Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
le clocher roman de l'église paroissiale Sainte Agathe de Gundolsheim
C'est le procès d'une pauvre fille, séduite par un garçon qui lui avait promis le mariage. Mais elle s'est retrouvée enceinte et son amant l'a quittée pour s'engager dans l'armée. Une histoire malheureuse certes, mais presque banale: celle d'une fille de 26 ans, allant de place en place, vivant loin de sa famille, dans un pays qui lui est étranger: elle est originaire de Berne en Suisse et de religion calviniste... Elle ne s'est confiée à personne sur son état et sans doute ne comprenait-elle pas très bien ce qui lui arrivait, elle accouche seule, un matin froid d'octobre, dans les vignes de Gundolsheim, et elle tue l'enfant, à sa naissance.
tourelle d'accès à la tribune du jubé de l'église Notre-Dame de Rouffach ( avec le banc de communion et un luminaire, disparus...)
Dans une église, le jubé est une tribune formant clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. Il tient son nom du premier mot de la formule latine jube domine benedicere, daigne Seigneur me bénir, qu'employait le lecteur avant les leçons de Matines.
Le jubé se compose de trois éléments : la tribune (le jubé proprement dit), la clôture (dite « chancel ») et le groupe sculpté de la crucifixion, comme sur les poutres de gloire encore visibles, notamment dans les église de Bretagne, et qui sont les origines des jubés.
De la tribune, on lisait l'Évangile et on prêchait; plus tard, la chaire lui succèdera dans cet dernier emploi.
La clôture a pour fonction d'isoler le chœur (réservé aux clercs et aux seigneurs prééminenciers). Les fidèles ne voient donc pas du tout, ou très peu, le maître-autel, caché par les arches et éventuellement le mur arrière du jubé.
La réforme liturgique, suscitée par le concile de Trente (1545-1563), a contribué à la transformation de l’architecture des églises. En effet, elle a voulu que les fidèles participent plus à la liturgie. Cela a entraîné entre autres modifications la suppression progressive des jubés , celle de la clôture, et dans les constructions neuves, le remplacement des églises à trois nefs par des églises à nef unique plus favorable à la participation liturgique.
Du jubé du XIVème siècle de Rouffach, démoli en 1718, ne subsistent que deux tourelles à l’entrée du chœur. Aucune image ni description précise ne nous sont parvenues à son sujet. A quoi pouvait-il bien ressembler? Seuls les contrats passés avec des artisans maçons pour sa démolition nous permettent de répondre, très partiellement, à cette question.
Fastentuch ou Hungertuch de la cathédrale de Fribourg en Brisgau
Dans L’Urbaire de la Ville de Rouffach, Jean-Simon MÜLLER évoque un événement douloureux de l’histoire de la ville : en 1347, Rouffach connut une année de grande famine à la suite de mauvaises récoltes Mangel der Erdfrüchten , pénurie des fruits de la terre. Pour que cet événement dramatique reste à jamais dans les mémoires des habitants de la ville zue ewiger Gedechtnus, les bourgeois de Rouffach collectent de l’argent et font confectionner une grande tenture qu’ils firent suspendre dans l’église paroissiale et sur laquelle ils firent inscrire :
Anno 1347 ist ein grosser Hunger undt Mangel der Erdfrüchten in der Stadt Ruffach gewessen.
Cette tenture fut exposée tous les ans pendant le temps du Carême et c’est pour cette raison qu’on l’appela Fastentuch mais aussi Hungertuch .
monument de la famille ROTH au cimetière de Rouffach
Après un premier article consacré à François-Xavier FRIEDERICH et un second dédié à la famille de sculpteurs BARTA-EBERT, François BOEGLY nous a livré une biographie sommaire de Friederich HANNER, dit Fritz, sculpteur à Rouffach. Nous terminons avec le présent article la série consacrée aux sculpteurs ayant œuvré à Rouffach au XIXème siècle: François BOEGLY nous y présente une biographie sommaire de la famille ROTH, qui bien que n'étant plus représentée à Rouffach, est encore la seule à poursuivre l'activité de sculpture, sans discontinuité, depuis le début du XIXème siècle.
Materne BERLER, né à Rouffach en 1487 et décédé à Gueberschwihr vers 1573, a fait ses études à l’école latine de Sélestat, creuset de l’humanisme alsacien, comme élève de Jérôme GUEBWILLER (1473-1545) puis à l’Université de Bâle (1507-1509). Il s’inscrit dans le courant humaniste qui s’épanouit au XVIe siècle, qui en est l’âge d’or dans l’ensemble de l’Europe de la Renaissance. Sans atteindre la notoriété des illustres humanistes qu’il a pu côtoyer au cours de ses études, Sebastian MUNSTER, Beatus RHENANUS, Ulrich ZWINGLI, ERASME de Rotterdam ou Jakob WIMPFELING, Materne BERLER a légué une chronique dont de nombreux passages sont précieux pour l’historien. Cet ouvrage au style parfois embrouillé et lourd est, comme beaucoup d’ouvrages de la même époque, une compilation de récits empruntés à diverses sources, mais il recèle quelques pages de vraie chronique familiale dans lesquelles l’auteur livre quelques souvenirs de son enfance à Rouffach.
Cette Chronique de 794 pages a malheureusement disparu dans l’incendie de la bibliothèque de la Ville de Strasbourg en 1870. Quelques pages, 120, recopiées sur l’original avant sa destruction, ont été publiées par L.SCHNEEGANTZ dans le Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, Strasbourg 1843.
Dans le passage que nous avons choisi de présenter, BERLER rappelle un souvenir de son enfance, sur les marchés de Rouffach, dans une page dans laquelle il traite de l’introduction en Alsace de la vérole maligne ou du mal français, la syphilis, importée en 1495 par les soldats revenant de la campagne de Naples.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2024 Obermundat