Croix sculptée par Xavier Friederich en 1822, offerte par Ignace Hoffman et Anne Marie Weingand. (Photo G.M.)
Rouffach dispose d'importantes carrières de pierre exploitées depuis le Moyen-Âge pour leur fameux grès jaune qui servit à la construction de l'église Notre-Dame et à celle de nombreuses maisons, porches, puits et fontaines de la ville. Ces carrières étaient connues bien au-delà de Rouffach et furent utilisées notamment pour l'édification des collégiales de Thann et de Colmar.
Elles ne sont plus en exploitation aujourd'hui et sont réservées à l'extraction de blocs de grès destinés à la restauration de monuments historiques et l'activité de taille de pierre si florissante a disparu de Rouffach. Ce que l'on sait moins, c'est que Rouffach connut au XIXème siècle une importante activité dans le domaine de la sculpture sur pierre: cinq ateliers de sculpteurs qui ont rayonné dans un large secteur autour de Rouffach, ont produit au XIXème et au début du XXème siècle un grand nombre d'œuvres d'art religieux dont une grande partie est conservée et encore visible de nos jours: croix de chemins, calvaires, croix de cimetières, monuments funéraires dans les cimetières... Il s'agit des ateliers de François Xavier Friederich, Xavier Barta, Joseph Barta, François Joseph Barta, Frédéric Hanner, Jacques Ebert et François Roth.
L'aîné de ces sculpteurs, François-Xavier Friederich a laissé à Rouffach et dans les villages environnants une œuvre importante, dont les deux grandes croix à Rouffach et la Descente de Croix ou Déploration de Soultzmatt que beaucoup considèrent comme son chef-d'œuvre.
François Boegly nous dresse ici une biographie sommaire de François-Xavier Friederich:
François Xavier FRIEDERICH est né à Rotweil-am-Neckar le 3.12. 1766, fils de Michel et d’Elisabeth Pfister.
Son père est connu comme statuaire à Rotweil . Sa mère est originaire de Sélestat. Le couple s’installe à Saint Hippolyte après la naissance de François Xavier, vers 1775. Michel Friederich y est connu comme sculpteur et y décéda le 8.6.1786.
François Xavier reprend l’atelier de son père et épouse à Saint Hippolyte sa première compagne (le 8.1. 1787) Ursule Fuchs, fille d’Antoine, maître boucher à Saint Hippolyte et d’Ursule Daur. Le couple n’a qu’un enfant, François Xavier qui décède le 19.3.1790, âgé de de 2 ans. La maman était déjà décédée le 30.7.1789, âgée de 28 ans.
Il épouse en secondes noces, le 23.11.1789 à Saint Hippolyte, Thérèse Ruhlmann, fille de Félix, Maître boulanger et de Madeleine Bleger. Elle lui donnera quatre enfants : André, futur sculpteur et trois autres qui décèderont en bas âge.
A partir de1797, François Xavier Friederich est connu comme sculpteur à Ribeauvillé où est né André, le 16.1. 1798.
Au décès de sa seconde épouse, en 1812, il rencontre Catherine Rölly, native de Hirtzfelden, fille d’un cultivateur, et le couple se marie à Rouffach le 23.11.1813. Pourquoi ce choix de Rouffach, nous l'ignorons.
Il est alors connu comme sculpteur et doreur à Rouffach, mais ne devient propriétaire qu’en 1818 en achetant une maison dans la Wahlengass, actuellement le n° 11 rue Walch. Le vendeur est Jean Weingand le jeune laboureur : c’est là que sera son atelier pendant quatre ans puisqu’en 1822 il revend la maison à François Joseph IMBACH marchand épicier pour la somme de 1800 Francs.
François Xavier Friederich décède à Rouffach le 23.11.1835 à 69 ans dans une autre maison que n’avons pas pu localiser.
La relève est assurée par son unique enfant survivant, André Friederich, né à Ribeauvillé le 16.1.1798, décédé à Strasbourg le 9.3.1877 d’hydropisie, c’est-à-dire d’insuffisance cardio-rénale. Célèbre statuaire installé au n°56 Quai Saint Jean à Strasbourg, il bénéficie d’une notice dans le N.D.B.A. ainsi qu’un portrait. A noter également une autre biographie par Catherine Kuehn du Cercle généalogique et d’histoire de Ribeauvillé (Cote P320 n°11 / 1998, aux A.D.H.R.)
P.S. André Friederich vendra la carrière de pierres de 23 ares de son père à Claude Antoine Foll et Caspar Fischer (originaire de Rotweil am Neckar !) tous deux connus comme tailleurs de pierres, en 1836, pour la somme de 880 Francs, la valeur d’une petite maison.
Descente de Croix réalisée à Soultzmatt par François Xavier Friederich en 1812 (Photo G.M.)
François Boegly