Avril 1917: pesée des débris des cloches réquisitionnées et jetées du haut du clocher ...
Rouffach ne possède plus de cloches anciennes : les cinq cloches actuelles ont été coulées il y a cent ans, en 1923, par la fonderie CAUSARD de Colmar. Cette sonnerie a été inaugurée le 6 avril 1924, dimanche de la Passion, par Monseigneur RUCH, évêque de Strasbourg.
L’enlèvement des cloches par les autorités allemandes...
Un manuscrit anonyme conservé dans le dossier "Cloches" des archives de la Paroisse, transférées depuis aux archives municipales de Rouffach, relate les événements des journées de la semaine sainte 1917, au cours desquelles les anciennes cloches furent enlevées par ordre des autorités allemandes
Jeudi saint, 5 avril (1917) des ouvriers arrivèrent avec poutres, chaînes et deux grands cônes, s’installèrent à la tour.
Vendredi saint, 6 avril, pendant le sermon de la Passion, ils entrèrent par la grande porte, portant sur l’épaule leurs grands marteaux et passèrent à travers la foule des fidèles amassés dans l’église. Tous dirent qu’ils croyaient voir venir les juifs cherchant Notre Seigneur. Ils descendirent la seconde cloche de ses supports sur le palier, la couchèrent sur le flanc. Des coups de marteau retentirent l’après-midi du saint jour. Ils tentèrent au moyen des gaz des cônes à faire fondre la cloche mais ne purent que tracer sur une longueur de 60 centimètres une trace de 2 à 3 centimètres de profondeur. Le lendemain, Samedi saint, ils renoncèrent à leurs travaux et partirent, emportant au lieu de la cloche, leurs cônes de fondeurs et leurs instruments.
Jeudi 12 avril, d’autres revinrent ; à leur tête, un lieutenant. Ils prirent l’électricité de la maison du pharmacien et l’employèrent à pratiquer, au moyen de vis, des trous dans les parois des cloches, dans lesquels ils enfoncèrent des coins de fer et parvinrent ainsi à faire éclater les cloches. D’abord la 2ème, le 23 et 24, le 3ème le 25, la grande, le 26 avril, jeudi ; la petite ne fut pas perforée, mais descendue tout entière.
Vendredi matin,13 avril de 9 à 11 heures, les morceaux furent jetés en bas, par l’ouverture du cadran Nord qu’on avait écarté. Le pavé avait été recouvert de paille. Les morceaux furent mis sur la bascule de la mairie. Ils pesèrent 4841 kilos. La cloche de l’église des Récollets y fut ajoutée.
L’après-midi, le lourd chargement fut mis sur un Kraftwagen et prit le chemin de la gare.
Les enfants et la foule avaient cherché à saisir des morceaux : l’un de 5460 grammes, un autre de 1130 grammes et un dernier de 820 grammes
L’adjoint Probst et Victor Biehler, avaient passé contrat avec les ouvriers, leur cédant 10% du prix. Le total se montait à environ 11.000 marcs, cela fait 1000 marcs.
Les 1000 marcs auraient été versés par la ville pour la VIème Kriegsanleihe (emprunt de guerre), avançant sur ses propres fonds, la somme due par le gouvernement pour les cloches.
Ces événements ont produit une Impression profonde parmi les fidèles : c’était la plus belle sonnerie, dépassant celle de Colmar. Il ne restait plus que la IVème cloche, appelée Messglockle, pesant 582 kilos, et frappant le premier coup des quarts.
En même temps que les cloches, les tuyaux de montre (tuyaux de façade en étain, 201 kilos d’étain fin)) de l’orgue Callinet de l’église paroissiale avaient été emportés par ordre des autorités allemandes, pour faire face à la pénurie de matière première pour l’industrie de l’armement.
En 1920, Alfred Berger remplacera les tuyaux de façade de l’orgue par une façade neuve, en étain.
Il faudra attendre 1924 pour que l’église Notre-Dame de Rouffach retrouve une sonnerie complète, cinq cloches neuves, installées par la fonderie Causard.
La petite Mess-Glocke, restée seule dans le clocher de 1917 à 1923 et qui avait appelé les fidèles aux offices et accompagné les moments de fêtes comme ceux de tristesse, fut refondue en 1923 et reprit sa place dans le clocher sous le nom de Saint Valentin.
Une cloche Sainte Catherine, das Klosterglöckchen zu St. Catharina, fut à nouveau installée dans le clocheton de l’église Sainte Catherine des Récollets en 1924.
De l'ancienne sonnerie, celle réquisitionnée et détruite par les allemands nous ne savons, pour l'instant, pas grand-chose: une petite note échouée dans le dossier "Cloches" et portant le n° 1, nous fournit des informations précieuses sur la Grande Cloche de 2184 kilos, baptisée l'Assomption de la Ste Vierge fondue (?) en 1820. Malheureusement, ce n°1 n'est pas suivi d'autres numéros qui pourraient nous renseigner sur les autres éléments de la sonnerie...
Gérard Michel
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