Rouffach a conservé, tout au moins partiellement, son enceinte, ses fossés et l’une des tours de ses remparts. Peu d’études sont parues sur le sujet et beaucoup reste à faire. Dans de précédents articles nous avons évoqué le démantèlement des remparts, tours et portes monumentales de la Ville. D’autres ont abordé des règlements qui précisent comment devaient être gardés les tours, portes, remparts et fossés de la ville. Un autre rend compte d’un « arpentage » autour du mur d’enceinte, réalisé en 1541. Des informations, précieuses certes, mais qui restent parcellaires.
Le bâti médiéval de Rouffach fera dans peu de temps l’objet d’une vaste étude très approfondie et les remparts de la ville représentent une part importante de cette recherhe, tant sur le terrain par des archéologues du bâti, que dans les archives.
La recherche avance à petits pas, les archives anciennes sont assez avares sur le sujet... mais l’archéologie, l’analyse dendrochronologique et le laserscanning prendront le relais…
Je propose ci-après deux documents, du 17ème et 18ème siècle, une époque où les remparts avaient déjà perdu une partie de leur rôle défensif, mais qui restent néanmoins riches d’enseignements.
Au cours d’une session du magistrat du 9 février 1712 est évoquée par Johann Paul Geschickht, Stattschaffner, le comptable de la Ville, une affaire concernant les fossés entourant la ville et dans laquelle serait impliqué le grand Bailli, Jean Christophe Friess. Il lui est reproché d’avoir « joui des fossés de ladite ville » pendant 23 années et de s’en être approprié les revenus :
„wegen der Statt Wählen, welche Herr Obervogt von ungefähr 23 Jähren von denen Thorwächter und Stattbotten an sich gezogen und bis anhero genossen“.
L’affaire reste pour l’instant assez confuse. Mais notre propos n’est pas d’établir la culpabilité ou l’innocence de Friess dans ce litige qui l’oppose au Magistrat ! Le débat tourne autour des murs, des remparts et des fossés de la ville, un sujet qui nous intéresse dans le cadre de l'étude en projet et qui pose encore de multiples questions. En voici deux, pour commencer:
- la première : toute la Ville est-elle entourée d’un double rempart, avec un fossé entre deux murailles ?
- la seconde : ces fossés sont-ils, dans leur totalité ou uniquement partiellement, remplis d’eau ?
La seule image qui représente la Ville ancienne est celle que propose Sebastian Munster (1488-1552) dans sa Cosmographie Universelle. Celle en notre possession date de 1548.
On y distingue nettement une enceinte double entre la porte de Froeschwiller et la Reingrafen Thor. Mais cette double enceinte n’est plus représentée depuis cette dernière porte jusqu’à la porte Riss, au pied du château Isenbourg, ni de cette même porte à la Neuthor (porte Neuve ou porte de Colmar) à la porte de Froeschwiller. A-t-elle vraiment existé ? S’agit-il d’un oubli ou d’une maladresse de Munster ? Peu vraisemblable…
Par contre entre la porte de Froeschwiller et la Reingrafen Thor on devine deux fossés, le premier entre le mur intérieur et le mur extérieur, le second entre le mur extérieur et un talus qui le borde et le sépare des prés, champs ou jardins…
A mi-chemin entre la porte de Froeschwiller, plus de second mur, mais un talus semblable qui borde un fossé qui paraît rempli d’eau…
Tous les documents que nous avons eu entre les mains jusqu’à présent font état de « fossés … entre les deux murailles de la Ville ».
