Je suis né à Ensisheim le 4 octobre 1646, mais ma vraie patrie est Rouffach, où j'ai grandi dans la maison paternelle. Tout petit déjà je rêvais de voyages et à quatorze ans j'ai quitté la maison familiale de Rouffach pour partir à la conquête du monde.
l'apprentissage à Rouffach
J'avais appris le métier de Büchsenschmied, c'est à dire fondeur d'armes à feu, couleuvrines et arquebuses. J'ai voyagé, de maître en maître, en passant par Breisgau, Mayence, Trêves et Cologne, puis l'Autriche, la Hongrie et l'Italie. Appelé par la mer et les contrées lointaines, je partis pour la Hollande pour m'engager dans la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, le 13 octobre 1669.
au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales: l'Afrique du Sud, l'Indonésie, Java et Batavia...
Puis ce fut l'aventure: les Canaries, le Cap Vert, le Cap de Bonne Espérance, la ville du Cap où je séjournai deux mois, puis les côtes australiennes et enfin l'Indonésie, Java et Jakarta où je restai douze ans. En 1682, après un voyage de près de 10 mois, je revins à Amsterdam où je quittai définitivement la Compagnie qui me versa ma solde.
le pèlerinage à Rome
Quelques années plus tard, j'entrepris un long pèlerinage à pied qui me mena de Cologne à Rome. Puis j'entrai au service personnel de Colomban d'Andlau, moine de Saint Gall, abbé du couvent de Marbach. Je suivis Colomban au couvent de Marienberg et j'y ai acquis le droit d'y résider, même après le décès de mon Maître.
G.F.M. se représente en pèlerin sur la route de Rome, un voyage qu'il effectua pieds-nus... Il ajoute la note suivante:
Damit wirdt Deiner baldt vergessen
Eben als wers Du nit gewesen
Darumb gedenck stets ahn dein Endt
Befehl dein Seel in Gottes Hend
Tu seras vite oublié
Comme si tu n'avais jamais existé...
C'est pourquoi, ne cesse jamais de penser à ta fin
Et remets ton âme entre les mains de Dieu...
un carnet de voyage abondamment illustré
J'y devins une sorte d'attraction, les gens venaient de loin pour écouter les récits de mes pérégrinations à travers le monde et observer les nombreux trésors que j'en avais rapportés. D'une curiosité insatiable depuis ma petite enfance, j'avais rassemblé toutes les observations que mes voyages m'avaient permis de faire en deux carnets en prose et en vers, illustrés de nombreux dessins aquarellés représentant des spécimens des ethnies que j'ai observées, les animaux remarquables et les plantes exotiques.
L'œuvre de ce voyageur infatigable est conservée en parfait état à la bibliothèque de l'abbaye de St. Gallen. Un dernier voyage le ramène à Rouffach, où il décède, le 26 juillet 1723.
un rouffachois de cœur et d'âme qui mérite d'être connu
J'ai depuis une vingtaine d'années, le projet de transcrire et traduire le manuscrit de cet aventurier peintre et poète, c'est un travail long et difficile pour l'un des deux carnets, qui prendra beaucoup de temps.
Mais je n'ai pas pu résister à l'envie de faire connaître aux lecteurs de Rouffach et d'ailleurs, ce personnage attachant, et son manuscrit avec les 87 illustrations que l'on ne se lasse pas de regarder...
Bien que né "en pays étranger" à Ensisheim, mais rouffachois de cœur et d'âme, voilà quelqu'un qui mériterait d'être mieux connu et pourquoi pas d'entrer au Panthéon des célébrités de notre cité...
qui suis-je?
La réponse n'est pas très difficile à trouver, elle figure dans les images qui illustrent cet article...
Gérard MICHEL avril 2018
Provenance des images:
St.Gallen, Stiftsbibliothek, Cod.Sang. 1311: Reisebuch des Elsässer Weltreisenden Georg Franz Müller http://www.e-codices.unifr.ch/de/list/one/csg/1311