Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Obersultz, dans A.D.H.R. Evêché de Strasbourg 3 G / 54 1695
En 1695 l’abbaye de Murbach porte plainte à la Régence de l’évêché de Strasbourg de ce que la ville de Soultz exige d’eux les droits de péage, pontonage et du pied fourchu.
Au premier plan deux épileptiques, à l'arrière plan des membres de leur famille avec des offrandes. Au bas, les armes du prieur Johann Sansetti (1465-1506)
Dans sa Chronique (entre 1510 et 1530), Materne BERLER raconte comment fut fondé le prieuré saint Valentin de Rouffach et comment il devint rapidement un lieu de pèlerinage réputé pour la guérison de l'épilepsie. Materne Berler n'est pas historien, il rapporte ici un récit populaire, dont nous verrons dans un article ultérieur qu'il ne correspond qu'à une très lointaine réalité. Mais laissons nous charmer par une légende, bien fixée dans la tradition, maintes fois reprise par les folkloristes. Auguste Stoeber (1808 - 1884) poète et folkloriste alsacien, également théologien protestant, archéologue et historien, a donné de ce texte une version à laquelle nous renvoyons nos lecteurs dans Légendes d'Alsace, traduction de Paul Desfeuilles, édition scientifique Françoise Morvan, Rennes, éd. Ouest-France, 2010, 410 p.
Nous proposons à la suite du texte allemand de Berler une traduction, bien moins fleurie et poétique que celle que l'on trouvera dans l'ouvrage d'Auguste Stoeber...
Malades implorant Saint Valentin Vitrail de l'église Notre-Dame de Rouffach bras sud du transept
Personne n'ignore, au moins l'espère-t-on, qu'il existait à Rouffach jusqu'à la fin du 18ème siècle, au pied du château d'Isenbourg, un prieuré bénédictin fondé au 11ème siècle qui devint rapidement un lieu de pèlerinage célèbre à travers toute l'Europe d'alors: il accueillait les épileptiques et leur famille qui venaient prier et implorer la guérison de leur mal devant les reliques de saint Valentin. Au 15ème siècle, on construisit un hôpital spécialisé pour l'accueil et les soins de épileptiques qui aurait même été le premier de ce type. L'hôpital ferma au siècle suivant et le site disparut avec la Révolution française.Il n'en reste aujourd'hui que le souvenir: une rue, la rue du Prieuré, un grand vitrail représentant saint Valentin dans l'absidiole du transept sud et, dans la même absidiole, un buste-reliquaire en bois doré du 18ème siècle, représentant saint Valentin, provenant de l'ancien prieuré. Sans oublier une grande toile en attente de restauration, Saint Valentin et l'épileptique, provenant elle aussi du même prieuré.
La procédure judiciaire suivie dans les procès de sorcellerie commence toujours, nous l’avons vu dans les articles précédents, par l’Inquisition. Il s’agit d’une enquête, de voisinage, faite à l’insu de l’intéressé, qui permet de confirmer des rumeurs, das gemeine Geschreÿ, qui l’accusent d’être une sorcière ou un maître sorcier. Le plus souvent, à la suite de cette Inquisition, la machine judiciaire se met en marche, après la découverte d’un Indicia suffisant pour justifier une incarcération, et conduira des malheureux à la mort atroce sur le bûcher.
Mais cette exécution ne marque pas la fin de la procédure : dès le lendemain, il est procédé à l’inventaire des biens, liegend und fahrend, meubles et immeubles. Un inventaire très détaillé, jusqu'à la moindre pièce de vaisselle, à l'ustensile de cuisine même rouillé, le moindre drap, les réserves de grains, de vin, etc. Des inventaires qui, par ailleurs, permettent au lecteur d'imaginer de manière plus précise le cadre de vie dans lequel évoluaient les gens de ce début de dix-septième siècle, dans une petite bourgade de l'Obermundat.
Un premier article a présenté l'Inquisition menée au sujet de Margaretha Schönholzerin d'Eguisheim, poursuivie par la rumeur populaire, das gemeine Geschrey, qui l'accuse d'être une sorcière. L'Inquisition, nous l'avons dit, n'est que le premier acte d'une procédure qui peut conduire, - et conduit le plus souvent - à la recherche et à la découverte d'Indicia, à une arrestation suivie d'un emprisonnement, à des interrogatoires répétés, à la torture, et à la mort sur un bûcher...
Le lecteur trouvera dans cet article ce que l'état actuel de nos recherches dans les archives permet de dire sur l'après de cette Inquisition, la détention et le procès de Margaretha Schönholtzerin.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2025 Obermundat