Le document A.M.R. FF 52 du 29 janvier 1711 est clair à ce sujet :
Ruffach hat umb die gantze Statt zwischen denen beiden Statt Mauren rings herumb ihrer gräben und Wähl, darvon der ein halbe Theil völlig Wasser, der andere halbe Theil aber truckhen und mit Wasen überwaxen, darinnen ein Stückh neben einer Maur mit etwas wenigen Reben besetzt
La ville de Rouffach présente tout autour d’elle, entre les deux murs d’enceinte, ses fossés et ses Wählen (Wallen, talus ou levées de terre), dont la moitié est en eaux, l’autre moitié étant à sec et couverte d’herbe, une petite partie est plantée de quelques pieds de vigne… Un autre document précise qu’on trouvait dans les fossés et sur les pentes de ce talus du gazon, de l’herbe, des fruitiers et de la vigne…
Des poissons dans les fossés…
Le même document nous donne un autre renseignement : la moitié des fossés est en eau et même on y élève des poissons. Ce que nous savions déjà, et qui a fait l’objet de l'article Des petits riens qui font l’histoire.
En 1572, le Burgermeister comptable de la Ville, verse au Nachrichter, 6 schillings pour débarrasser les fossés de la ville des poissons morts qui y flottaient. Rappelons que le Nachrichter ou bourreau de la ville, exécuteur des Hautes Œuvres est également l’exécuteur des Basses Œuvres, comme les tâches d’équarrissage, la vidange des fosses et le curage des fossés. Un autre item mentionne une dépense de 16 schillings pour une collation servie à ceux qui avaient transporté des poissons (vivants cette fois) depuis le moulin de la Lauch jusque dans les fossés des remparts, pour les repeupler. Ces poissons qui peuplaient les douves de la Ville étaient apparemment réservés pour l’usage de la Ville qui les pêchait en exclusivité. J‘ai retrouvé dans un des registres du Burgermeister un paiement pour la réparation du filet de pêche municipal (Stattgarn) ! Rappelons que le Seigneur du lieu, l’évêque de Strasbourg, avait lui, l’usage exclusif de la pêche dans l’Ombach.
Une autre année, les comptes de Claus Streitfelder de 1616 nous révèlent que les poissons pêchés dans les fossés de la ville étaient destinés au menu de la fête paroissiale, du 15 août !
Donc, il y avait de l'eau, et des poissons, dans les fossés de la Ville ! Sur tout le pourtour de la ville, sur les 7 685 pieds mesurés en en 1541 ? Rouffach n'est pas construite en plaine: on y monte vers la ville haute, et on en descend vers la ville basse, Rouffach est "en pente". Et tout le monde sait que l'eau ne remonte pas les pentes ! Si l'on veut qu'elle reste dans un fossé en pente, pour y élever du poisson par exemple, il faut lui barrer le passage, par une digue ou un mur construit en travers de ce fossé. Et le même raisonnement est valable dans les parties basses de la ville: on mentionne dans ce fossé des cantons à sec et des cantons en eau..., il faut bien qu'ils soient cloisonnés. Malheureusement ces cloisons ne sont pas figurées sur le plan de Münster. de 1548 ...
Et l'alimentation en eau ? On peut imaginer que ces cantons soient alimentés, dans la partie haute, par les sources des côteaux, le Dechelbrunn et d'autres. Et dans les parties basses, par l'Ombach. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'agit pas de cours d'eau vive... et le menu de la fête paroissiale du 15 août 1616 survivait sans doute dans de l'eau croupissante!
La maison des tireurs de la Ville :
Le document 2, en allemand, émanant des Conseillers du Magistrat et des chefs de Tribus, apporte d’autres éléments :
Entre les fossés en eau et le mur extérieur de la Ville, se trouve une Wahl, un talus ou levée de terre, en herbe, plantée d’arbres fruitiers et de plants de vigne. Cette Wahl est en partie, et sur toute la longueur où le fossé est en eaux et peuplé de poissons, doté d’un mur qui lui sert de Landfeste. Le dictionnaire Grimm donne pour ce mot la définition : Verschanzung, Schanzenaufwurf, un ouvrage de fortification, un talus permettant de protéger lui-même un ouvrage.
