Fidèle à ses engagements, l'équipe Rubiacum rend très régulièrement compte de ses activités dans les pages de obermundat.org
La troisième campagne qui vient de s'achever a été particulièrement riche en découvertes, dont Carla Heym nous propose ci-après un court aperçu:
Peut-être les avez-vous remarqués, discutant de façades, de charpentes ou d'architecture médiévale dans les rues de Rouffach; l'équipe universitaire du projet Rubiacum a mené sa troisième campagne d'étude la semaine passée. En voici les principales découvertes:
- Une maison située rue du Marché et construite sur l'Ohmbach apporte de nouveaux questionnements. En effet, l'Ohmbach y passe en souterrain, ce qui a lieu d'étonner puisque le canal était à ciel ouvert sur presque tout son parcours à travers la ville. Qui a donc le droit de construire sur l'Ohmbach? S'agit-il d'un phénomène moderne, pour gagner plus de place dans une zone urbaine déjà densément construite, ou bien d'un bâtiment industriel nécessitant un accès continu à de l'eau dès le Moyen-Age, comme une tannerie ou une boucherie?
- Les extérieurs d'une maison étudiée Place de la République orientaient la datation au 16ème siècle. Mais la charpente parfaitement conservée est issue du milieu du 15ème siècle! Les datations par dendrochronologie permettront la confirmation de cette estimation. Un fait étonnant sur ce bâtiment est que la charpente fut dès le début séparée en trois espaces distincts. Cela indiquerait-il une maison construite pour plusieurs branches d'une même famille, aux logements séparés jusque dans les combles? Ou peut-être de larges espaces de vie destinés à la location, phénomène peu étudié mais connu dès le Moyen-Age?
- L'équipe a pu visiter la maison correspondant aux derniers vestiges du prieuré Saint-Valentin, située au 7 rue Raymond-Poincaré. Celle-ci conserve des éléments remontant à sa construction au 15ème siècle tels que des solives de plancher ou des encadrements de fenêtre. Le bâtiment, d'une cinquantaines de mètre de longueur avant son démantèlement partiel, est appelé "Tumbelstall" et "Tommelstall " dans les sources du 18ème siècle; sa fonction d'origine reste à déterminer. Une belle découverte lors de cette première visite fut que des éléments de l'ancienne charpente ont été réutilisés dans la maison voisine, au 9 rue Raymond Poincaré. Espérons donc que l'ancienne charpente du "Tumbelstall" pourra être datée par dendrochronologie, même si elle n'est plus sur son bâtiment d'origine!
- L'équipe a visité l'Eglise des Récollets dans sa globalité, et fut agréablement surprise d'observer que la charpente du bas-côté sud semble être médiévale. Il faudra procéder à une analyse plus poussée afin de retracer l'histoire de la construction de ce formidable monument.
Photo G.M.
Thomas Eissing et Jonas Senghaas à l'œuvre dans le cloître des Récollets, intrigués par plusieurs tasseaux de bois scellés à égale hauteur dans le mur du cloître. Certains sont encore munis d'une pièce de fer qui aurait pu servir d'ancrage à des dalles ou pierres tombales exposées le long du mur? Pour tenter une datation de ces pièces de bois, les scientifiques ne procèdent pas, ici, à des carottages, mais à un rafraichissement de la tranche suivi d'un ponçage qui fait apparaître les cernes du bois, ici du sapin. L'ensemble est mesuré et photographié et les images seront analysées en laboratoire. (note G.M.)
Photo G.M.
Chaque nouvelle campagne d'étude se termine par une conférence à l'Ancien Hôtel de Ville de Rouffach, abordant un sujet particulier de l'histoire de la construction et des informations sur le projet. La semaine fut cette fois-ci close par l'exposé de Tilmann Marstaller sur l'histoire de la charpente. Tilmann Marstaller, membre de l'équipe en tant qu'archéologue du bâti et dendrochronologue dans le sud-ouest de l'Allemagne, a présenté aux Rouffachoises et Rouffachois ainsi qu'à tous les intéressés présents le vendredi soir une évolution des techniques de construction liées à la charpenterie. La conférence fut menée en langue allemande, accompagnée d'une traduction "simultanée" par Carla Heym, et ne présenta que des exemples rouffachois, documentés lors des premières campagnes d'études. Carla Heym présenta ensuite les dernières avancées du projet tel que le travail avec les plans anciens de Rouffach et les résultats de la précédente campagne d'étude. Une petite centaine de personnes vint assister à la conférence, ce qui montre à nouveau le profond intérêt du public pour Rouffach et son patrimoine exceptionnel.
La prochaine conférence aura lieu fin mai 2025 et traitera du patrimoine viticole alsacien; la date exacte sera communiquée dès sa confirmation.
Carla Heym
Photo G.M.
Carla Heym et Jonas, dans la maison-tour de la rue Rettig, vraisemblablement la plus ancienne maison de Rouffach et une des plus anciennes d'Alsace: l'échelle était un peu trop courte et ne permettait pas, ce jour là, d'atteindre les pièces de bois supérieures dont l'étude dendrochronologique pourrait permettre une datation précise. Cette maison fera l'objet d'une étude lors d'une prochaine campagne et réservera sans doute son lot de surprises... (note G.M.)
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