Alsdann erstand die Stadt die alten Reste, aus denen sie durch Umbau das heutige Gerichtsgebäude herstellte.
Die Kirche war durch Versteigerung vom 7. Mai 1793 zum Preise von 14500 livres in den Besitz der Rufacher Bürger Joseph Frey und Joseph Ritt übergangen. Am 24. September 1797 wurde sie in stiller Nacht wieder eingeweiht und die rechtmäßigen katholischen Gottesdienste übergeben. Da sich nach Wiederherstellung des Kultus die Pfarrkirche als zu klein erwies, erlaubte auf Betreiben einiger überlebenden Pater hin der Bischof Saurine durch Erlass vom 22.März 1804 dass in der Franziskaner Kirche ein Oratoire eingerichtet werde. Infolgedessen pachtete die Gemeinde durch Vertrag vom 16. April 1804, die Kirche von den damaligen Eigentümern Anton Bucher und der minderjährigen Franziska Jänger zu einem jährliche Zinse von 200 frs. Durch einen kaiserlichen Erlass vom 6. September 1813 wurde schließlich die Kirche als Hilfskapelle der Pfarrei genehmigt.
Im Jahre 1819 kam ein viertel der Kirche durch den emeritierten Priester Vogelgsang, einen ehemaligen Schüler der Franziskaner, der es von den Familien Wirth und Jänger gekauft hatte, durch Schenkung in Besitz der Stadt. Ein zweites folgte 1820 durch den Arzt Corbé, ein drittes, das von Se.. Dietrich und Xaver Muller herrührte, 1825 durch Stadtpfarrer Fritsch und das letzte noch in demselben Jahre durch die Erben von Ignaz Spinner. Sämtliche Gaben erfolgten unter der einzigen Bedingung, dass das Gebäude dem römisch-katholischen Kultus erhalten bleiben sollte. Somit befand sich die Stadt mit dem Jahre 1826 im Alleinbesitz des ehrwürdigen Gotteshauses, das aber erst 1840 einer durchgreifenden Ausbesserung unterzogen werden konnte.
Annexe 2: l'abbé Jean-Michel Vogelgsang rend l'église des Franciscains au culte
Aujourd’hui, 20 septembre 1797, seizième dimanche après Pentecôte, dans la nuit à 8 heures trente, je, soussigné prêtre de l’église catholique romaine et actuel administrateur de la paroisse en l’absence de Monsieur le Curé Frédéric OSTERTAG, curé titulaire, avec le concours des honorables pères franciscains, père Balthasard FRANTZEN, lecteur en théologie et père Wilhelm FLECK, tous deux religieux de ce couvent, et en présence de témoins dignes de confiance, Joseph BACH, Xavier MÜLLER père, Xavier MÜLLER fils, Jean-Baptiste FRIESS, Georges GILGENKRANTZ, Sébastien KÖSSLER et CORBE, tous bourgeois de Rouffach, ai purifié de ses souillures et béni à nouveau l’église Sainte Catherine du couvent de l’ordre franciscain, selon les usages et rites de l’église catholique et rendue ainsi au culte catholique, afin que les croyants puissent y prier dans la confiance et le recueillement, après que la dite église fut restée close, souillée et profanée par un usage laïc pendant cinq ans.
Rouffach, le jour, mois et année ci-dessus
20 septembre 1797
Heut den zwanzigsten Herbstmonat tausend sieben
hundert neunzig sieben, sechzehnten Sonntage
nach Pfingsten, des Nachts um halb neun Uhr,
wurde von mir, Endes unterschriebenen Priester
der Römischen Kirchen und der Zeit in Abwesenheit
des rechtmäßigen Herrn Pfarrers Friederich OSTERTAG,
bestellten Administrator der hiesigen Pfarrei,
mit Behilfe der Ehrwürdigen p.p. Franziskanern
- Balthasard FRANTZEN, Lektor der Theologie und
- Wilhelm FLECK, beide des hiesigen Konvents
und in Gegenwart der hier benamsten Zeugen,
Herrn Joseph BACH, Xavery MÜLLER Vater,
Xavery MÜLLER Sohn, Jean Baptiste FRIESS,
alle hiesige Bürger, die Kirch zu St.
Catharinam des hiesigen Konvents Franziskaner
Ordens, nach dem Gebrauch und Zeremonien der
Katholischen Kirche neuerdings gereinigt und aus
benedicieret, und auf solche Weise dem Katholischen
Gottesdienst gewidmet, damit die Gläubigen
mit festerem Vertrauen und wahre Andacht
ihr Gebete darin verrichten mögen, nachdem
gesagte Kirch durch fünf Jahre entweder geschlossen
oder durch den weltlichen Gebrauch verunreiniget und
entheiliget geworden ware.
Ruffach, den Tage, Monat und Jahr wie obsteht.
Vogelgsang administrateur.
Collection privée, traduction G.M.
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Gérard Michel