Lorsque l'on examine une carte hydrographique de la région de Rouffach, [1] le discret Lohgraben, même lorsqu'il est promu au rang de Lohbach, [2],[3] n'attire pas particulièrement l'attention. Pourtant, ce cours d'eau est bien plus long et a un débit bien plus important que l'Ohmbach. [4] C'est que le Lohbach est un affluent de la rive droite.[ 5] Il se jette dans la Lauch loin des regards alors que le souvenir de l'Ohmbach, dont un bras traversait Rouffach jadis, est encore présent dans la ville. De plus, l'appellation Lohbach (parfois Lonbach) n'apparait que dans la forêt de Merxheim, lorsque confluent le Durbach et le Waldbach, pseudonymes locaux du Rimbach et du Wuenheimerbach, tous deux issus de la partie méridionale de l'Obermundat.
En allant de Merxheim à Meyenheim, on franchit le DURBACH (photo ci-dessus), puis le WALDBACH (photo ci-dessous) vus ici vers l'aval. Leur réunion, un peu plus au nord, forme le LOHBACH Photos DH mars 2015
Le Rimbach
Le Rimbach est le principal contributeur du Lohbach. Il se forme au-dessus du village du même nom, [6] mais sur le ban de la ville de Soultz, par réunion de trois ruisseaux qui descendent des pentes du Grand Ballon à proximité de l'ancien site verrier de la Glashütte. Le Rimbach passe ensuite au sud du village, s'oriente au sud-est et longe une ancienne carrière de porphyre.[7] Plus bas, des aménagements hydrauliques ont longtemps permis l'utilisation de l'énergie du torrent par plusieurs usines dont l'histoire a été étudiée par B. Risacher. [8] Parmi elles, Althoffer (textiles techniques) est toujours en activité au pied du promontoir de Rimbach-Zell. Et à Jungholtz, des bâtiments des trois fabriques de broches - anciennement Latscha [9] - sont toujours présents, de même que les deux autres composantes habituelles des communes industrielles : les logements ouvriers et la villa patronale.
Après Jungholtz, la vallée s'ouvre sur la plaine et la vigne fait son apparition. Torrentueux jusque-là, le cours du Rimbach devient moins rapide. Cependant, plusieurs moulins et scieries établis sur des dérivations y ont longtemps profité de sa force.
A Soultz, jadis siège d'un bailliage de l'Obermundat, qui conserve de nombreux bâtiments remarquables, le Rimbach se divise en deux bras : l'un coule au pied du rempart alors que l'autre, régulé par une vanne et appelé Bachgraben, entre en ville par la rue du Fossé. Plus loin ce canal, tantôt caché, tantôt visible, retourne au cours principal. [10] Soultz, contrairement à Rouffach, a donc conservé son canal urbain.
Le Rimbach quitte la ville près du site de l'ancien abattoir, [11] longe les forêts au sud d'Issenheim puis passe au nord de Raedersheim. De là il se dirige vers Rouffach et la Lauch sous d'autres noms.[12]
A Soultz, le RIMBACH coule au pied du rempart (ci-dessus, rue du Château-Fort, vue vers l'amont), mais une dérivation canalisée, le BACHGRABEN, suit la rue du Fossé (ci-dessous, vue vers l'aval). Photos DH ; Avr. 2016.
Le Wuenheimerbach
Le Wuenheimerbach est le deuxième contributeur du Lohbach. Il se forme à partir de deux ruisseaux et de leurs nombreux affluents dans la Forêt reculée de Soultz, [13] au nord de l'Hartmannswillerkopf. Il coule vers l'est en direction de Wuenheim qu'il contourne par le sud, puis, entre Hartmannswiller et Bollwiller, conflue avec le petit Fridolinsbach, venu d'Ollwiller, dont il prend le nom. Il traverse ensuite Bollwiller entre l'ancienne cité des mines et le château. A Feldkirch, il reçoit le Katerinenbach,[14] un cours d'eau de plaine venu des confins de Staffelfelden et d'Uffholtz par Bollwiller où on l'appelle Dorfbach. Après Feldkirch, le ruisseau passe entre Raedersheim et Ungersheim en changeant encore de nom, [15] puis se dirige vers la forêt de Merxheim où il rejoint le Rimbach.
Le WUENHEIMERBACH dans les hauts de Wuenheim (ci-dessus, rue du Vieil-Armand, vue vers l'amont) et le pont du FRIDOLINSBACH à Hartmannswiller (ci-dessous, Grand-rue, côté aval). Photos DH ; Avr. et Fév. 2016.
Affluents et aménagements
Le Rimbach et le Wuenheimerbach ont d'autres affluents que ceux déjà mentionnés. [16] Ainsi le Lautenbaechlein – ou, selon une appellation ancienne, le Lautenbachlé – rejoint le Rimbach en rive droite, peu avant Jungholtz. Dans ce village, le Rimbach reçoit également un ruisseau issu du court vallon qui héberge la basilique baroque de Thierenbach.
Dans la plaine, le réseau hydrographique, bien que simplifié par rapport à ce qu'il était il y a quelques décennies, reste complexe de par la présence de ruisselets, de dérivations et de fossés, parfois busés, [17] parfois interconnectés. Là où Rimbach et Wuenheimerbach se rapprochent, on peut mentionner le Rohrgraben, le Dorfbach de Raedersheim, le Scheidbach,[ 18] et juste avant le confluent du Lohbach avec la Lauch, le Rinnengraben. Le Sumpfen et son prolongement le Wohlbach, un défluent du Wuenheimerbach vers la Vieille Thur, est rarement en eau, si tant est qu'il le soit encore parfois (mais voir Réf. 20).
