Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Croix sculptée par Xavier Friederich en 1822, offerte par Ignace Hoffman et Anne Marie Weingand. (Photo G.M.)
Rouffach dispose d'importantes carrières de pierre exploitées depuis le Moyen-Âge pour leur fameux grès jaune qui servit à la construction de l'église Notre-Dame et à celle de nombreuses maisons, porches, puits et fontaines de la ville. Ces carrières étaient connues bien au-delà de Rouffach et furent utilisées notamment pour l'édification des collégiales de Thann et de Colmar.
Elles ne sont plus en exploitation aujourd'hui et sont réservées à l'extraction de blocs de grès destinés à la restauration de monuments historiques et l'activité de taille de pierre si florissante a disparu de Rouffach. Ce que l'on sait moins, c'est que Rouffach connut au XIXème siècle une importante activité dans le domaine de la sculpture sur pierre: cinq ateliers de sculpteurs qui ont rayonné dans un large secteur autour de Rouffach, ont produit au XIXème et au début du XXème siècle un grand nombre d'œuvres d'art religieux dont une grande partie est conservée et encore visible de nos jours: croix de chemins, calvaires, croix de cimetières, monuments funéraires dans les cimetières... Il s'agit des ateliers de François Xavier Friederich, Xavier Barta, Joseph Barta, François Joseph Barta, Frédéric Hanner, Jacques Ebert et François Roth.
L'aîné de ces sculpteurs, François-Xavier Friederich a laissé à Rouffach et dans les villages environnants une œuvre importante, dont les deux grandes croix à Rouffach et la Descente de Croix ou Déploration de Soultzmatt que beaucoup considèrent comme son chef-d'œuvre.
François Boegly nous dresse ici une biographie sommaire de François-Xavier Friederich:
peinture à l'huile de Carl JORDAN (1904) Les femmes de Rouffach
source gallica Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Dans un article consacré à Rouffach sous la Terreur, nous avons pu mesurer le courage des femmes de Rouffach face aux révolutionnaires : une première fois lorsqu’elles ont pris la défense d’un malheureux contre le Wachtmeister TÖNLEN, de sinistre réputation, et une autre, en saccageant et renversant la « Montagne » érigée par les Patriotes dans l’église paroissiale, rebaptisée Temple de la Raison.
Une autre action courageuse leur aurait valu, plus de 7 siècles auparavant, en 1068, un privilège rare : celui d’occuper lors des célébrations à l’église paroissiale Notre-Dame, la place réservée habituellement aux hommes, le côté droit de la nef.
Dans le recueil Sagen und Geschichten aus deutschen Gauen, August Stöber (1808-1884), rapporte une vision des faits, romantisée par la tradition populaire et édulcorée par l’usure du temps :
l'église Sainte Catherine de Rouffach, vers les années 1950...
En 1789, le couvent des Récollets de Rouffach est encore occupé par 25 pères et une dizaine de frères. En 1791, tous les religieux doivent quitter le couvent et l'église Sainte-Catherine est remise au prêtre constitutionnel DIETRICH qui y célèbrera le premier office constitutionnel le 28 décembre. Les locaux vides du couvent seront transformés en caserne, puis en hôpital. En 1794 ils serviront même de prison et accueilleront les détenus de la prison centrale d'Ensisheim..
Le 20 septembre 1794, l'abbé Jean-Michel VOGELGSANG y célèbrera un culte particulier au cours duquel il "désinfectera" l'église de tous les miasmes laissés par cinq années d'occupation par les révolutionnaires...
Dans les commentaires sur les procès de sorcellerie, il est dit souvent que ces femmes avaient été condamnées parce qu’elles disposaient d’un savoir que les hommes leur jalousaient : c’était certainement vrai pour les sages-femmes, dont beaucoup sont mortes sur les bûchers. Pour les autres, on dit qu’elles connaissaient les vertus des plantes, des racines : si elles pouvaient guérir, elles pouvaient aussi, par jalousie, esprit de vengeance ou pure méchanceté utiliser leur savoir pour nuire aux hommes et aux animaux. Ceux qui les ont interrogées, d’abord guetlich puis peinlich, c’est-à-dire d’abord sans avoir recours à la violence puis en les soumettant à la torture, auraient donc pu avoir une réponse sensée lorsqu’ils souhaitaient savoir quels produits, quels ingrédients magiques elles avaient mélangés pour concocter les poudres, crèmes ou onguents qu’elles avaient utilisés pour perpétrer les méfaits dont on les accusait.
Prêtre réfractaire ou non-jureur, à la Constitution civile du Clergé, promulguée en juillet 1790, Jean-Michel Vogelgsang est contraint à la clandestinité : la vie d’un prêtre réfractaire, s’il est dénoncé et retrouvé, se termine souvent sur l’échafaud. Dès lors, il vivra caché, fuyant d’une maison amie à une autre, ou terré dans la maison familiale, dans l’actuelle rue Poincaré, caché sous le plancher du grenier. Il poursuivra cependant son ministère, visitant les malades et administrant les mourants, se déguisant parfois en femme pour ne pas être repéré…
Voici la suite de son récit , conservé à la B.N.U. de Strasbourg sous la cote MS 858 (réserve)
Etwas von meiner Geschichte […] als ich gezwungen ware aus meinenm Haus in das andere zu flüchten...
Quelques pages de mon histoire, alors que j’étais contraint de fuir ma maison pour me cacher dans une autre…
texte original en allemand, traduction Gérard MICHEL
photos Gérard MICHEL
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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