Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Un clocher vidé de ses cloches depuis la construction de la tour au dix-neuvième siècle: on constate sur la photo ci-dessus l'absence de remplage dans l'une des fenêtres de la tour octogonale qui domine la croisée du transept. C'est par cette ouverture qu'étaient hissées les cloches pour les installer dans leur beffroi. La plus grande, et donc la plus grave de ses cloches, installée en 1488, pesait plus de deux tonnes 1/2!
Les images illustrant cet article proviennent de St.Gallen, Stiftsbibliothek, Cod.Sang. 1311: Reisebuch des Elsässer Weltreisenden Georg Franz Müller
http://www.e-codices.unifr.ch/de/list/one/csg/1311
Ce globe-trotter rouffachois s’appelle Georg Franz MULLER (1646 – 1723). Il est né à Ensisheim, certes, mais dans plusieurs passages de ses deux manuscrits, il écrit que Rouffach est sa ville natale, mein geliebte Geburtsstadt Ruffach, et que sa maison paternelle se trouve à Rouffach…
Pourtant, à la lecture de son récit, on découvre que très tôt il n’avait qu’une hâte, celle de quitter au plus vite cette maison et cette ville, pour découvrit le vaste monde. A quatorze ans, il avait appris le métier de Büchsenschmidt, vraisemblablement auprès de son père. Ce métier, écrit-il, il l’aimait autant qu’un enfant pouvait aimer les verges dont on le frappait darzu ich eben, so viel Lust gehabt als ein Kindt zu der Ruethen… ! Cependant, c’est ce métier qui lui permit de réaliser ses rêves de voyage. Pendant les escales qu’il faisait dans ses pérégrinations, l’adolescent et jeune homme trouvait un emploi dans sa branche qui ne devait pas manquer de demande, même à l’autre bout du monde.
Arrestation de Crépin et Créspinien (Église Saint-Pantaléon de Troyes)
Le vingt cinq octobre 1708, les Maîtres cordonniers de Rouffach se réunissent au Poêle dit À l'Éléphant auquel leur métier est affilié, pour décider que désormais un office religieux serait célébré chaque année le jour du 25 octobre, en l'honneur des deux Saints, Crépin et Crépinien, leurs saints patrons, ainsi que, le lendemain, une messe à la mémoire des défunts de la profession et pour prier pour le repos de leur âme.
Les cordonniers et bottiers forment un corps de métier important en nombre à Rouffach: en 1752, selon un Etat général des corps de métiers ainsi que des maîtres qui la composent (A.M.R. HH 9) il y a 18 maîtres cordonniers, ce qui laisse supposer 18 échoppes! Rouffach était bien chaussée! Dans les autres métiers liés au cuir, qui font également partie de la tribu À l'Éléphant, on trouve 3 maîtres tanneurs, un maître chamoiseur, 6 maîtres selliers et bourreliers).
Je suis né à Ensisheim le 4 octobre 1646, mais ma vraie patrie est Rouffach, où j'ai grandi dans la maison paternelle. Tout petit déjà je rêvais de voyages et à quatorze ans j'ai quitté la maison familiale de Rouffach pour partir à la conquête du monde.
Le hasard a voulu que lors d’une fête de famille à Châtenois, la communion privée de mon petit-fils Jean-Baptiste, je me sois trouvé à table avec quelques anciens castinétains qui évoquaient des souvenirs d’adolescents et de jeunes adultes. Lorsque j’ai entendu répéter plusieurs fois le mot Maïabaum, arbre de mai, j’ai tendu l’oreille. Ils parlaient du temps où ils étaient conscrits, et confectionnaient ce Maïbaum, un grand sapin coupé en forêt, le plus grand possible, ébranché et décoré, qu’ils dressaient fièrement au sommet du Hahnabari, le Hahnenberg, planté dans le Maistein, le rocher de Mai, pour célébrer le Mai, le renouveau de la nature. Mais cet arbre courait un grand danger : les jeunes conscrits du village voisin, Kintzheim, ne rêvaient que d’une chose, le voler, ce qu’il fallait empêcher à tout prix. Et il ne restait pas d’autre choix que de monter la garde toute la nuit, en veillant bien à ne pas mourir de soif ! Et le lendemain, premier mai, le village rejoignait les conscrits pour faire la fête autour de l’arbre et célébrer le retour de la frondaison.
Aujourd’hui il n’y a plus de conscrits, mais ce sont ceux les sexagénaires de l’année qui, avec le concours de l’amicale du Hahnabari érigent le Maïabaum et animent le 1er mai le Maïabaum Fescht, la fête de l’arbre de mai, un événement local majeur de la cité du Hahnenberg, Châtenois.
Eh bien, il est certain que cette fête a été célébrée à Rouffach, sans doute sous des formes différentes, … plusieurs documents conservés aux archives municipales l'attestent…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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