Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
La cave des Hospices de Strasbourg abrite le plus vieux vin au monde, un blanc né en 1472.
photo dans Christophe Reibel La Vigne - Vitisphere le 22 janvier 2015
Le vin a une importance considérable dans l’économie de Rouffach dès le haut Moyen-Âge et il participe à la richesse et à la renommée de la ville. C’est une source de revenus pour le peuple, c’est une source de richesse pour les bourgeois et surtout pour les nombreuses cours appartenant à de riches abbayes parfois lointaines qui perçoivent les revenus des terres qu’elles possèdent à Rouffach, ainsi que pour le seigneur de la ville, l’évêque et les chanoines du grand chapitre qui perçoivent la dîme en vin.
De ces cours, dont certaines sont mentionnées dès la fin du 7ème siècle, il subsiste encore des traces dans l’architecture ou la toponymie de la ville, telles les rues de Pairis et de Lucelle, ou le fenestrage gothique de la galerie de l’étage de la cour d’Eschau, visible depuis la Promenade des Remparts.
En 640 selon Sebastian Münster, 662 selon T. Walter ou 675 selon Grandidier, Dagobert donne à l'Eglise de Strasbourg une curtis [1] in pago qui vocatur Rubiaca. Le récit de cette donation ne repose sur aucune charte authentique retrouvée et relève de la légende. Cependant, elle a bien eu lieu: à quel moment, par qui, le mystère demeure...
Rapidement, ce domaine s'étendra et sera progressivement découpé en parcelles plus ou moins importantes, qui seront offertes, avec terres, vignes, habitat et habitants, par les évêques successifs, à des communautés religieuses qui les feront fructifier et en tireront leur revenu.
Le lecteur trouvera ci-après une liste, non exhaustive, de ces abbayes, couvents, commanderies, prieurés, qui ont été les premiers propriétaires, et viticulteurs, de nos vignes, les domaines du Vorbourg, Galg Buehl, Leimen, Rot Mürle, Bollenberg, Schlittweg, Sanct Lendelin...
Figure 1. 8-10 rue Rettig. Le bâtiment annexe en pan-de-bois, interposé entre la grande maison de 1573 et à droite le logis XIIIe s./XVe s.
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Le regretté Henri Bannwarth avait entrepris l’ambitieuse restauration de sa maison Renaissance à tourelle, 8-10 rue Rettig à Rouffach, l’une des plus fastueuses de son époque. La date 1573 figurant sur le porche sur la rue est vraisemblablement aussi celle de la construction du logis en pierre. Ce dernier est flanqué, côté rue, d’un bâtiment annexe constitué d’un étage en pan de bois au-dessus d’un porche charretier. Cette petite construction, pouvant dater elle-aussi de la deuxième moitié du XVIe s. ou du début du XVIIe s vient s’interposer entre le logis de 1573 et une maison plus ancienne attribuée au XIIIe s [i]. Sa toiture a également été rénovée par Henri Bannwarth. Il est envisageable que lors de ces travaux, les tuiles de ce bâtiment aient été remployées pour la couverture de l’annexe en pan de bois. Ces travaux n’étant pas très anciens (vers la fin des années 1970 ?) peut-être un lecteur d’Obermundat pourra-t-il nous aider à préciser ce point.
Intérieur de l'église de Rouffach Lithographie Engelmann (1828 ?)
Septembre 1664 ... le curé de Notre-Dame, Johann Jacob WINTZ [1], se plaint auprès du Magistrat de la Ville que les habitants de la cité fréquentent peu les offices religieux et les « Predigt » Cette « Predigt » précède généralement d’une heure « das Amt », la grand-messe. On serait tenté de traduire Predigt par sermon ou homélie,il s’agit plutôt d’une heure d’instruction religieuse, de catéchisme… par un Prediger, un prédicateur, qui n’est pas nécessairement le Pfarrherr qui, lui, officiera pour la messe, das Amt, qui comportera une homélie, un sermon, également proclamé en chaire. Et il demande au Magistrat de mettre fin à cette situation, au plus vite.
J'ai rencontré Jacques après la conférence qu'il avait donnée en octobre 2016 pour la société d'Histoire et d'Archéologie du Bailliage de Rouffach. Elle portait sur Johannes Remus Quiétanus (1588-1654) que j'avais sottement qualifié de "médicâtre ignare", dans un courrier que j'avais adressé à Jacques peu avant la conférence
Dans une vie, on n'a que rarement la possibilité de s'approcher de très près d'un détail architectural, d'une clé de voûte ou des sculptures d'un chapiteau pour en examiner les moindres détails. On m’a offert cette possibilité de suivre le chantier de restauration du chœur de notre église. C'est une merveilleuse occasion de rencontrer les artisans de cette magnifique entreprise et de voir de près ce que je n'avais pu apercevoir jusque-là que de loin aux jumelles ou au téléobjectif.
La restauration extérieure du chevet est désormais terminée et les travaux portent maintenant sur la restauration intérieure. D’imposants échafaudages et une vaste plateforme permettent l’accès à toutes les parties de l’édifice. Les quatre consoles du chœur, les décors peints de la voûte sont à portée de mains des restauratrices et restaurateurs qui s’emploient à les dépoussiérer et à les débarrasser des badigeons et des enduits antérieurs.
J’ai pu m’entretenir avec Carla Labouré Almeida, créatrice avec son époux Martin Labouré de Mescla Patrimoine, tous deux experts en restauration du patrimoine. Sur la plateforme, au sommet des échafaudages, Maxime (décor peint), dépoussière le décor peint de la voûte (la couleur bleue des voûtains). Carla quant à elle, termine le nettoyage des quatre consoles basses et vient d'entamer la minutieuse restauration de la première clé de voûte ouest du chœur.
Il n’est évidemment pas possible d’ouvrir cet espace au public. Aussi, je partage avec plaisir avec les lecteurs d’obermundat.org les découvertes que l’on m’a permis de faire et les quelques commentaires qu’elles m’inspirent : on ne peut pas garder de tels moments de découverte et de bonheur pour soi !
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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