Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
La forge de Vulcain Velasquez 1630
Corporation, tribus, poêle et confrérie.
Dans des articles précédents, nous avons souvent évoqué les corporations et les confréries présentes à Rouffach depuis le Moyen-Âge. Ces corporations et les confréries ont une importance considérable dans la vie de la cité et il est indispensable de bien en comprendre le fonctionnement. Nous consacrerons une série d'articles sur le sujet, tous basés sur des exemples concrets puisés dans les archives de la Ville.
Le présent article s'intéresse à l'un des plus anciens documents concernant le sujet, c'est un parchemin qui date de 1399 et traite de la fondation d'une confrérie des compagnons forgerons, dans l'église Sainte Catherine du couvent des Récollets.
le clocher roman de l'église paroissiale Sainte Agathe de Gundolsheim
C'est le procès d'une pauvre fille, séduite par un garçon qui lui avait promis le mariage. Mais elle s'est retrouvée enceinte et son amant l'a quittée pour s'engager dans l'armée. Une histoire malheureuse certes, mais presque banale: celle d'une fille de 26 ans, allant de place en place, vivant loin de sa famille, dans un pays qui lui est étranger: elle est originaire de Berne en Suisse et de religion calviniste... Elle ne s'est confiée à personne sur son état et sans doute ne comprenait-elle pas très bien ce qui lui arrivait, elle accouche seule, un matin froid d'octobre, dans les vignes de Gundolsheim, et elle tue l'enfant, à sa naissance.
tourelle d'accès à la tribune du jubé de l'église Notre-Dame de Rouffach ( avec le banc de communion et un luminaire, disparus...)
Dans une église, le jubé est une tribune formant clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. Il tient son nom du premier mot de la formule latine jube domine benedicere, daigne Seigneur me bénir, qu'employait le lecteur avant les leçons de Matines.
Le jubé se compose de trois éléments : la tribune (le jubé proprement dit), la clôture (dite « chancel ») et le groupe sculpté de la crucifixion, comme sur les poutres de gloire encore visibles, notamment dans les église de Bretagne, et qui sont les origines des jubés.
De la tribune, on lisait l'Évangile et on prêchait; plus tard, la chaire lui succèdera dans cet dernier emploi.
La clôture a pour fonction d'isoler le chœur (réservé aux clercs et aux seigneurs prééminenciers). Les fidèles ne voient donc pas du tout, ou très peu, le maître-autel, caché par les arches et éventuellement le mur arrière du jubé.
La réforme liturgique, suscitée par le concile de Trente (1545-1563), a contribué à la transformation de l’architecture des églises. En effet, elle a voulu que les fidèles participent plus à la liturgie. Cela a entraîné entre autres modifications la suppression progressive des jubés , celle de la clôture, et dans les constructions neuves, le remplacement des églises à trois nefs par des églises à nef unique plus favorable à la participation liturgique.
Du jubé du XIVème siècle de Rouffach, démoli en 1718, ne subsistent que deux tourelles à l’entrée du chœur. Aucune image ni description précise ne nous sont parvenues à son sujet. A quoi pouvait-il bien ressembler? Seuls les contrats passés avec des artisans maçons pour sa démolition nous permettent de répondre, très partiellement, à cette question.
Fastentuch ou Hungertuch de la cathédrale de Fribourg en Brisgau
Dans L’Urbaire de la Ville de Rouffach, Jean-Simon MÜLLER évoque un événement douloureux de l’histoire de la ville : en 1347, Rouffach connut une année de grande famine à la suite de mauvaises récoltes Mangel der Erdfrüchten , pénurie des fruits de la terre. Pour que cet événement dramatique reste à jamais dans les mémoires des habitants de la ville zue ewiger Gedechtnus, les bourgeois de Rouffach collectent de l’argent et font confectionner une grande tenture qu’ils firent suspendre dans l’église paroissiale et sur laquelle ils firent inscrire :
Anno 1347 ist ein grosser Hunger undt Mangel der Erdfrüchten in der Stadt Ruffach gewessen.
Cette tenture fut exposée tous les ans pendant le temps du Carême et c’est pour cette raison qu’on l’appela Fastentuch mais aussi Hungertuch .
monument de la famille ROTH au cimetière de Rouffach
Après un premier article consacré à François-Xavier FRIEDERICH et un second dédié à la famille de sculpteurs BARTA-EBERT, François BOEGLY nous a livré une biographie sommaire de Friederich HANNER, dit Fritz, sculpteur à Rouffach. Nous terminons avec le présent article la série consacrée aux sculpteurs ayant œuvré à Rouffach au XIXème siècle: François BOEGLY nous y présente une biographie sommaire de la famille ROTH, qui bien que n'étant plus représentée à Rouffach, est encore la seule à poursuivre l'activité de sculpture, sans discontinuité, depuis le début du XIXème siècle.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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