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Pierre Paul Faust: A Rouffach, la splendeur de l’ancien
Journal l’Alsace mercredi 22 février 1989
L'ancienne splendeur de Rouffach se reflète dans son patrimoine architectural. Ancienne capitale des possessions des princes- évêques de Strasbourg en Haute-Alsace on ne s'étonnera pas d'y trouver quelques édifices dignes de son rang. L'art de bâtir de ses maîtres d’œuvre vaut à notre cité le surnom de « Ville de la Renaissance », Renaissance qui fut en effet l'âge d'or de Rouffach. Parmi les témoins de cette époque l'ancien hôtel de ville est le plus marquant. Situé favorablement dans le cadre monumental qui entoure la place de la République, entre la tour des Sorcières et l'ancienne maison de recette du grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg (presbytère), il capte le regard du visiteur par ses pignons à volutes. A première vue il semble appartenir à une même époque. Cependant, près d'un siècle et demi sépare les deux éléments qui forment le bâtiment actuel.
La partie la plus ancienne est celle accolée à la tour des Sorcières. C'est la façade arrière, vers les Remparts, qui donne une idée de l'état primitif. Les anciennes gravures montrent ce premier bâtiment avec ses deux pignons en escalier de style gothique tardif. La ville prenant de l'importance, il fallut agrandir l'hôtel de ville (Rathaus). Cette entreprise fut confiée en 1581 au maître d'œuvre municipal Franz Baur. Il était originaire d'Ulm.
Initiales de Franz Baur et son signet photo g.m.
C’est à lui que nous devons quelques demeures remarquables qu'il édifia durant sa carrière rouffachoise de 1577 à 1591. Il ajouta au bâtiment existant un deuxième de même volume dans ce beau style de l'époque. Le rez-de-chaussée servait comme salle de fêtes à l'occasion des réjouissances publiques. L'étage était réservé à l'administration municipale. C'est là que siégeait le conseil, pour les grandes réunions dans la salle de l'aile droite et pour les séances normales dans la salle de gauche. Ce dernier local communiquait avec le dépôt voûté des archives. La double arcature des fenêtres retombe sur une colonne médiane de très belle facture qui porte le signet lapidaire de Franz Baur et la date de 1581. L'écusson de la ville qui ornait le chapiteau a malheureusement été détruit lors de la Révolution. Dans son pignon arrière, le bâtiment porte deux meurtrières arrondies qui permettaient le tir par des bouches à feu par-dessus le mur d'enceinte extérieur qui se dressait sur le tracé de la promenade actuelle.
Deroy Isidore Laurent 1828 (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg,)
Revenons au bâtiment primitif qui flanque la tour des Sorcières. Au début du XVIII* siècle, il fut gravement endommagé par un incendie qui détruisit son pignon avant. Ce fut le maître d'œuvre municipal Jean Bisatz qui le restaura de 1718 à 1721. Il s'inspira amplement de l’œuvre de son prédécesseur Baur ce qui donne à l'ensemble cette impression d'homogénéité architecturale. Le fenestrage de la salle du premier étage est décoré de deux colonnes de soutènement dont les éléments héraldiques furent également détériorés par la fureur révolutionnaire.
La restauration de Jean Bisatz photo g.m.
Le magistrat garda son siège dans ces locaux jusqu'au début du XIX° siècle. Puis on y installa une salle de théâtre et une salle de danse. Une institution communale y fut créée en 1822 et transformée en collège communal en 1827, qui fonctionna jusqu'en 1870 avec enseignement agricole. Remanié par l'administration allemande après 1871, l’établissement fut élevé au rang de Kaiserliche Landwirtschaftsschule qui y subsista jusqu'en 1907 comme précurseur du Lycée agricole actuel. Les locaux servirent ensuite partiellement au logement du directeur de l'école de garçons voisine, de salle d'adjudication, de dépôt municipal, etc. Le bâtiment qui sert actuellement à des utilisations polyvalentes est régi par une association de gestion mixte. Il est propriété communale et classé monument historique. La restauration récente de cet ensemble architectural exceptionnel est un apport majeur à la vie culturelle de Rouffach et à la conservation de son patrimoine.
Pierre-Paul FAUST (1923-2017)
Sources :
Archives municipales de Rouffach
Martine Lecomte Franz Baur maître d’œuvre à Rouffach de 1577 à 1591
Mémoire de maîtrise d’histoire de l’art 1980
Dictionnaire du Haut-Rhin, tome 3
Enseigne du poêle de la Tribu A l'Eléphant, 4 rue de la Poterne,
une œuvre de Frantz Baur, bûchée à la Révolution ... photo g.m.
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Pierre-Paul FAUST (1923-2017)