Schwerbuch und Protocoll der Aiden und Pflichten, so die Statt Diener und andere vor Rhat zuerstatten pflegen, also verbessert und ernewert uf eines ersamen Rhats Erkandtnuss und Bevelch Anno 1613.
Le registre A / BB 126 conservé aux archives municipales de Rouffach est le recueil des serments (Aid) que doivent prêter devant le Magistrat réuni, tous les serviteurs de la Ville. Cette prestation de serment a lieu le lendemain du Zwölften Tag, le douzième jour après Noël, jour du renouvellement des différents offices et charges. Il s'agit d'un document d'un intérêt considérable puisqu'il détaille avec une extrême précision les devoirs de chaque office et permet de comprendre mieux les institutions de la Ville.
On y trouve, par exemple:
- der Rhät Aidt: le serment des conseillers du Magistrat
- der Aidt so man das Gewerf legt: le serment qu'on prête lorsque l'on fixe le montant de la taille
- der Westhalder Schultheissen und dessen Mitgeschwornen Aidt: le serment du Prévôt de Westhalten
- der gemeinen Burger Aidt: le serment du bourgeois "ordinaire" de la Ville
- des Würtenweinstichers und Weinstichers Aidt: le serment des gourmets-jurés
- der Württ Aidt und Ordnungen zue Ruffach: le serment et le règlement des aubergistes et cabaretiers
- Müller Ordnung: le règlement des meuniers
- der Statt Metzgers Ordnung: le règlement des bouchers de la Ville
- eines Kirchwarten Aidt: le serment du sacristain / bedeau
- eines Thurnwechters Aidt: le serment du veilleur
- einer Hebamen Aidt: le serment de la sage-femme
- eines Henckers und Nachrichters Aidt: le serment du bourreau de la Ville
- der Juden Aid: le serment des Juifs
- etc.
Nous avons choisi de détailler l'un de ces serments, celui que présente le "maître" de l'hôpital Saint- Jacques. Cet article vient en complément de l'article intitulé Le Bettelvogt, personnage clé de l'hôpital Saint-Jacques et de celui de 1440 Nomination d’un nouveau Spitalmeister à l’hospice Saint Jacques.
Des Spithalmeisters zue St: Jacob Aidt und Bestallung. [1]
- Erstlich so bewilliget und gibt man Ime die Behausung mit
Stellen und Scheueren zu bewohnen, doch soll er dazu mit
Feuer und Licht gute, fleißige Sorg und Obacht haben.
- Item, so ist er Gewerffs, Hüetten und Wachens frei, ausgenommen
so ein Rhat wacht oder reiset oder man Ime ein solches
insonderheit uflegen und befehlen würdt, da soll er auch gehorsamb sein.
- So soll auch St: Jacobs Lehen und 8 Schatz Reben mit grueben
und steckhen, auch anderer Notturft in guetem Baw und Ehren erhalten
nach Panss Prauch. [2]
- Als auch ein Garten am Frösschweiler Thor hat er zu[…].
Sonsten dies hernach geschrieben, ist er den armen Leüthen verbunden:
- Erstlich vor St:Gallen Tag bis St:Geörgen Tag, soll er die Stuben am Morgen
warm haben, vor dem die arme Leüth uffsteen, und am Aubendt
vor der vieren aber die Stub wermen und irer kleine Kinder hette
auch alte Leüth, Blünde oder Lahmen, sol er am Morgen biss zue dem
Imbiss in der Stuben lassen.
- Er soll auch khein Bilger oder ander arme Leüth lenger dan eine Nacht,
es wer dan ein hartt Wetter von Kälte oder Regen das
niemand wandlen möcht, behalten oder werendt kleine Kinder,
Blinden oder Lamen, doch so steht es an einem Pfleger, dem es
jederzeit umstendtlich angezeigt werden solle.
- Item wan ein Bilgerin oder arm Mensch krankh wurde, das soll er
in seinem Costen acht Tag versehen, und wolt es lenger weren,
so soll er es an ein Pfleger pringen, der würt dan den selben
Siechen weiter versehen, wie sich das nach Gelegenheit und je
zu Zeiten gebührt.
- Er soll auch die Kranckhen mit Beichten und Bewahrung des
heiligen Sacraments, wan es Noth ist, lassen versehen und auch solches
an ein Pfleger bringen und gelangen, damit der Seelen
nit vergessen werde.
- Item, er soll auch alle Tag zu Nacht den armen Leüthen ein Hafen Gmüess
dass ein jeden Menschen ein Schüessel vo[?] werde zu rüsten, dazu gibt man
ime auch den Anckhen und ein Sester Saltz usser dem Saltzhauss.
- Item, er soll die Beth alle Jahr, so das Noth ist, bekleiben. Dar zue
man dan ime das Meel und andere Notwendigkeit versorgt. [3]
Weiters soll er die Leinlachen weschen, die Beth, Küssen und Pfulben [4] sauber
und in Ehren halten , zu recht Zeit machen, also die Kuttern [5] und Sergen [6]
uffkenckhen und summa den
Spithal fegen und also sauber haben. Das er solches zu verantworten gedenkt.
- Item, welcher Bilger oder Armer ein Beth verunreint oder verwüest, derselb
soll ein Schilling zu Straf geben, welches Gelt er in ein Buechssen [7] legen und
verwahren, davon Ime auch das Halb gefolgt werden solle.
- Wa auch argwönige Persohnen, freuwen oder maskhommen da soll er wan
es Inen Noth bedunckht das einem Pfleger anbringen, der mag es dan an
ein Schultheissen ob es Noth gelangen lassen. Also ferner
Bescheids gewertig sein.
- Er soll auch kheinen Crämer, Kessler, Spengler und ihres gleichen nit
beherbergen.
