Eigentliche abbildung der fürnembsten und merckwürdigsten Sachen, welche in dem Africanischer Capo Bona Sperance und in den orientalischen Indien gefunden werden, bestehende in allehand Nationen, wunderbahren Thieren und frembden erdgewächsen, aufgemerckt und zusammen getragen durch
Georgium Franciscum Müller,
von Ruffach aus dem Elsas
Anno 1681
Les pérégrinations d'un globe-trotter rouffachois...
Je suis retombé récemment sur les notes, les documents et les articles que j'avais rédigés il y a quelque temps, au sujet d'un personnage étonnant , natif d'Ensisheim mais qui n'a cessé de proclamer dans ses carnets son attachement à Rouffach, où il avait été élevé et qu'il appelait "mein[e] geliebte Geburtsstadt Ruffach": Frantz Georg MÜLLER.
Le 9 janvier 1646, Frantz Georg quitte Rouffach et part découvrir le vaste monde: un périple qui l'amènera à travers les mers et les océans et le conduira à Batavia, le siège de la Compagnie néerlandaise, l’actuelle Jakarta, capitale de la république d’Indonésie, où il restera 13 ans comme soldat. Il s’engage dans la Compagnie néerlandais des Indes orientales le 13 octobre 1669, à l’âge de 23 ans.
D’une insatiable curiosité, il décrit minutieusement dans son Récit de voyages, un carnet relié de près de 500 pages manuscrites, conservé sous le titre Müllers Reise Beschreibung nach Batavia, les paysages, les hommes, les animaux et les plantes qu’il a pu observer au long des vingt-trois ans, quatre mois et un jour de son périple au-delà des océans.
Les dessins aquarellés de son carnet de voyage, bien connus des ethnographes, zoologues et botanistes, sont des documents rares et précieux. Ils décrivent son voyage vers l'Afrique du Sud et l'Indonésie de 1669 à 1682, offrant un aperçu visuel des lieux, de la faune et de la flore, des personnes et des cultures rencontrées à cette époque.
Même s'il n'est pas natif de Rouffach ce personnage pittoresque mérite d'être connu à Rouffach et devrait figurer dans la liste des personnages illustres de notre ville ...
Je vous propose ci-après, un article sur Frantz Georg MÜLLER, publié dans ces pages en avril 2018, mais toujours d'actualité ! Il est bon, parfois, de rafraîchir sa mémoire...
g.m. 10/09/2025
Je suis né à Ensisheim le 4 octobre 1646, mais ma vraie patrie est Rouffach, où j'ai grandi dans la maison paternelle. Tout petit déjà je rêvais de voyages et à quatorze ans j'ai quitté la maison familiale de Rouffach pour partir à la conquête du monde.
l'apprentissage à Rouffach
J'avais appris le métier de Büchsenschmied, c'est à dire facteur d'armes à feu, couleuvrines et arquebuses. J'ai voyagé, de maître en maître, en passant par Breisgau, Mayence, Trêves et Cologne, puis l'Autriche, la Hongrie et l'Italie. Appelé par la mer et les contrées lointaines, je partis pour la Hollande pour m'engager dans la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, le 13 octobre 1669.
au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales: l'Afrique du Sud, l'Indonésie, Java et Batavia...
Puis ce fut l'aventure: les Canaries, le Cap Vert, le Cap de Bonne Espérance, la ville du Cap où je séjournai deux mois, puis les côtes australiennes et enfin l'Indonésie, Java et Jakarta où je restai douze ans. En 1682, après un voyage de près de 10 mois, je revins à Amsterdam où je quittai définitivement la Compagnie qui me versa ma solde.
le pèlerinage à Rome
Quelques années plus tard, j'entrepris un long pèlerinage à pied qui me mena de Cologne à Rome. Puis j'entrai au service personnel de Colomban d'Andlau, moine de Saint Gall, abbé du couvent de Marbach. Je suivis Colomban au couvent de Marienberg et j'y ai acquis le droit d'y résider, même après le décès de mon Maître.
G.F.M. se représente en pèlerin sur la route de Rome, un voyage qu'il effectua pieds-nus... Il ajoute la note suivante:
Damit wirdt Deiner baldt vergessen
Eben als wers Du nit gewesen
Darumb gedenck stets ahn dein Endt
Befehl dein Seel in Gottes Hend
Tu seras vite oublié
Comme si tu n'avais jamais existé...
C'est pourquoi, ne cesse jamais de penser à ta fin
Et remets ton âme entre les mains de Dieu...
un carnet de voyage abondamment illustré
J'y devins une sorte d'attraction, les gens venaient de loin pour écouter les récits de mes pérégrinations à travers le monde et observer les nombreux trésors que j'en avais rapportés. D'une curiosité insatiable depuis ma petite enfance, j'avais rassemblé toutes les observations que mes voyages m'avaient permis de faire en deux carnets en prose et en vers, illustrés de nombreux dessins aquarellés représentant des spécimens des ethnies que j'ai observées, les animaux remarquables et les plantes exotiques.
L'œuvre de ce voyageur infatigable est conservée en parfait état à la bibliothèque de l'abbaye de St. Gallen. Un dernier voyage le ramène à Rouffach, où il décède, le 26 juillet 1723.
