Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Saint Valentin, sur le plan de Sebastian Münster
Pour le plaisir de lire, dans le texte, Materne Berler, chroniqueur né à Rouffach, nous vous proposons quelques paragraphes de sa célèbre chronique, rédigée entre 1510 et 1530, dans lesquels il raconte l’histoire du couvent saint Valentin de Rouffach. Nous les avons laissés dans leur langue d’origine, l’allemand de l’Alsace du 16ème siècle : les lecteurs germanophones n’éprouveront aucune difficulté dans cette lecture. Berler n’est pas historien, il est comme beaucoup de ses contemporains l’étaient, un auteur compilateur. Ainsi par exemple, lorsque dans sa chronique, il évoque des phénomènes étonnants, comme l’apparition dans le ciel de l'année 1152 de trois soleils, il n’a évidemment pas été le témoin de ce prodige, il n’en a pas non plus trouvé la trace dans un document d’archive du milieu du douzième siècle. Il reproduit là tout simplement un épisode qu’il a lu dans un ouvrage ancien, une chronique peut-être, qui l’a marqué suffisamment pour qu’il juge utile de le noter dans sa propre chronique pour le faire connaitre à ses lecteurs.
Le 27 août 1745, le soir entre 20 et 21 heures, la foudre s’abattit sur la maison de la compagnie des Tireurs de Rouffach. L’incendie qui s’ensuivit détruisit de fond en comble cette maison, rien n’échappa au sinistre. Disparurent entre autres choses toutes les archives, les chartes attestant les droits et les privilèges de la compagnie depuis ses origines, ses statuts et ses règlements. Le greffier qui relate cet événement dans les premières pages d’un nouveau registre, le décrit comme une manifestation de la toute-puissance du Dieu très haut :
Obersultz, dans A.D.H.R. Evêché de Strasbourg 3 G / 54 1695
En 1695 l’abbaye de Murbach porte plainte à la Régence de l’évêché de Strasbourg de ce que la ville de Soultz exige d’eux les droits de péage, pontonage et du pied fourchu.
Au premier plan deux épileptiques, à l'arrière plan des membres de leur famille avec des offrandes. Au bas, les armes du prieur Johann Sansetti (1465-1506)
Dans sa Chronique (entre 1510 et 1530), Materne BERLER raconte comment fut fondé le prieuré saint Valentin de Rouffach et comment il devint rapidement un lieu de pèlerinage réputé pour la guérison de l'épilepsie. Materne Berler n'est pas historien, il rapporte ici un récit populaire, dont nous verrons dans un article ultérieur qu'il ne correspond qu'à une très lointaine réalité. Mais laissons nous charmer par une légende, bien fixée dans la tradition, maintes fois reprise par les folkloristes. Auguste Stoeber (1808 - 1884) poète et folkloriste alsacien, également théologien protestant, archéologue et historien, a donné de ce texte une version à laquelle nous renvoyons nos lecteurs dans Légendes d'Alsace, traduction de Paul Desfeuilles, édition scientifique Françoise Morvan, Rennes, éd. Ouest-France, 2010, 410 p.
Nous proposons à la suite du texte allemand de Berler une traduction, bien moins fleurie et poétique que celle que l'on trouvera dans l'ouvrage d'Auguste Stoeber...
Malades implorant Saint Valentin Vitrail de l'église Notre-Dame de Rouffach bras sud du transept
Personne n'ignore, au moins l'espère-t-on, qu'il existait à Rouffach jusqu'à la fin du 18ème siècle, au pied du château d'Isenbourg, un prieuré bénédictin fondé au 11ème siècle qui devint rapidement un lieu de pèlerinage célèbre à travers toute l'Europe d'alors: il accueillait les épileptiques et leur famille qui venaient prier et implorer la guérison de leur mal devant les reliques de saint Valentin. Au 15ème siècle, on construisit un hôpital spécialisé pour l'accueil et les soins de épileptiques qui aurait même été le premier de ce type. L'hôpital ferma au siècle suivant et le site disparut avec la Révolution française.Il n'en reste aujourd'hui que le souvenir: une rue, la rue du Prieuré, un grand vitrail représentant saint Valentin dans l'absidiole du transept sud et, dans la même absidiole, un buste-reliquaire en bois doré du 18ème siècle, représentant saint Valentin, provenant de l'ancien prieuré. Sans oublier une grande toile en attente de restauration, Saint Valentin et l'épileptique, provenant elle aussi du même prieuré.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2025 Obermundat