Nous avons vu au sujet des tours de la ville (dans l’article Des nuits agitées et un réveil en fanfare…) combien il était difficile de représenter sur un plan les ouvrages, les bâtiments et les rues, en précisant leur fonction et leur nom. La localisation précise de certains bâtiments reste encore très floue dans l’état actuel des recherches et pour certaines maisons il y a si peu d’indications qu’elle est impossible.
Les travaux entrepris par le Dr. François BOEGLY et son équipe de la Société d’Histoire et d’archéologie du Bailliage permettront de lever le voile sur certains points obscurs de la topographie du Rouffach ancien.
Le document qui suit, s’il ne clarifie pas véritablement les choses, indique cependant quelques pistes de recherche. Il s’agit de quelques pages extraites du greffe de la ville de Rouffach, datées du 26 juillet 1752, rédigées en français, dont nous avons transcrit l’original en conservant l’orthographe :
Estat des bâtiments, maisons communes, ponts, portes, murs, fontaines et généralement de tout ce qui est à l’entretient de la ville de Rouffach
- la maison de ville où se tient ordinairement la justice, consistante en deux corps de maison habité par le sergent audiencier
- celle de la chapellenie des Trois Rois, habité par le chappellain JEG.
- celle de Nostre-Dame de Bon Secours habité par le Sieur MÜLLER, chappellain
- celle de la chappellainie de Sainte Croix séparée de celle qui est à l’entretient de la seigneurie, icelle servant d’escurie, cour et pressoir au Sieur RAFFARRA qui en est pourvu.
- celle du maître d’Escolle habité par iceluÿ
- celle du marquillier habité par le même
- celle de la tribune de la fleur de Lis et celle de la tribune des vignerons, habitées par les vallets des tribunes
- celle de la Tuerie, habité de personne se trouvant à rez de chaussée, le haut appartenant à un particulier
- celle de la Boucherie, le haut servant souvente fois à mettre des fourages en cas de nécessité
…/…
- celle de la Kauffhaus ou de la Doüane, le haut étant en partie habité gratis par celuÿ qui soigne l’horloge de la ville, et l’autre partie servant pour étaller les marchandises des marchands les jours de foires
- celle des Hahles, le bas étant pareillement pour étaller les marchandises les jours de foires et marchés ordinaires, ainsÿ que pour ÿ placer les équipages des trouppes de sa Majesté, le haut étant destiné pour les fourrages
- celle de la Kornhauss destinée, sçavoir le bas pour la vente des grains et en partie pour la fourniture des étappes, et le haut pour le fourrage de l’étappier
- celle du geôlier et des prisons occupée par le dit geôlier
- celle de la Tuillerie ensemble la thuillerie même, le thuillier habitant la maison
- la maison de la Tirerie pour la compagnie des arcabusiers (plus loin il sera noté que cette maison avait été incendiée en sa totalité en 1744 par la foudre et que pour la reconstruire il faudrait 600 livres)
- les autre portes de la ville, sçavoir celle de Colmar, Cernaÿ, Brisach et celle des montagnes dite Rissthor, consistantes en huit corps de logis, occupées par huit portiers gratis
- celle des trois patres consistants en trois différents corps de logis
- le magazin servant à y soigner les martereaux et ustancilles de la ville
…/…
- la maison du garde forestier dans le canton dit Ritzenthal occupée par le dit forestier gratis
- celle du garde forestier dans le canton appelé Frenckelbach occupée par le dit forestier gratis
- celle du censier dans le canton dit Ammelthal
- celle du boucheron qui façonne le bois de chauffage et eschalas pour les usages de la ville
- la moitié de la maison commune de Westhalten, nouvellement construite, l’autre moitié étant à l’entretien de la vallée de Soultzmatt, cette maison sert en même temps d’écolle et elle est habitée par le dit Maître d’ Escolle.
- les six ponts levis sçavoir deux à la porte de Collmar, deux à la porte de Cernaÿ et deux à la porte de Brisach
- le pont de la petite porte servante en temps de vendanges
- le pont de bois appelé proche de la Radix Kappell [1]
- le pont de bois traversant le canal en deça de Gundelsheim
…/…
- le pont de bois traversant le même canal au canton dit Lauchenweg
- le grand pont de bois appelé proche Ossesteeg
- les deux ponts de pierre traversants les rivières dites Ohnbach et Dorrfgraben
- le pont de bois appelé Endenloch
- les deux petits ponts de bois au-dessus de la porte de la montagne [2]
- les deux ponts de bois traversant la rivière dit Thür
- le pont dit nouvellement à construite en deça de la Thür Mühl
- le grand pont avec gardes foux appelé Langbruck de la longueur de 530 pieds voûtée avec sept arcades [3]
- le deuxième pont en deçà le dit moulin
- le troisième pont aussi en deçà le dit moulin le pont de bois traversant le Canal appelé Spittelbach
- le pont de bois appelé Judenmatt
- le pont de bois appelé Mattenruntz Brucke Mattruntz
- le grand pont de bois avec des garde-fou appelé Mattsteg
- le pont de bois au canton dit Kaegelsgraben am Kegelgraben
- le pont de bois appelé Metzgergass Brücklen
- le pont de bois sur le rempart
- le pont de bois appelé Kaesselgasslen Bruck (Kapelgasslen?)
…/…
- les deux ponts de pierre dit Wassergarthen et Seegmatt
- le pont de pierre auprès la porte de Cernaÿ appelé Feürbächlen Brucklen
- les deux ponts de pierre dans la ville appelé Hechtenbrücklen et proche la rue des Prêtres
- le pont de bois auprès de l’hospital
- le pont de pierre entre les deux portes de Brisach allant sur le rampart
(Dans la suite du texte il sera fait mention des deux ponts proches du moulin dit beÿ der Hummel Mihl)
- plus les murailles extérieures à l’entour servantes de la clôture de la ville
Nota : les murailles intérieures d’icelles étantes à la charge du seigneur
- les deux fontaines sur les deux places publiques; outres les deux fontaines, il se trouvent encore à l’entretient de la ville quinze puits dans différentes rües publiques de la ville.
- plus huit écluses tant grands que petits pour arroser les preries du banc
- et finalement le pavés de la dite ville.
S’ensuit le détail du bien ou mauvais état dans lequel se trouvent les dits bastimens, maisons, ponts, et autres édifices mentionnés cÿ d’autres part…
A.M.R. DD 28 26 juillet 1752
La suite donne le détail des travaux à exécuter sur tous ces ouvrages, ainsi qu’une estimation des matériaux nécessaires et du coût des travaux.
[1] la chapelle RETTICH
[2] la porte Riss
[3] environ 175 mètres !