Le dossier Presbytère conservé aux archives municipales de Rouffach (A.M.R. M 9 / 36) n’a pas fini de livrer ses secrets.
Après un premier article, il restait plusieurs pages dont le lecteur trouvera ci-après quelques extraits qui permettront de clore, provisoirement, le sujet.
Le conseil municipal de la Ville de Rouffach, lors de sa session extraordinaire du 28 janvier 1821 délibère au sujet de l'acquisition de l'ancienne apothicairerie Thomas de la Hasengasse (rue de la Prévôté) :
… sur l’acquisition que, par acte notarié, mais provisoire du 28 décembre dernier, Monsieur le Maire a faite d’une maison destinée à servir de presbytère...
… il a été acquis par le Maire, au nom de la Ville, de la veuve et des enfants Thomas de Rouffach une maison avec appartenances et dépendances devant former le presbytère...
Mais cette acquisition n’est que provisoire et ne sera jamais effective (nous parlerions aujourd’hui de rupture ou annulation de promesse ou compromis de vente).
Une lettre envoyée le 6 juin 1821 au Maire de Rouffach par la famille Thomas, propriétaire, ne fera pas revenir sur la décision prise :
… vu la concurrence, nous nous empressons de vous déclarer que nous consentons à abandonner ladite maison pour la somme de 16.000 francs, payables en trois termes, 6000 à Noël, 5000 à Noël 1822 et 5000 à Noël 1823.
Le 12 janvier il est procédé à une visite de cette maison de la Hasengasse, actuelle rue de la Prévôté, qui donne lieu à un procès-verbal de visite et d’estimation très détaillé et extrêmement précis.
Donc, en fin de compte, cette acquisition faite par acte notarié, mais provisoire, ne se réalisera pas et cette maison ne servira pas de presbytère provisoire au curé et à ses vicaires, comme je l’avais suggéré par erreur dans le premier billet. En 1822, elle est propriété de Maître Hassenforder, notaire.
Dans sa lettre de juin 1821, Thomas évoque la concurrence : le Conseil municipal du 28 janvier était revenu sur les trois propriétés restées en concurrence pour un presbytère :
- celle de la veuve Dorsner, l'ancienne maison de la Recette du Grand Chapitre, qui deviendra presbytère actuel
- celle de la Vve Meyer, rue Rettich, qui ne sera pas retenue
- celle du sieur Kuentz Jean, cultivateur.
Cette dernière maison, quoique présentant des qualités pour devenir un presbytère convenable, ne fut pas retenue. Cette belle et grande demeure de la place de l’église présentait un inconvénient majeur :
… deux chambres du rez-de-chaussée sont occupées, par titre, la vie durante (sic), par le Juge de Paix, et cette servitude dont on ne pourrait se défaire qu’à prix d’argent, est un inconvénient assez grave.
Cette maison est l’ancienne Cour seigneuriale et grange dimière des Princes Evêques de Strasbourg, appartenant à Léon Ignace Schneider qui a acheté la propriété ainsi que la charge de bailli de Rouffach et de l’Obermundat, pour la somme colossale de 50.000 livres. Après la Révolution, cette charge de bailli fut "troquée" contre celle, plus républicaine, de Juge de Paix du canton de Rouffach ! (Cette ancienne cour seigneuriale de l'évêque est la propriété sise entre le restaurant A la Grappe et le Centre de soins infirmiers).
Léon Ignace Schneider (1756-1828) était le fils du Bailli d’Issenheim, François Joseph Schneider, celui là-même qui édifia en 1778 la Maison de la recette du Grand Chapitre dont il était le receveur.
Ce François Joseph Schneider (1730-1789), marié à Soultz en 1752 avec Marie-Rose Bach, est le père de Marie Françoise Agnès Schneider qui épousera en 1758 Philippe Sébastien Dorsner : c’est elle qui, veuve, cédera à la Ville la propriété qui est aujourd’hui le presbytère de la paroisse catholique de Rouffach !
Nous voici arrivés à la fin (?) de l’histoire des presbytères de Rouffach. Il reste à explorer celle du presbytère actuel, celle d’avant sa transformation et agrandissement de 1778. Mais ceci est plutôt l’affaire d’archéologues spécialistes du bâti médiéval. A-t-il été procédé à des relevés au moment de l’aménagement de l’ancien cellier, la partie la plus ancienne semble-t-il, transformé depuis en salle paroissiale ? Qu’a-t-on trouvé au moment des travaux de terrassement ? Histoire à suivre...
Note : le 2 janvier 1821,[1] on procéda au récolement des biens mobiliers du presbytère, après que le Conseil municipal venait « d’être informé par la rumeur publique du déménagement définitif de M Fritsch, curé quittant ! » On devine que les relations entre le curé et la municipalité ne devaient pas être des plus chaleureuses!
[1] Récolement : opération qui permet de contrôler la présence, ou l’absence, d’objets répertoriés dans un inventaire antérieur.
Gérard Michel
Je remercie François Boegly pour les précieuses informations sur l'histoire des familles et des maisons qu'il m'a transmises et qui m'ont été d'un grand secours. G.M.
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