Les Archives municipales de Rouffach conservent un fonds ancien d'une richesse exceptionnelle. On y trouve en particulier un ensemble rare de 1228 parchemins dont le plus ancien date du treizième siècle, de 1270 plus précisément, et le plus récent de 1854. [1] Ces documents précieux, et fragiles, demandent une attention et un soin particulier lors de leur manipulation, en particulier ceux qui ont conservé leurs sceaux.
Nous avons choisi de présenter dans cet article, le plus ancien de ces parchemins conservés aux archives municipales de Rouffach: l'acte par lequel le chevalier Jacques de Rathsamhausen et sa famille, offrent à l'hôpital du Saint Esprit la parcelle de terre sur laquelle l'hôpital et toutes ses dépendances, chapelle, moulin, ferme, etc. avaient été construits.
[1] cf. Inventaire des Parchemins: Théobald Walter et Thérèse RUEFF Attachée de conservation du patrimoine, archiviste de la Ville
Ritter Jakob von Rattsamhausen und seine Familie schenken dem Spital zum Heilige Geiste in Rufach die Bodenfläsche, auf der es gegründet ist.
27 / 02 / 1270
Qu'est-ce qu'un parchemin?
Un parchemin est une peau d'animal, généralement de mouton, parfois de chèvre ou de veau, qui est apprêtée spécialement pour servir de support à l'écriture. Par extension, il en est venu à désigner aussi tout document écrit sur ce type de support.
L’invention en est attribuée par la légende aux habitants de Pergame, (actuelle Turquie), d’où le nom de pergamentum. Elle daterait des débuts de l’ère chrétienne et son usage est apparu en Europe au cours du VII ème siècle. Il sera abondamment utilisé pendant tout le Moyen-Âge jusqu'à ce que le papier apparaisse et le supplante. Mais le parchemin continuera à être employé bien après l’invention de l’impression sur papier, notamment pour des chartes et autres documents importants, dans lesquels ce matériau précieux et coûteux renforcera le caractère authentique, officiel et solennel : le parchemin le plus « récent » conservé aux A.M.R. date de 1854 (A / P 1163): il s'agit d'un "message" retrouvé dans le bouton sous la croix de la flèche, au-dessus de la croisée du transept et il est suivi par un autre, de 1825 (A P1162 [A DD 1]) qui est le document d’approbation des armoiries de la Ville de Rouffach par Charles X… Ces deux documents sont les seuls du dix neuvième siècle conservés aux archives de Rouffach. Du dix huitième siècle ne sont conservés que quinze documents sur parchemin, tous les autres sont antérieurs.
L'atelier du parcheminier
dans l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert
La donation de Jacques de Rathsamhausen à l'hôpital du Saint-Esprit, 27 février 1270...
A.M.R. fonds A / P1 (A / GG 56)
Nous en donnons ici la transcription par Thiébaut Walter, extraite de son ouvrage Urkunden und Regesten der Stadt Ruffach (662 -1350), page 37.
Nous faisons confiance à Walther dans cette transcription, la paléographie et l'épigraphie latine n'étant pas notre domaine ! Nous avons simplement restitué la disposition originale du texte, notamment les passages à la ligne, afin que le lecteur puisse aisément comparer la transcription avec la photographie reproduisant le parchemin original. Toute la difficulté de la lecture est dans l'interprétation des nombreuses abréviations dans le texte latin: le parchemin est cher, et il s'agit d'économiser la place ! Nous laissons également aux lecteurs latinistes le soin (et le plaisir ?) de traduire le texte... et d'en proposer une traduction, à publier dans ces pages, sous leur signature...
Der Ritter Jakob von Ratsamhausen schenkt dem Spital zum hl. Geiste in Rufach die Bodenfläche, auf der das Spital gegründet ist. - 27. Februar 1270.
