Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Les conseillers du Magistrat touchaient, jusqu’en l’année 1614 une indemnité annuelle dans la mesure où les revenus de la ville le permettaient, est-il dit pudiquement dans un des protocoles ! En plus, ils profitaient très largement de bien des avantages, en particulier des nombreuses bombances qui les rassemblaient à toutes occasions… les comptes du Bourgmestre nous révèlent, sans pudeur, le nombre et le prix de ces « troisièmes mi-temps »…
Dans le langage populaire, bourge ou bourgeois, désigne des personnes qui font étalage de leur aisance matérielle et financière au travers de signes extérieurs de richesse ou qui ont un goût affirmé pour le paraître. Pour les classes populaires, est appelé bourgeois tout ce qui n’est pas vulgaire, qui a de belles manières, qui n’est pas de la banlieue, qui est des classes supérieures, le riche, le nanti, le capitaliste…
Originellement le mot bourgeoisie désigne « ceux qui habitent le bourg », les gens de la ville, marchands, artisans, etc., par opposition à ceux de la campagne.
Dans la période qui nous concerne dans cet article, c’est-à-dire du Moyen-Âge à la fin de l’Ancien Régime, la bourgeoisie est la classe des habitants qui ont acquis les droits de bourgeoisie : le droit de s’établir dans la ville leur confère le droit d’y exercer une profession, d’être membre d’une corporation, d’une confrérie, de bénéficier de la protection de la ville en matière de droit et de justice en particulier. En contrepartie, ils payent des impôts, participent aux corvées, assurent les tours de garde et la défense de la ville et peuvent être enrôlés dans des campagnes militaires à l’extérieur.
La Une du Progrès illustré relatant la catastrophe de Bouzey (88) le 27 avril 1885
L'hiver 1709 a été évoqué dans un article précédent paru sous le titre 1709 un hiver particulièrement rigoureux et meurtrier. Cette fois Jean-Simon MULLER nous parle d'un autre hiver qu'il a vécu, celui de l'année 1739 au cours duquel beaucoup de gens sont morts gelés et qui anéantit les réserves de vin et les espoirs de récolte de l'année suivante. Une année 1740 où les pluies et la fonte des neiges ont été la cause d'une catastrophe meurtrière qui noya de nombreuses personnes: la rupture de la digue du lac du Ballon.
stèle commémorative dans le chœur de l'église Notre-Dame de Rouffach, rappelant le massacre des religieux par les suédois le 15 février 1634
En 1634, le roi de Suède, avec l’appui de quelques villes impériales, envahit et dévasta l’Alsace. Colmar, qui avait trahi l’empereur accueillit les troupes suédoises et la ville devint un vrai repaire de pillards.
Cette année 1634, le 15 février, les suédois arrivèrent aux portes de Rouffach et assiégèrent la ville. Les gens de Rouffach, avec quelques soldats impériaux se défendirent avec ardeur jusqu’au moment où la ville fut prise d’assaut par les suédois qui, pendant trois longues heures massacrèrent tous les hommes qu’ils rencontraient.
Les religieux se réfugièrent dans la sacristie de l’église paroissiale, les suédois forcèrent la porte à coups de hache, se saisirent des religieux qu’ils traînèrent jusqu’au Neuhaus où ils furent massacrés.
La ville fut mise à sac par les suédois et les rouffachois furent contraints de payer aux occupants une très forte rançon, si exorbitante qu’ils durent y engager tous leurs biens et toute leur fortune. Les notables qui avaient survécu au massacre furent menés à Colmar et jetés en prison où on ne cessait de les menacer de les pendre si la rançon exigée n’était pas payée dans son intégralité.
L’insécurité régna de nombreuses années, tout le temps que dura la présence des suédois dans le pays.
Nous avons évoqué plusieurs fois dans ces pages la figure de Jean-Simon MÜLLER, le rédacteur de l’URBARIUM RUBIACENSIS CIVITATIS ou Stadt Buch und Urbarium von Ruffach, conservé aux A.M.R. dans le fonds ancien des archives municipales, série AA n° 11.
Cet Urbaire rassemble des copies des anciennes chartes et lettres qui contiennent les droits et les privilèges de la ville depuis les années qui ont suivi sa fondation. Mais ce registre contient aussi des passages de vraie chronique, dans lesquels l’auteur évoque des événements dont il a été un témoin direct.
Nous avons choisi un passage dans lequel il décrit un hiver particulièrement rigoureux et meurtrier, celui de 1709, il y a un peu plus de 300 ans, à une époque où on ne parlait pas encore de dérèglement climatique…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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