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L’orgue de la chapelle de l’hôpital saint Jacques, l'oeuvre d'un  magistral Orgelpfuscher !

1739
Archives Silbermann Marc Schaeffer
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Détails
Catégories : MétiersPersonnages
  • Orgue
  • facteur d'orgue
  • Jean-André Silbermann
  • Marbach

La chapelle de l'hôpital Saint-Jacques, sur la vue de Sébastian MUNSTER

En 1739, Jean-André Silbermann (1712-1783) posa à Marbach un instrument de 23 jeux, doté de trois claviers manuels. En 1791, l'orgue fut déménagé  à l’église St-Hippolyte de St-Hippolyte. Aujourd’hui, il ne subsiste dans le magnifique buffet de cet instrument plus rien de l’orgue Silbermann.

Jean André, au cours de ses pérégrinations à travers l’Alsace, consignait dans un journal commencé en 1729 les activités de son entreprise, surtout les comptes-rendus de ses visites dans lesquels il montrait la dent souvent très dure pour ses concurrents.

L'orgue de l'abbatiale de Marbach, aujourd'hui à Saint-Hippolyte

Alors qu’il procédait au montage de l’orgue de Marbach, Silbermann, de passage à Rouffach, en profite pour visiter les trois orgues de Rouffach :

  • celui de l’église Notre-Dame
  • celui de l’église sainte Catherine des Récollets
  • celui de l’hôpital

De quel hôpital s’agit-il ? Rouffach disposait à cette époque de deux hôpitaux : das alte Spital, le vieil hôpital, celui des hospitaliers du Saint-Esprit, et das neue Spital, le nouvel hôpital, l’hôpital Saint Jacques. Le texte de Silbermann ne précise pas de quel hôpital il s’agit mais tout porte à croire qu’il s’agit de l’hôpital de la ville, avec sa chapelle toute proche de la porte de Froeschwiller et dont le chœur surplombe les fossés de la ville.

Jean-André trouve dans cette chapelle un orgue dont il rencontre même le facteur et dont il parlera sans tendresse, le traitant d’Orgelpfuscher.

Pfuscher se traduit aujourd’hui par mauvais artisan, bricoleur, charlatan mais désignait encore à l’époque de Silbermann une personne exerçant une profession sans appartenir à une corporation et donc sans le contrôle de qualité par une instance compétente. 

Il donne tout d'abord la composition de cet instrument :

  • 1. Montre (dont une partie des tuyaux est visible en façade et dont le le plus grave mesure 4 pieds) 
  • 2. Bourdon (avec des tuyaux bouchés mesurant 4 pieds mais sonnant 8 pieds)
  • 3. Flutte de 4 pieds
  • 4. Doublette de 2 pieds
  • 5. Nazard (un jeu de fond flûté  donnant la troisième harmonique de la fondamentale du jeu de 8 pieds. Il donne la quinte de l'octave supérieure. Ainsi, lorsqu'on enfonce la touche correspondant au do1, le nasard fait entendre le sol2.                                
  • 6. Larigot (il donne l'octave supérieure du nasard, c'est-à-dire la sixième harmonique de la fondamentale ; par exemple pour un do1 joué, il fait entendre le sol 3.)                                
  • 7. Mixtur 2 fach, deux rangs (Les mixtures sont des jeux d'orgue dits "composés" car ils sont constitués de plusieurs rangs de tuyaux accordés en octaves et en quintes. Ici ce sont deux tuyaux qui parlent lorsqu’on actionne une touche. Ce sont les mixtures qui fournissent le son si caractéristique de l'orgue, celui du Plein Jeu.

Il s’agit donc d’un petit instrument de 7 jeux dont la composition est plutôt conforme avec les orgues de taille semblable de cette l’époque. 

Traduction du texte de Silbermann :                               

Deux soufflets sont placés dans le soubassement et s’actionnent par des sangles à l’arrière du buffet : leur maniement est horriblement dur.

Le clavier est d’un maniement très dur, les touches n’ont presque pas de course

Presqu’aucun tuyau ne sonne dans son harmonie, et comme les soufflets s’actionnent avec une lourdeur abominable, on peut penser que le vent doit être trop fort. L’ensemble des huit registres sonne de manière si étouffée que l’on pourrait croire que toute la tuyauterie est recouverte de coussins. Tout cela, particulièrement dans les dessus, est si horriblement désaccordé que c’en est à peine supportable ! Dans cet instrument qui vient d’être achevé il y a à peine une demi-année, on entend bien qu’il n’a jamais sonné dans le ton juste.

Les tuyaux sont couleur de plomb et les soudures y sont misérables.

Le plus grand des Pfuscher !

Au total, à le considérer sous tous les angles, on voit que le maître qui l’a réalisé est le plus grand des Pfuscher, le pire des charlatans… Il s’appelle Philippe Hartmann et il est natif de Rouffach. Sa mère était issue de la noblesse mais elle a épousé un roturier.