Universis Christi fidelibus presentes litteras inspecturis seu audituris Jacobus, miles de Razenhusen ,
noticiam subscriptorum. Quoniam dies hominis pauci sunt et ab humana memoria facilius elabuntur ea, que uoce
testium et apicibus litterarum non perhennantur. Universorum igitur auribus tam presentium quam futurorum inculcari de -
sidero, quod ego ob devocionem et amorem, quant habeo ad hospitale sancti spiritus et ob remissionem meorum peccatorum nec
non parentum meorum eidem in Rubiaco hospitali contuli, tradidi et assignavi pio consensu et pura voluntate mee
uxoris Agnetis et mee filie Juntha nomine aream meam proprietate michi attinentem, in qua scilicet area
ipsum hospitale in Rubiaeo fundatum exstat et quam aream Petrus de Thomarkilch dictus habebat a me
quondam
libere et pacifice titulo proprietatis possidendam, hac conditione adiecta, quod prouisor seu gubernator eiusdem hospitalis,
qui tunc fuerit pro tempore, michi, quamdiu vixero, in nativitate domini viginti solidi den. et in festo beati Johannis Baptiste viginti solidi
vsualis monete Basiliensis singulis annis et quatuor cappones pro censu representat. Cum autem ego Jacobus
prelibatus viam tocius carnis ingressus de medio fuero sublatus prenatatas areas ab omni seruitute et
censu quolibet vacuas et solutas, omni impeticione et contradictione meorum heredum obturata, iusto et uero titulo
proprietatis hospitals predictum posidebit et fructur. Datum et acturn anno Domini M CC LCC, tercio kal.
Marcii, presentibus domino Cunrado dicto Krapho, domino Wernero Rufo, domino Andrea, domino Cunone militibus de
Lobigassen, domino Symone de Meginheim, Anshelmo advocato, Walthero sculteto in Pfaffinheim, Lutoldo Gessilario,
Bertholdo Rege, Rudolpho de Merkinsheim, Jacobo Gellerario, Rudolfo Bezilino et aliis quam pluribus fide dignis et ho-
nestis ad hec mania premissa vocatis et rogatis in capella beati Nicolai coram altari beate Marie Magdalene /
in cuius testimonium cartam presentem contra futurorum eventus et ambiguitatem munimine sigili mei
et communita -
tis Rubiacensis civitatis feci roborari.
Note tirée d’un document (Güeterbuch) du 14 ème siècle, dont Thiébaut Walther ne donne pas la référence:
Es ist zü wüssende, daz unser Herre Jacob von Ratzenhusen, Ritter, und Agnese sin frowe und Juntha ir thohter (1), unsern spital gestifttet hant uf irme eygin (2) mit aller zügehörde (3), do wir uffe sitzent, alz die briefe (4) bewisent, die wir do uber hant, diedo besigelt (5) sint mit unsers vorgenant Herren Insigel (6) und mit der Stette Ingesigel von Rufach, und ein brief mit des Hofes Ingesigel von Strasburg. Und ist och do bi gewesen Hern Cunrat Krapho, Her Wernher Rote, Her Andres, H. Cunrate, Rittere von Lobgassen, Her Symont von Meigenheim, Anshelme der vogt, Walther, schultheis von Pfaffenheim, Lutold Gesseler, Bertschin Kunig, Rudolf von Ungkerheim, Jacob Keller, Rudolf Bötzelin, Johannes zum brunnen, Burckart Billung, Rudolf zum Hasen und ander erber lute (7) vil. Und ist beschehen daz vorige ding vf sant Nicolaus cappelle (8) vor sant Marien Magdalenen Altar, in dem Jor do man zalt von gotz geburt CC LXX , tertio kalend. martii.
Notes:
- Juntha, ir thohter: Juntha, leur fille (Tochter)
- eygin: das Eigen, leur bien propre
- das Zugehörde: tout ce qui s'y rattache, ferme, moulin, etc.
- Brief: la charte (et non la lettre)
- besigelt: sur lequel a été appendu un sceau, qui a été scellé
- Insigel: le sceau
- erber lute: et d'autres personnes honorables (Leute)
- la chapelle saint Nicolas: se trouvait dans l'ancien cimetière et abritait l'ossuaire. Elle disposait d'un autel consacré à sainte Marie-Madeleine.
Bibliographie/ Sources:
obermundat.org: La chasse aux marques lapidaires continue !
Theobald Walter: Urkunden und Regesten der Stadt Ruffach (662 -1350)
Theobald Walter: Das Spital des Ordens zum heiligen Geist in der Stadt Rufach, dans Jahrbuch für Geschichte, Sprache und Litteratur Elsass-Lothringen, herausgegeben von dem historisch-litterarischen Zweigverein des Vogesen Clubs XV Jahrgang 1899
Gérard Michel