Des aménagements destinés à prévenir les inondations ont également été mis en place. Ainsi, le fossé de décharge du Wuenheimerbach, qui passe entre Soultz et Bollwiller, permet en cas de crue de détourner de ce village une partie du flot.[19] Et le bassin écrêteur de crues de la forêt de Gundolsheim, mentionné par L. With dans son étude sur les inondations de la Lauch,[20] pourrait recevoir les eaux du Lohbach si cela s'avérait nécessaire, bien qu'il soit principalement destiné aux eaux de la Lauch.
Denis Heissler
Références bibliographiques et notes
[1] Par exemple : R. Baerel, "Rivières - Ruisseaux - Canaux - Fossés et sources sur la commune de Rouffach au début du XIXe siècle". Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Canton de Rouffach, 2009, n° 3, 22-23.
[2] Graben : fossé ; Bach : ruisseau.
[3] Il existe au moins deux autres cours d'eau appelés Lohbach en Alsace. L'un est un affluent de la Fecht près de Guémar (il était à sec lors d'une visite au printemps 2018), l'autre est un affluent de la Zorn à Saverne.
[4] De la source du Rimbach au confluent du Lohbach avec la Lauch, la longueur du cours d'eau est d'environ 25 km. Pour les débits de la période 1971-1990, voir :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/lohbach.pdf
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ohmbach.pdf
[5] On franchit le Lohbach lorsqu'on emprunte la route de Gundolsheim à Munwiller.
[6] Aujourd'hui Rimbach-près-Guebwiller, pour éviter la confusion avec Rimbach-près-Masevaux.
[7] Le porphyre est ici une roche dure vendue surtout sous forme concassée pour la construction des routes, le ballast des voies ferrées, etc… Les granulats franchissaient le Lindkopf, pour rejoindre la vallée de la Lauch, dans des bennes circulant sur un câble aérien. Là, entre les gares, aujourd'hui disparues, du Heissenstein (ville haute de Guebwiller) et de Buhl, un embranchement ferroviaire privé permettait leur chargement sur des wagons. La carrière a été exploitée jusqu'en 1956.
[8] B. Risacher. "Les mutations successives d’un espace enclavé et déshérité : Industrialisation et désindustrialisation dans la vallée du Rimbach du XVIIIe siècle à nos jours." Thèse de doctorat. Université de Haute Alsace - Mulhouse. 2010. NNT : 2010MULH3034. tel-00643694v2.
[9] Il s'agit de la Schliff, au-dessus du village, et des usines dites "du haut" et "du bas" dans le village même. La société Latscha, fondée en 1835, a vendu dès 1906 la Schliff qui deviendra, pour un temps, un tissage de coton. En 1920, elle a cédé les deux usines de Jungholtz à la Société alsacienne de construction mécanique (SACM) de Mulhouse qui les a conservées jusqu'en 1978. D'autres activités lui ont succédé. Voir Réf. 8.
[10] Avenue Charles de Gaulle, près du pont vers la rue du Moulin.
[11] Actuellement occupé par les ateliers municipaux.
[12] Scheidgraben, puis Durbach, puis Lohbach.
[13] La Forêt reculée de Soultz est une partie du ban de Soultz qui est séparée de la partie urbaine par les communes de Wuenheim et de Jungholtz, deux villages qui faisaient partie de Soultz jusqu'en 1832 pour le premier et jusqu'en 1880 pour le second.
[14] Pour le Sandre (Service d'administration nationale des données et référentiels sur l'eau), le petit Katerinenbach s'appelle le Lohbach de son origine jusqu'à la Lauch et les autres cours d'eau mentionnés ci-dessus sont ses affluents.
[15] Brucklebach, puis Waldbach.
[16] Das Reichsland Elsass-Lothringen. Dritter Theil. Ortsbeschreibung. Zweite Hälfte. Heitz & Mündel - Strassburg, 1901-1903, p. 1231. Article "Wunach". Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Cet article énumère les nombreux affluents du Wuenheimerbach au début du XXe siècle.
[17] Une buse est un conduit de gros calibre permettant l'écoulement de l'eau. Un cours d'eau qui circule dans un tel conduit, généralement enterré, est dit busé.
[18] Le Rimbach est mentionné comme sous-affluent du Wuenheimerbach dans la Réf. 16 : on y indique qu'il se jette dans le Rohrgraben prolongé par le Scheidbach, lui-même affluent du Wuenheimerbach. Le cours actuel du Rimbach via le Scheidgraben, et non plus le Scheidbach, est donc un aménagement du XXe siècle. On peut le vérifier sur le site Remonterletemps.ign.fr
[19] F. Bohn, "La déviation du Wuenheimerbach en fonction". Babbaschlacker - Bulletin municipal de la ville de Soultz, Juin 2012, n° 44, 13.
[20] L. With. "Approche géohistorique de la gestion et de la prévention du risque d’inondation : le cas de la vallée de la Lauch (Haut-Rhin) de 1778 à nos jours." Thèse de doctorat. Université de Haute Alsace - Mulhouse. 2014. NNT : 2014MULH4452. tel-01591310. p. 515.
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