L’entretien de ces Landfeste revient aux petites localités du bailliage (Flecken) et ils sont depuis des temps immémoriaux sous l’administration du Magistrat de Rouffach, comme une Allment, un bien communal. Une partie en a été concédée aux tireurs au mousquet et arbalétriers de Rouffach, bien avant la Guerre des Suédois. La maison des tireurs a été construite en 1553 par la Ville : elle est placée überzwerch, en travers, de la Wahl et porte sur son portail d’entrée l’écu de la Ville. Une autre partie de cette Wahl, entre la porte de Froeschwiller (la porte est ou porte de Breisach) jusqu’à la porte des Rhingraves (la porte sud ou porte de Cernay) est une Allmend, un communal, utilisé pour le passage du bétail vers les pâtures « du haut » du ban et le Bollenberg. De là, jusqu’à la porte Riss, cette Wahl et le fossé sont en herbe, plantés d’arbres fruitiers et de pieds de vigne, dont profitent, contre salaire, les portiers et autres serviteurs de la Ville.
Depuis, vers 1688, le grand bailli s’est arrogé la propriété du canton allant de celui réservé aux tireurs jusqu’au Zwinger suivant, ainsi que de la Porte Riss au Zwinger suivant, comme s’il s’agissait là d’une propriété de la Seigneurie…
Que signifie Zwinger dans ce contexte ? Le mot Zwinger (fausse braie en français) désigne habituellement la partie située entre les remparts extérieur et intérieur d'une forteresse. Dans un autre contexte, le toponyme Zwingelgasse, une ruelle de Rouffach, Zwinger désigne un enclos dans lequel on parquait le bétail « gagé » en attendant que le propriétaire paye ses dettes ou les taxes impayées à l’administration de la Ville, une fourrière, en quelques sorte…
Le lecteur attentif, et germanophone, aura remarqué dans le texte en allemand, l’abréviation S.V. dans le passage zue dem S.V. Viehe Trib. S.V. est l’abréviation du latin Salva Venia que l’on pourrait traduire par « pardonnez-moi l’expression », et constitue une manière de s’excuser auprès de son lecteur ou auditeur d’avoir à prononcer un mot inconvenant, en l’occurrence le mot Vieh, bétail, qui recouvre les animaux d'élevage !
Document 1
A.M.R. FF 52 4 juin 1698 Fossés et remparts de la Ville
Ce jourd’huy, quatrième jour du mois de juin l’an mil six cent quatre-vingt-dix-huit, à sept heures du matin furent présents pardevant le Notaire de la Ville de Rouffach y résidant soubsigné, les Sieurs Lucas Riss, Friederich Heinrici, Thomas Pietsch, Martin Gall, Jean George Mibis, Paul Geschickht, Joseph Dreyer, et Jean-Pierre Lassue, tous du Magistrat de ladite Ville, lesquels ont unanimement dit et déclaré, qu’étant venu à leurs connoissance que le Sieur Friess, bailly de l’Obermundat aurait fait entendre diverses témoins, sur le fait des fossés de la dite ville et que lesdits témoins auraient fait leurs déclarations sans distinction, ce que cy en avant leurs pourrat estre préjudiciable, qu’à ces causes et pour autres raisons, ils ont jugé à propos de faire comparoistre les mêmes déposans, avec autres, par-devant moy ledit Notaire en présence des témoins soussignés, experts en langue françoise et allemande, me requérant ledit Notaire qu’en vertu de ma charge, je veuille bien, moyennant salaire, recevoir leurs dépositions en présence desdits témoins et leurs en accorder acte, à quoy j’ay procédé comme s’en suit. Ont signé Lucas Rüss, Jo. Friederich Heinrici, Thomas Bieth, Martin Gall, Hans George Mibis, Paul Geschicht, Joseph Dreyer, Hans Peter Lassue, Claude François Gay témoins, Joseph Blasemaille témoins, Louis Michael témoins.