- Item er soll auch Frawen und Man, ob sie schon ehlich weren, nit zusammen legen. [8]
- Item, wan Frawen und Man khommen, die Inen nit Eheleüth bedunckhen
zue sein, die soll er nit behalten noch einlassen.
- Item ob ein arm Mensch etwas kochen wolt, es were Fleisch oder Anders,
das soll er bei seinem Feuer kochen lassen, alles getrewlich und ungefahrlich. [9]
Quelques remarques à propos de ce document:
Les personnes qui sont accueillies à l’hôpital sont désignées par
ein arm Mensch
Bilger oder Armer
armen Leüthen
kleine Kinder
arme Leüth
kleine Kinder,
Blinden oder Lamen
ein Bilgerin oder arm Mensch
A noter que dans tout le texte, il n’est pas question de maladie et de malades, sauf dans deux passages:
wan ein Bilgerin oder arm Mensch krankh wurde et plus loin, en parlant de la même personne, c’est à dire d’un pèlerin qui serait tombé malade après son arrivée à l’hôpital den selben Siechen weiter versehen...
Un peu plus loin, il est dit: Er soll auch die Kranckhen mit Beichten und Bewahrung des heiligen Sakraments…. Cette fois peut-être, s’agit-il de malades admis à l’hôpital pour y être soignés...
A la lecture de ces textes, celui de l’Urbaire AA 11 et GG 59, l’accueil des malades ne semble pas avoir été une priorité. On y accueille des pèlerins, des mendiants de passage pour des séjours très brefs d’une ou deux journées, ...s’ils ne sont pas arrêtés dès les portes de la ville ou expulsés si on les trouve à mendier dans les rues, des pauvres, des nécessiteux de la ville, des aveugles et des paralytiques ainsi que de petits enfants (ceux des pauvres accueillis à l’hôpital ?).
L’impression qui résulte de cette lecture, est que l’hôpital, tout au moins celui géré par la ville, l’hôpital Saint Jacques, et non ceux gérés par une communauté religieuse, Saint Valentin ou Saint Esprit, est d’abord un lieu dans lequel on met à l’abri des regards une population de gens que l’on ne souhaite pas rencontrer dans les rues, les mendiants étrangers, Bettler et Landstreicher, et les exclus de la société, les vrais pauvres, ceux qui n’ont pas de maison où s’abriter et qui ne peuvent subvenir à leurs besoins élémentaires en nourriture, les éclopés de toutes sortes, paralytiques, aveugles, etc. En somme, plutôt un lieu d’enfermement... Dans mon étude sur la sorcellerie à Rouffach, j’ai mentionné deux cas où des enfants « mineurs », c'est-à-dire de moins de seize ans, accusés de sorcellerie, étaient détenus à la maison Saint-Jacques...
A mots couverts, on devine dans cette maison, une réglementation plutôt autoritaire :
- celui qui souille son lit paye une amende ; mais d’où peut-il bien prendre l’argent ?
- les « pensionnaires », passé le temps de séjour réglementaire, sont expulsés, par la force s’il est nécessaire
- les faux pauvres, les resquilleurs, sont punis de prison ou de la Drille
- la distribution des denrées se fait de manière quasi militaire, les pauvres en rang ou en file « indienne »
les Bettelvögte eux-mêmes ont l’air d’être des individus très particuliers, puisqu’il est nécessaire de leur rappeler à plusieurs reprises qu’ils ne doivent rien prélever, pour leur propre usage, des aumônes destinées aux pauvres..., qu’ils ne doivent pas se battre entre eux ou avec les « pensionnaires » de l’hôpital, qu’ils ne doivent pas se commettre ou s’acoquiner avec eux, qu’ils ne doivent pas jurer, injurier, blasphémer, etc.
Il doit préparer pour les pauvres tous les jours une collation du soir, ein Hafen Gmüess, soupe, bouillies de céréales, de pain... pour la préparation de laquelle la Ville lui fournit le saindoux, le beurre fondu et le sel. Pour ce qui est des autres repas, le pensionnaire les prépare lui-même, das soll er bei seinem Feuer kochen lassen, c'est à lui-même de les préparer, sur son "feu", sans qu'on puisse dire si son désigne celui du pensionnaire ou celui du maître:
dass ein jeden Menschen ein Schüessel vo[?] werde zu rüsten, dazu gibt man
ime auch den Anckhen und ein Sester Saltz usser dem Saltzhauss.
Finalement, les textes que nous proposent nos archives sur la vie dans les hôpitaux ne donnent que des informations très partielles sur ce que pouvait être le quotidien de l'hôpital: mais il suffit parfois d'une bribe de phrase, d'un mot, pour attiser l'imagination et nous laisser entrevoir quelques instants de vie... une vie qu'on devine souvent misérable.
[1] Bestallung : nomination ou/et salaire?
[2] Panns est ici sans doute Bahn : nach Bahns Brauch (conformément aux habitudes du ban...)
[3] se réfère à l’habitude qu’on avait, dans les hôpitaux, léproseries, maisons de pauvres, orphelinats, d’empeser, d’encoller les draps des malades afin de les rendre imperméables, au moyen d’un enduit, d’une colle à base de farine. Ce qui explique certaines commandes ou factures de farine qui ne servent pas à la nourriture !
[4] Pfulwe, Pfule, Pulge, Pulwen : édredon, oreiller, coussin.
[5] Kuter : couverture, courte-pointe
[6] Serge, Seric, Serige : couverture de laine
[7] die Büchse : la caisse
[8] barré dans le document original et remplacé par la note qui suit.
[9] ungefährlich est à cette époque un faux-ami qui ne signifie pas environ mais : sans arrière-pensée, honnêtement, fidèlement...