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Petite histoire des cloches de l'église Notre-Dame de Rouffach....

1488
A.M.R. A / CC 65
0
Détails
Catégories : MétiersReligion
  • cloches
  • Causard
  • Kerholtz
  • Kerbzettel
  • beffroi
  • Glockenhencker
  • réquisition des cloches

Un clocher vidé de ses cloches depuis la construction de la tour au dix-neuvième siècle: on constate sur la photo ci-dessus l'absence de remplage dans l'une des fenêtres de la tour octogonale qui domine la croisée du transept. C'est par cette ouverture qu'étaient hissées  les cloches pour les installer dans leur beffroi. La  plus grande, et donc la plus grave de ses cloches, installée en 1488, pesait plus de deux tonnes 1/2!

Pendant des siècles, les cloches ont joué un rôle important dans la vie de nos villes et villages. Elles ont été un instrument de communication essentiel, leurs sonneries, très codifiées, constituaient un langage facilement reconnaissable pour les habitants qui étaient ainsi parfaitement informés des évènements essentiels de la vie de la communauté. Elles avaient à la fois une fonction  religieuse, communautaire et familiale:

  • elles annoncent les offices, les grandes fêtes religieuses, les événements heureux et d'autres, tristes.
  • la sonnerie du glas annonce un décès dans la paroisse
  • elles rythment la journée par la sonnerie de l'Angélus: pour les paysans dans les champs, elle marquait surtout le début et la fin de la journée et l'heure de la pause du déjeuner
  • elles alertent également les populations en cas de catastrophe, d'incendie ou d'invasion: en cas de péril, on sonnait le tocsin.
  • elles sont même censées éloigner la foudre et la grêle !
  • elles permettent même de prédire le temps: entendre les cloches de Gundolsheim, celles de Soultzmatt  ou de Pfaffenheim permet de savoir d'où vient le vent et dire si la pluie arrive!
  • la cloche du vendredi midi invitait, sur l'ordre de l'évêque de Bâle, les habitants de Rouffach à prier 3 Pater Noster et 3 Ave Maria pour que soient combattues les invasions de l'armée turque!  (A.M.R. parchemins 527 et 546  de 1481)
  • dans les règlements et dans les serments que prêtaient  les bourgeois de Rouffach, et plus particulièrement les Conseillers du Magistrat, il est dit expressément qu'ils devaient "obéir" à la cloche qui les appelait aux réunions du Magistrat, sous peine de sanctions et leur rappelait qu'ils devaient y être à l'heure!
  • on sonne la cloche le samedi pour le Salve, également la veille du premier mai à minuit, la veille des jours de marché, etc.

Aujourd'hui téléphone, S.M.S., mails et bips, ont pris  le relais dans ces usages civils. La sonnerie de six heures du matin qui annonçait l'ouverture des portes de la ville et invitait les paysans au travail des champs hors les murs, et que les plus anciens ont encore connue il y a quelques années, a été décalée d'une heure; celle de midi et celle de 22 heures ont heureusement survécu... La sonnerie de six heures ne devait pas déranger grandement la vie des gens d'autrefois, réveillés par une précédente sonnerie qui les invitait à la première messe du jour dite par un prêtre spécialement nommé à cette charge, le Frühmesser ou primissaire... Quant aux écoliers, ils étaient réveillés depuis longtemps puisque l'école commençait à 5 heures en été et à 7 heures en hiver! (A.M.R. BB 3 1542 – 1549).

Rappelons-nous également que Notre-Dame n'était pas la seule église à Rouffach à disposer de cloches: il y avait aussi Sainte Catherine des Récollets, Saint Valentin, la chapelle de l'hospice du Saint Esprit et la chapelle de l'hôpital Saint-Jacques!

Pour ce premier article sur les Cloches de Rouffach, je propose la lecture d'un des plus anciens documents concernant les cloches de Notre-Dame, conservé aux archives municipales de Rouffach: il s'agit du contrat (Verding)  passé avec Geörg BISENBERGER, Glockenhencker de Kauffburren, * pour l’installation d’une nouvelle cloche, la grande cloche, à l’église Notre-Dame, en 1488, pour un montant de 10 florins du Rhin, avec une garantie d’une année et un jour…

Ce contrat inclut également la fourniture et la pose du battant ainsi que la réalisation du joug et mouton et de toutes les pièces nécessaires à la fixation de la cloche dans le beffroi de l’église Notre-Dame (alors situé dans la tour au-dessus de la croisée du transept).

La fabrique de l’église prend en charge la fourniture du bois, le fer (Isen) et l’acier (Stahel) ** ainsi que le charbon nécessaire aux forgerons. Elle verse également les salaires des forgerons et de leurs aides.

* Kaufbeuren est une ville  de Bavière située dans le district de Souabe.