- Michael Ehalt, valet à présent chez le nommé George Bass, bourgeois de cette dite ville, cy devant ayant esté en service pendant deux années chez le Sieur Bailly, âgé d’environ vingt-deux ans, catholique, apostolique, natif de la dite ville, a dit et déposé sur sa conscience, comme s’en suit, scavoir qu’il est vray qu’il auroit esté interrogé générallement sy pendant les dites années qu’il a esté au service du dit Sieur Friess, ycelui auroit jouy des fossés de ladite ville d’entre les murailles depuis la porte dite Risthor juqu’à la rondelle vers le Château, et depuis ladite porte jusqu’à une rondelle en deça de la porte dite Reingrabertor et depuis la porte dite neithor qu’il auroit esté possédé par le portier jusqu’à la première muraille de séparation , et même jusqu’à la maison des tireurs dite Schitzenrein aurait esté possédé par ledit Sieur Bailly, sans qu’il eust esté interrogé ny questioné de faire distinction des fossés au rampards ny des fossés à secq et à eaux, ny sinformé d’autres choses, sinon qu’il scait que ledit Sieur Bailly a encore jouy d’une petite pièce de fond sise dans le fossé vis-à-vis de la maison de ville ; mais comme estant présentement requis par les dits Sieurs comparant d’expliquer plus amplement sa déposition et de distinguer les fossés d’avec les rempards secque ou à eaux, qu’il scait bien que pendant les dits ans qu’il a servi chez ledit Sieur Bailly, qu’iceluy n’a pas jouy des fossés ny rempards entre les deux murailles de la Ville depuis le Château jusqu’à la porte de Colmar dite Neithor, non plus que depuis la dite porte jusqu’à la première séparation, mais que de là jusqu’à la maison des Tireurs, il aurait jouy de l’herbe crüe sur les rampards, les fossés estant à eaux, que depuis la maison et porte de Brisach dite Forschveiler (sic) Thor où les fossés sont à eaux, à la réserve toute fois d’un petit canton vis-à-vis de la maison de Ville duquel il aurait jouy. Les rampards servent à la communauté pour conduire les bestiaux au pâturage, que depuis la dite porte jusqu’à la rondelle, les jardins et herbes du creü des rampards auroient esté possédé par le portier, mais que depuis la dite rondelle, jusqu’à la porte dite Risthor, ledit Bailly auroit possédé les rampards et fossés qui sont à secq, de même que ceux d’entre la dite Risthor jusqu’à la première rondelle vers le Château. Lecture et interprétation luy faite de sa présente déposition, a déclaré contenir vérité, estant interpelle de signer suivant l’ordonnance a déclaré ne scavoir escrire ny signer, et a fait une marque à la minutte des [?]
- Joseph Miller habitant et journalier de cette dite Ville de Rouffach, âgé d’environ quarante cinq ans, de la religion catholique apostolique, déclare que sur la réquisition dudit Bailly, il aurait donné sa déposition sans aucune distinction des rampards à fossés, des secq ou à eaux, du plus ou du moins que comme ledit Magistrat luy font comprendre qu’il leurs est de conséquence de s’expliquer, il dit et déclare sur sa conscience qu’il est de son scavoir que le Sieur Bailly n’a jamais possédé ny fossés ny rampards depuis le Château juqu’à la porte dite Neithor, ny depuis ladite porte jusqu’à la première séparation d’entre les murailles, mais que de là jusqu’à la maison des Tireurs à la harquebuse, les fossés estant à eaux, ledit déposant auroit fauché pendant environ six ans les rampards à la réquisition du dit Sieur Bailly, que depuis la dite porte juqu’à celle dite Reingraberthor, où les rampards servent de chemin commun par où l’ont conduit les bestiaux à la pâture les fossés sont ordinairement remplis d’eaux à la réserve toutefois d’un petit canton dans les fossés vis-à-vis de la maison de