Un parcours chaotique ! 

Ce Hartmann a appris la facture d’orgue et il a travaillé pendant une dizaine d’années à Haguenau chez les prémontrés et les dominicains … Après cela il a voyagé en France, en Bourgogne et en Allemagne. Alors que je travaillais à Marbach à l’installation de l’orgue, il est venu me voir et il m’a cité tous les grands maîtres des régions qu’il avait visitées.

Mais comme l’exercice de son art ne lui réussissait pas aussi bien qu’il voulait, il est devenu il y a quelques années au début de la guerre lieutenant dans les milices. Là aussi, il ne trouva pas son bonheur, car comme il n’avait pas de cœur (de courage) il fut renvoyé.

Orgue à vendre !

Comme il possédait encore quelques biens à Rouffach, il y est revenu au bout d’une année et demie, a vendu ses biens ce qui lui a permis de réaliser son chef d’œuvre. Il y a travaillé toute une année et il l’a installé dans la chapelle de l’hôpital dans l’intention de l’y exposer, espérant qu’il trouverait un acquéreur, car dans cette église on n’avait pas besoin d’un orgue.

Après avoir réalisé son œuvre, le maître est reparti, et personne ne sait où il est allé.

Tout cela je l’ai appris de ses proches amis, M. Ingold et M. Walter, avocat à Rouffach, au cours d’une promenade de Marbach à Rouffach en compagnie de mon frère et de M. Denoyé.

Texte original de Silbermann

Orgel zu Ruffach, in der Spital Kirche:

  • 1. Montre                               4  '
  • 2. Bourdon                             8
  • 3. Flutte                                 4
  • 4. Doublette                           2
  • 5. Nazard                               3
  • 6. Larigot                               1 ½
  • 7. Mixtur                                2 fach

Zwey Blaßbälge liegen unten im Kasten und ziehen sich hinter demselben mit Riemen auf, ensetzlich schwehr.

Das Clavir fallet fast nicht herunter, und dabey so hart daß fast nicht zu tractiren ist.

so greulich verstimbt

Es intoniret fast keine einzige Pfeife recht, und ohngeacht die Bälge so grausam schwehr aufzuziehen sind da zu vermuthen das starcker Wind muß vorhanden seyn, so gehen doch alle 8 Register so douce, das man meynet man habe das ganze Pfeiffenwerck mit Küßen zu gedeckt und auch dabey insonderheit im Discand so greulich verstimbt, das nicht zu dulten ist, dan weilen erst das Werck ½ Jahr fertig ist, so höret man wohl daß es niemahlen in vielen Orthen in seinem rechten Thon gewesen.

Der Schein siehe ganz bleyhafftig, und miserable gelödet.

der allergröste Pfuscher

In summa man mochte es betrachten wo man wolle, so sahe man das sein Meister der allergröste Pfuscher ist. Derselbe heißet Philipp Hartmann von Ruffach gebürtig. Seine Mutter war von Adel, hat aber außer dem Adel geheurathet.

Dieser Hartmann nun hat die Orgel Macherkunst gelernet  davon er auch etwan vor 10 Jahren zu Hagenau bey den Herrn  Praemonstratensern und den Herrn Dominicanern  mit Verfertigung selbiger Wercker seiner Kunst sehen ließ. Er ist auch darauf gereist in Franckreich, Burgunt und Teutschland.

(Als ich im Octobris 1738 die Orgel zu Marbach aufgesetzt, kam er zu mir dahin, und nennte mir alle berümbte Meister an diesen Orthen.)

Weilen ihme aber seine Kunst nicht wolte nach Wunsch von statten gehen (von statten gehen: aller bien, réussir favorablement) ist er vor etlichen Jahren zu Anfang des Kriegs Leutenant unter der Milicen geworden. Auch dabey fande er sein Glück nicht, dan weilen er kein Hertz hat, so wurde et abgedankt. Weilen er  nun noch Güter zu Ruffach hatte, so ist er vor 11/2 Jahr wider dahin kommen, und hat dieselben verkaufft, damit er vorgemeltes Meisterstück hat verfertigen können. Daran hat er ein ganzes Jahr gearbeitet, und solches in die Hospital Kirche gestellet, nur zu dem Ende damit es kan gesehen werden, und sich etwan ein Kauffmann dazu finden möchte, da in dieser Kirche hat man keine Orgel nöthig. Er der Meister aber nachdeme er solches verfertiget hatte, ist wider fort, man weiß aber nicht wohin. So viel habe von seinem nächsten Freunden, Herrn Ingold und Herrn Waller  Advocat zu Ruffach, gehöret, welche mir auch das Werck(el) zu sehen gemacht, als ich von Marbach aus mit meinem Bruder und mit Mr Denoyé 1739 dahin spatziren gieng.

 Traduction et commentaires Gérard MICHEL

Article publié le 25 octobre 2018 par Gérard MICHEL.

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Gérard MICHEL

Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.

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