** De manière globale, le terme « acier » désigne les alliages qui prennent la trempe, c'est-à-dire qui durcissent lorsque l'on trempe dans l'eau le métal chauffé au rouge. Le terme de « fer » désigne le métal qui ne durcit pas par trempe.

La rénovation et les modifications à apporter au Stuhl ou Glockenstuhl, sont estimées conjointement par le Statt Werckmeister, le maître des chantiers de la Ville, maître Hans et par Geörg BISENBERGER. et seront également pris en charge par la facture de l’église.

Une fois la cloche en place, le chantier sera inspecté par des Maîtres et d’honorables bourgeois de la ville. Si les travaux sont jugés conformes, maître Hans percevra la somme convenue, 10 Florins du Rhin. Il consent également une garantie sur son ouvrage, pour une durée d’un an et un jour. S’il le souhaite, la Ville peut lui offrir une charte munie du sceau de la Ville de Rouffach, attestant sa maîtrise et la qualité de son travail.

Geörg BISENBERGER, n’est pas le fondeur de la cloche, il est Glocken Hengher, littéralement « suspendeur de cloches », installateur ou poseur de cloches neuves dans les beffrois des églises.

Quand et par qui cette cloche a-t-elle été fondue, quel est son poids, éventuellement sa dédicace ? Pour l’instant les archives sont restées muettes sur ce sujet. 

Contrat pour la pose d’une nouvelle cloche à l’église paroissiale

Glockenhengkers Verding    1488 A.M.R. A / CC 65 (texte original)

Nach Christi unser lieben herren geburt tusent vierhundert

achtzig und acht Jor, an fritag noch sant Margrethen

tag, haben Schultheis und Rate zü Ruffach Meister

Jergen Bisenberger von Kauffburren, den glocken hengker,

uf sin ansüchen, verdingt die grosse glogk in unser lieben

frowen kilchthurn zü Ruffach zu hengken, schalt zapfen

auch den klipfel und was dann von schmid werke

dar zü gehort wie das genempt ist und die welle dar Inn

die klog hanget alles in sinem costen zemachen. Doch

sol die kilch das holtz, des glich. Isen stahel und kol darzu

geben . ouch schmitten und knecht die im zu slahen ver//

sorgen in der kilchen costen. Und was an dem stül

oder schragen dar Inn die glogken hangen not ist zu machen

und zu bessern, sol er mit sampt meister Hansen, der

Statt Werckmeister, zuvor an geben und sagen, das

alles sol die kilch ouch in Irem Costen machen lossen.

[…] der schrag mit holtz und ysenwerck zuvor noch

aller notdurfft versorgt und versehen. dadurch die kilch

des mit verwahlosung oder versumnÿsse keinen schaden

nehmen werde was ouch  klamern oder Isen band zu

solichem schragen zuversorgen gehoren, sol die kilch in

Irem Kosten usrichten. Wenn ouch die glogk gehengkt

und von meistern und erbern luten besehen und erkant

wurdet, das es werhaft sig als sich dann der genant

meister Jerg werschaft ze thunde berümpt und zu gesagt

hat, alsdann sol Im die Kilch fur solich sin kunst und

arbeit zü lone geben zehen rinisch. guldin oder golds werung.

und ob er begert, so sol man Im ein Brief mit der Statt

Ruffach anhangendem Innsigel geben das er die glogk

meisterlich gehengkt hab uf die beste form. Und

sol Meister Jerg Jor und Tag werschafft tün. 

Transcription: Gérard MICHEL 

petite histoire des cloches de N-D. de Rouffach. 

première attestation 1345

La première mention de cloches à l’église Notre-Dame date du 5 août 1345. Cette cloche existait encore en 1820 et est décrite par Jean-Michel VOGELGSANG dans son Journal au moment où elle est descendue du clocher pour être refondue :

… sie woge 48 Zentner weniger 6 Pfundt… im Diameter hatte sie 4 Schuhe 3 Zoll und wo sie am diksten ware, wo der Klipfel anschlägt, 6 zoll 2 Linien, nur mit vieler Mühe konnte sie zerbrochen werden…

… elle pesait 48 quintaux moins 6 livres… son diamètre était de 4 pieds 3 pouces et sa plus grosse épaisseur, à l’endroit où frappait le battant, était de 6 pouces, 2 lignes. On eut beaucoup de mal à la briser…

Cette cloche dédiée à la Vierge Marie a été fondue par maître ANDRES de Colmar (archives de la Paroisse de Rouffach, note de Th. WALTER dans Urkunden Buch der Pfarrei Rufach 1900) 

deux cloches neuves en 1559

Le dimanche de Quasimodo de l’année 1559, Maître Sÿmon MORITZ, Glockenhencker, bourgeois de KAUFFPEUREN (en Bavière, dans l’Allgäu) est chargé de décrocher et raccrocher deux cloches afin de refaire à neuf, modifier ou consolider leurs jougs et leurs attaches et de fournir deux battants neufs.