Ville où ledit déposant a aussi fauché l’herbe à la même réquisition pendant le temps de six à sept ans ou environ. Que depuis ladite porte jusqu’à la première rondelle les portiers l’auroient possédé, mais que de là et passé même la porte dite Risthor, le tout entre les deux murailles fossés à secq jusqu’à la rondelle qui est à peu près le milieu d’entre la dite porte et le Château, les herbes auroient esté fauchées comme dit est Lecture et interpétation à luy faite en langue allemande de ladite déposition a persisté et déclaré contenir vérité, iceluy estant interpellé de signer suivant l’ordonnance a déclaré de ne scavoir escrire ny signer et a faite une marque à la minutte
- Hans Salenbach habitant et journalier de ladite Ville, âgé d’environ trente de deux ans, de la religion apostolique et romain, cy devant valet dudit Sieur Friess pendant deux années, confesse d’avoir déposé le jour d’hier et déclaré les endroits où le Sieur Bailly auroit levé le foin entre les murailles de la ladite Ville sans distinction ; mais comme il seroit requis de part ledit Magistrat de s’expliquer, il déclare n’estre pas de sa connoissance qu’il eust jouy d’aucune chose depuis le Château entre les deux murailles, jusqu’à la porte de Colmar dite Neuthor, ny au-delà jusqu’à la première muraille de séparation, mais bien de la dite muraille jusqu’à la maison des Tireurs aux harquebuses et porte dite Froschweiler Thor, d’où il auroit levé le foin sur les rampards, les fossés estants à l’eaux, que depuis la dite porte jusqu’à la Reingraffen porte et au-delà, scavoir de la rondelle, il n’auroit possédé pendant ledit temps qu’il a servi chez ledit Bailly, que certains petits cantons des fossés vis-à-vis la maison de Ville, que depuis la dite rondelle jusqu’à la Rissthor et au-delà jusqu’à une autre rondelle ou espèce de tour, qui est environ la moitié des fossés et rampards d’entre le Château et ladite porte. Les fossés à secq, ils auroient aussi esté possédé par le Sieur Bailly. Lecture et interprétation luy faite en allemand, a dit et déclaré contenir vérité et estre de son scavoir iceluy estant interpelle de signer suivant l’ordonnance, a déclaré ne scavoir escrire ny signer et a fait une marque.
- Barbe Scheibelle, espouse de Jean Conrad Miller d’à présent absent pour le service du Roy, déclare de n’estre informée d’aucune chose, sinon qu’elle auroit passé peu d’année deux fois assisté à faire le foin à la réquisition dudit Sieur Bailly entre les deux murailles depuis la première tour ou rondelle au delà de Reingraffen Thor jusqu’à la porte dite Rissthor et non ailleurs, dit estre son scavoir, estante interpellée de signer suivant l’ordonnance déclare de ne scavoir escrire ny signer...
- Daniel Rohr bourgeois de cette dite Ville, âgé d’environ cinquante ans, cy devant sergent de Ville, après avoir esté interpellé à dire la vérité, a dit et déclaré que passé huit à neuf ans, le Magistrat de ladite Ville luy auroit accordé et à Martin Müller aussy sergent de ladite Ville, la jouissance des rampards et fossés à secqu d’entre la porte dite Rissthor jusqu’au Château, devant possédé par la même concession par les nommés Jean Bichler et Jean Villig aussy pour lors sergent de ville, qu’il en auroit esté dépossédé de sa moitié part le premier par le dit Sieur Bailly passé environ six ans, plus ou moins, s’estant desouvenu du temps, sans cependant qu’il en ait donné aucune participation au Magistrat, qu’il scait bien que l’autre sergent est resté dans la jouissance de sa moitié part des dits fossés qu’il lui avoi testé accordé comme dit est jusqu’au présent. Lecture luy faite de sa déposition, a déclaré contenir vérité et a signé, signé Daniel Rohr.