Un rouffachois de cœur et d'âme qui mérite d'être connu
J'ai depuis une vingtaine d'années, le projet de transcrire et traduire le manuscrit de cet aventurier peintre et poète, c'est un travail long et difficile pour l'un des deux carnets, qui prendra beaucoup de temps.
Mais je n'ai pas pu résister à l'envie de faire connaître aux lecteurs de Rouffach et d'ailleurs, ce personnage attachant, et son manuscrit avec ses 87 illustrations que l'on ne se lasse pas de regarder...
Bien que né "en pays étranger" à Ensisheim, mais rouffachois de cœur et d'âme, voilà quelqu'un qui mériterait d'être mieux connu et pourquoi pas d'entrer au Panthéon des célébrités de notre cité...
Je propose au lecteur le début de la préface à son récit, traduit en français:
En l'an de grâce 1646, le 4 octobre, après la naissance de notre seul et unique Sauveur Jésus-Christ, je suis né par la grâce de Dieu à Ensisheim, en Haute-Alsace, dans cette vallée de larmes. J'ai ensuite été élevé dans l'ancienne ville de Rouffach, également en Haute-Alsace. Une fois que j'eus atteint un âge raisonnable, mes parents m'ont forcé, contre ma volonté, à apprendre un métier pour lequel j'avais autant d'envie qu'un enfant pour la trique.
C'est pourquoi, dès la fin de mon apprentissage, je fus pris d'un désir et d'un besoin incroyable de voir des pays étrangers et d'apprendre de nouvelles choses. Chaque jour, je suppliais mes parents de me laisser partir, ce qu'ils finirent par m'accorder, malgré mon jeune âge et ma fougue.
Ainsi, le 9 janvier 1661, à l'âge de 14 ans, je partis de la ville de Rouffach avec tous mes jeunes compagnons, joyeusement, car je m'imaginais être un seigneur libre et ne plus porter le poids de l'enfance. Après quoi, je traversai d'abord les villes les plus importantes de Haute-Alsace, où je travaillai ici et là pendant un certain temps. Mais comme j'étais trop près de ma patrie et que l'envie de revoir le pays me faisait de l'œil, je me suis dirigé vers la Basse-Alsace et le Brisgau, puis descendu le long du Rhin en direction de Mayence, Trèves et Cologne.
Après avoir visité les plus beaux et les plus importants endroits de ces électorats et appris leurs techniques dans mes métiers, mon désir de voir toujours plus me poussa à revenir dans le Saint-Empire romain germanique. J'y ai visité avec diligence ses villes, châteaux et villages les plus célèbres, et j'ai recherché et noté tout ce qui valait la peine d'être vu.
Mais comme je pensais n'avoir pas assez voyagé en me contentant d'avoir parcouru l'Allemagne, je me suis dirigé vers l'Italie, après avoir exploré les pays autrichiens et le royaume de Hongrie en passant par le Tyrol. C'est ainsi que j'ai visité avec émerveillement la ville si célèbre de Milan. Après cela, j'ai vénéré avec la plus grande révérence et dévotion la ville de Rome, capitale du monde entier, résidence du souverain pontife et vicaire du Christ. J'y ai vu tout ce qui était saint, précieux et célèbre, autant que cela m'était permis. Après quoi, je me suis rendu dans la ville grande et riche de Venise, que je n'ai pas pu m'empêcher de décrire en détail, car il faudrait un livre entier pour le faire.
Pendant ce temps, alors que je regardais avec joie cette immense mer vénitienne et les centaines de grands et magnifiques navires et galères qui se trouvaient au port, mon envie de voyager ne se satisfaisait pas d'avoir foulé la terre des pays et des villes les plus importants d'Europe. Un désir très puissant m'a alors envahi : celui de découvrir aussi la mer, et ce que le grand large peut nous apprendre et nous enseigner par la navigation, aussi dangereuse soit-elle. Mon souhait était de pouvoir, comme peu de gens osent le faire, traverser la mer pour goûter à l'air et à la terre de l'autre monde.
Comme je n'ai pas pu trouver d'opportunité pour réaliser ce projet, j'ai décidé de retourner en Allemagne pour voyager ensuite vers la Hollande, à travers les pays et les villes que je n'avais pas encore vus, et y chercher cette occasion tant espérée.
Ainsi, après avoir passé sept ans à voyager et à exercer mon métier dans les lieux mentionnés, j'ai quitté Venise pour ma chère Allemagne et n'y suis resté que quelques mois à chaque fois, me rapprochant de plus en plus de la Hollande. La dernière fois, j'ai accepté un travail dans une ville de l'archevêché de Cologne, nommée Hildesheim, en attendant d'avoir des nouvelles de la noble compagnie de Hollande qui embauchait des soldats pour les Indes orientales,..
Gérard MICHEL avril 2018
Provenance des images:
St.Gallen, Stiftsbibliothek, Cod.Sang. 1311: Reisebuch des Elsässer Weltreisenden Georg Franz Müller http://www.e-codices.unifr.ch/de/list/one/csg/1311
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