Maître MORITZ offre une garantie à vie et s’engage à intervenir, à ses frais si l’une ou l’autre pièce de son ouvrage venait à défaillir ou à se briser ! Le Schultheiss et le Magistrat verse à maître MORITZ la somme de 130 Gulden (Florins) (parité d’une livre et 5 schillings Stebler pour un florin).

" ...er hàtt ebbis uf'm Kerbhotz..."

Il a été fait de ce contrat deux copies écrites et signées de la même main et rigoureusement identiques. Chacune de ces copies est  découpée aux ciseaux en deux parties dont l’une est remise à chacun des deux signataires. Cette procédure est très fréquente : elle consiste à découper en zigzags avec des ciseaux un document en suivant une ligne la plus tortueuse possible, avant d’en donner une moitié à chacun des signataires. En cas de litige, il suffit d’essayer de faire coïncider les découpes pour vérifier qu’il n’y a pas de fraude ! C’est le principe du Kerbholtz, (ici c’est un Kerf Zedel) ces deux planchettes de bois que l’on joignait soigneusement pour y faire une marque au canif au moment d’un achat, ou d’un prêt d’argent et dont chacun conservait précieusement la sienne pour l’utiliser au moment du paiement, ou du remboursement. Ce mot est resté dans l’expression alsacienne,  … er hàtt ebbis uff’m Kerbholtz… il lui reste encore une dette à payer…

… Urkhundt disses Kerf Zedels denen zwen gleichlautende gemacht von einer Handt geschriben und underschriben, Kerfs weis von einander geschnitten unnd jeder Parthey, einer gegeben worden… 

Plusieurs documents conservés aux archives municipales de Rouffach mentionnent des fontes de cloches faites sur place, des consécrations de nouvelles cloches ainsi que des interventions diverses concernant les cloches. Toutes ces pièces permettraient de reconstruire l’histoire des sonneries de l’église paroissiale.

Jeudi Saint 1917: disparition des cloches anciennes

Malheureusement Rouffach ne possède plus de cloches anciennes : les cinq cloches actuelles ont été coulées en 1923 par la fonderie CAUSARD de Colmar. La sonnerie actuelle a été inaugurée le 6 avril 1924, dimanche de la Passion, par Monseigneur RUCH, évêque de Strasbourg. Les anciennes cloches avaient été enlevées sur ordre des autorités allemandes en avril 1917 :

Jeudi-Saint 5 avril 1917 : arrivée des ouvriers chargés de la démolition (Monteurkommando!)

Vendredi-Saint 6 avril : pendant la lecture de la Passion, « … ils entrèrent par la grande porte, portant sur l’épaule leurs grands marteaux et passèrent parmi la foule assemblée. Les fidèles dirent qu’ils croyaient voir venir les juifs cherchant Notre Seigneur… »

La deuxième cloche est enlevée les 23 et 25 avril

La troisième est enlevée le 25 avril

La grande cloche est enlevée le 26 avril

La petite cloche ne sera pas cassée mais descendue entière

Il ne restera sur place que la « Mess Glocke », pesant 582 kilos et frappant le premier coup des quarts d’heures.

Le 27 avril, vendredi matin, de 9 heures à onze heures, les morceaux furent jetés par l’ouverture du cadran nord qu’on avait écarté. Au sol, le pavé avait été recouvert de paille.

Les morceaux, pesés sur la bascule devant la mairie, pèsent 4841 kilos. (4835 sur la photo!)

En même temps que les cloches, les tuyaux de montre (tuyaux de façade en étain) de l’orgue Callinet avaient été emportés par ordre des autorités allemandes.

la nouvelle sonnerie CAUSARD

Le contrat  signé par le maire de Rouffach et la fonderie F.et A. Causard est daté du 10 février 1922. Il concerne la fourniture de 5 cloches pesant au total 7.275 kilos, en bronze composé de 78% de cuivre rouge et de 22 % d’étain fin de Banca.

  • Sancta Virgo in coelos assumpta 2750 kilos, sonne SI 2
  • Saint Roi Dagobert  2000 kilos, sonne DO# 3
  • Sainte Cécile (c’est elle qui sonne les heures) 815 kilos, sonne FA # 3
  • Saint évêque Arbogast 1350 kilos, sonne RE # 3
  • Saint Valentin 350 kilos, sonne SI 3 (C’est la seule cloche qui soit restée dans le clocher de 1917 à 1923, elle sera refondue en 1923)

Une nouvelle cloche sera installée par le même fondeur dans le clocheton de l'église Sainte Catherine des Récollets: elle est dédiée à Sainte Catherine, pèse 115 kilos et sonne SOL.

Gérard MICHEL mai 2018

 

Article publié le 5 mai 2018 par Gérard MICHEL.

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L'auteur

Gérard MICHEL

Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.

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