Nous Joseph Blasemaille, Claude François Gay et Louis Michael, bourgeois et habitants de la Ville de Rouffach soubsignés, certifions qu’à la réquisition des dits Sieurs du Magistrat de cette Ville mentionnés au commencement des présents, nous avons esté présents et bien entendu la déposition des témoins susdénommés, qu’il leur a esté expliqué à langue allemande en bon et parfait cens suivant la teneur des présents, nous estantss instruits et scachant les deux langues, françoise et allemande, réduite en escrit par le Substitut du Notaire de cette ville ycelui présent le jour, mois et an susdit, en fois de quoy nous avons signé
Ont signé Joseph Blasemaille, Louis Michael Claude François Gay Et moy ledit Notaire soubsigné certifie et atteste d’avoir entendu, sur la réquisition susdite la déposition des personnes sus mentionnées, de tout quoy j’ay accordé act e aux dits requérants, pour leur servir et valoir en ce que de raison, ainsi fait, octroyé et passé présents les témoins susdits à Rouffach en mon estude, le jour, mois et an susdit
DEFERROT notaire La minute des présentes reste entre mes mains pour y avoir recours en cas de besoing
Le mur intérieur des remparts de la Ville longe l'Allée des Senteurs et se prolonge de l'autre côté de la rue. Des maisons y sont adossées et le mur de rempart est également l'un des murs des maisons. A droite de ce vestige de mur, des jardins privés qui sont en contrebas, dans l'ancien fossé et le mur extérieur est "sous" l'ancien Nägelgraben qui deviendra la rue Charles Marie Widor. Le document qui suit nous apprend que la maison des Tireurs avait été construite überzwerch auf diesem Wahl , en travers du talus ou levée de terre, c'est à dire à droite de ce mur, en travers du "Schiessrain" le terrain d'exercice des arquebusiers de la Ville ... Cette maison, "Schiesshaus" n'est donc pas celle de la placette voisine qui laissera place à une exploitation agricole qui deviendra le "Bangala".
Document 2
Fossés de la Ville FF 52 1712, Extrait des délibérations du Magistrat de Rouffach du 9 février 1712
Wohlgebohrene gnädige hochbiethende Herren
Denen selben seÿe bewust, wie dass sich zwischen gedagte Herrschaft zugehörigen inneren Wassergräben und der äußeren Stattmauren ein Wahl von Grass mit Obstbäumen und Reb Gewächs bepflanzet sich befindet, welcher wohl zue dem Theil und so weit als der Graben mit Fischen zue besetzen, mit einer Maur, die zuer Landveste des Wahls dienet versehen, welche von denen Fleckhen zuer Vogteÿ Ruffach gehörig, zue underhalten und von undenckhlichen Jahren under der Administrierung des Raths als ein gemein Gueth oder Allment gestanden, davon ein guether Theil, und zwar von dem Fröschwiller Thor dem Neuethor vorbeÿ an die Burg, denen Musqueten und Armbrustschützen zue Nutzen überlassen und selbige Nutznießung vor dem schwedischen Krieg unter denen Schützen verrechnet worden, das Schützenhaus in anno 1553 aus Mittlen der Statt erbauen, so überzwerch auf diesem Wahl stehet und mit dem Stattschilt ob denen Portal versehen.
