Le hasard, une fois de plus, fait bien les choses !
Dans ma recherche, à la poursuite de Léopold Fischer, peintre, auteur d’une Assomption de la Vierge destinée au maître autel de l’église N.D. de Rouffach, j’ai consulté le registre des audiences du Magistrat de l’année 1669-1670, dans lequel figure la mention de la commande de cette œuvre par la Ville de Rouffach, le 12 mars 1669.
En poursuivant ma lecture, dans ce même registre, un cahier de 96 feuillets, je suis tombé, tout à fait par hasard, sur un passage du protocole du 30 juillet 1669, mentionnant une commande passée à un peintre de Rouffach, dont le nom n’est malheureusement pas mentionné, par l’abbé de l’abbaye Saint Grégoire de Munster, pour la réalisation d'un Crucifix et de deux tableaux !
Ce peintre pourrait-il être Léopold Fischer ? Peut-être, mais dans l’état actuel des recherches, rien ne permet de l’affirmer…
A.M.R. A / BB 53 Raths Protocoll 1669 – 1670 Ordinari Rath 30. Julii 1669
Wegen eingelauffenem Schreiben von Herren
Abbten zue Münster, des alhiesigen
Mahlers halben, umb ausfertigung eines
Crucifix und zweÿ Tafflen halben,
dass Er solche ausfertigen oder wider das
gelt einhendigen solle,
# ist erkhandt,
weilen Er, Mahler, bereits die Sachen
wider mahlt und solche ehist auszue:
fertigen erpietig, solle dem Herren
Abbten solches überschriben werden
Un courrier a été adressé au Magistrat de Rouffach par l’abbé de Munster, dans lequel il est question d’un Crucifix et deux tableaux que le peintre du lieu (Rouffach) s’était engagé à réaliser : l’abbé demande au peintre de terminer ces œuvres ou de rendre l’argent qu’il avait perçu à titre d'avance.
# Le Conseil prend la décision de répondre à l’abbé de Munster que le peintre avait repris son travail et qu’il était prêt à terminer son ouvrage au plus vite.
der alhiesige Mahler
... le peintre „d’ici“ : s’il n‘est pas nommé, c’est vraisemblablement parce qu’il s’agit d’un artisan ou artiste reconnu et qu’il est peut-être le seul à exercer ce métier dans la cité ?
Il est chargé de réaliser une commande pour l’abbaye Saint Grégoire de Munster, riche abbaye bénédictine, qui, en 1669 est conduite par Dom Charles Marchand. C’est ce dernier qui fit ériger « le bâtiment du Prélat » qui est aujourd’hui le vestige le plus important de l’ancienne abbaye.
Les ruines de l'abbaye Saint - Grégoire (photo: Ville de Munster (Alsace) - Site officiel - L'ancienne abbaye Saint Grégoire )
Et c’est Dom Charles Marchand qui se rappelle au bon souvenir du peintre rouffachois qui semble avoir oublié les termes du contrat qu’il avait convenu avec son commanditaire. Et pour appuyer sa demande, il passe par l’autorité du Conseil de la Ville.
Ce peintre, mentionné au feuillet 41 du registre des protocoles du magistrat est-il le même que celui mentionné feuillet 12, du même registre ? S’agit-il de Leopold Fischer, qui devait réaliser le panneau du maître-autel de l’église Notre-Dame de Rouffach pour le jour de l’Assomption de l’année 1669 ?
C’est assez vraisemblable, mais rien ne permet de l’affirmer, faute de preuves. Mais il est peu probable que deux peintres, à qui l’on confie des commandes pour des lieux de l’importance de Rouffach ou de Munster aient vécu et été actifs à Rouffach, dans le même temps…
Comme souvent, il faudra compter sur le hasard d’une découverte pour en apprendre plus, et s’armer de patience : la lecture des comptes-rendus des audiences du Magistrat est longue et parfois fastidieuse et ne porte pas toujours les fruits escomptés.
Est-ce que les chercheurs des années futures trouveront toujours passionnantes la lecture des procès-verbaux des conseils municipaux des années actuelles ? ...
... à suivre ?
Gérard Michel