Ein anderer Theil gedachten Wahls von dem Fröschwiller Thor an bis an das Rheingraffen Thor eine offene Allment zue dem S.V. Viehe Trib auf die Oberweit des Bahns und Bollenbergs, von dannen bis an das Rissthor wieder dieser Wahl und Graben von Grass, Waasen und Obsbäumen auch Rebgewächs gepflanzet / vor 300 Jahren dem Rissthor zuegeschrieben welche Bezürch außer der Musqueten und Armbrustschützen Antheil denen Portneren und Stattbedienten pro salario zue Nutzen von dem Stattrath gegeben worden / seit Anno 1688 ohngefohr aber, Herr Friess Obervogt der Obermundat, sich eines Bezirckhs als an der Schützen Antheil von der Mauren und Zwinger des Anschießens bis an dem negsten daran ligenten Zwingers, und dann von dem Rissthor bis auf den anderen Zwinger in die Possession gesetzt und die Stattbedienten under dem Vorwort als wan es ein Herrschafft Guet wäre, da doch nit zue probieren, durch Rechnungen noch anders, das die Herrschafft einiges Recht darzue gehabt, genutzet noch haben thuet, außer zue, den inneren Gräben so viel selbe mit Fischen zu besetzen gewest darvon abgetrieben / Wan dan gnädig hochgebiethente Herren der Wahl umb die Statt eine […] Allment, solche gleich andern Allmenten unter der Disposition des Raths gestanden, der Gemeint äigenthumblich und ohndisputierlich zuegehörig die Gebäu als Schützen Häusser, usser Thörwechterhaüser und Zwinger von denen Stattmitlen noch auf heüthigen Tag erbauwet und erhalten werden, die Statt Sultz und Eguisheimb dieser Herrschafft und andere benachbarte Statt unperturbiert die ihrige Gräben und Wähl genießen
Als gelanget unser Bitt an Euwer Gnaden strenge und herrlich… dem Herren Obervogten anzufehen von gedachten Bezirckh abzustehen und sich wegen des darab gezognen Nutzes halben mit uns zu vertragen oder dass selbiger „à dire d’expert“ angeschätzt werden möchte, über welches Wür das miltrichterliche Ambt bestens implorierent und verbleiben mit Respect
Euwer Gnaden gestrengen. und Herrlichkeiten
Untergebste Diener, Rath, Zunfftmeister und Aussschutz der Stattt Ruffach
Les archives relatives à ce sujet n'ont de loin pas été toutes étudiées, il reste à reprendre par exemple tous les protocoles des délibérations du Magistrat et le registre des dépenses et recettes du Bourgmestre pour y relever les travaux effectués sur les remparts, les tours et les portes. Il y a aussi les documents sur la confrérie des tireurs de la Ville, archers, arbalétriers et arquebusiers, qui sont des "usagers" importants des fossés, les contrats pour des réparations et ceux pour la construction de la porte Neuve .Et pour finir, aboutir à la synthèse de tous ces documents et des autres travaux, et à un plan qui complèterait celui de Sebastian Münster. Et pourquoi ne pourrait-on pas rêver à une reconstitution ...en image de synthèse, bien entendu !
Une question de plus que se posent beaucoup de personnes qui s'intéressent aux remparts de Rouffach et à laquelle je n'ai pas de réponse, pour l'instant: quel est le tracé du cours de l'Ombach depuis le moulin dit Schlieffmühle, actuel local technique de la piscine municipale, pour entrer dans la ville en passant sous le mur d'enceinte intérieur, près de la Poterne ?
Le "plan" de Sebastian Münster ne nous aide pas beaucoup pour répondre à cette question, bien au contraire: voyez plutôt:
A gauche, la Schlieffmühle, alimentée par l'Ombach (ou un canal de dérivation?), une levée de terre et un fossé, puis le mur d'enceinte extérieur avec "une rondelle", un second fossé et enfin le mur intérieur, avec l'hôtel de ville et la tour dite "des sorcières". Au fond, la porte des Rhingraves (porte de Cernay) et deux ouvrages qui ressemblent à des ponts. A l'extrême gauche, la maison de l'ordre teutonique Teütsch Haus et Suntheim. Sous ces deux ouvrages, deux autres ponts, avec semble-t-il un pont-levis qui accède à la Poterne... Deux fossés, deux cours d'eau et, dans l'un des fossés un chemin ou un autre cours d'eau qui passe sous deux portes ou tunnels...
Pour l'instant, l'énigme est entière... mais, sans énigmes, la recherche n'aurait pas de charme!
Gérard Michel
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