Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
On attend habituellement d'un homme d'église l'intégrité, la charité et la bienveillance: Nicolas VERDOT, prieur de couvent Saint Valentin à Rouffach, ne possédait, lui, aucune de ces vertus! Il succède à Nicolas TERRESTRE, déposé de ses fonctions par le légat du pape pour sa vie dissolue et la mauvaise gestion des biens du prieuré. Il sera d'ailleurs condamné à restituer 1000 livres bâloises. Nicolas VERDOT, qui l'avait dénoncé, sera nommé prieur et se comportera de la même manière que son prédécesseur, Nicolas TERRESTRE ! Cité à comparaître à la Régence d'Ensisheim, il plaida une grave maladie et disparut totalement pendant huit mois... Lorsque le prieuré et tous ses biens furent remis au séminaire épiscopal de Molsheim les comptes firent apparaître que TERRESTRE et VERDOT avaient détourné 1000 florins ! Nicolas VERDOT réapparut après le départ des Suédois et l'entrée des troupes françaises dans Rouffach: il avait réussi à se procurer du roi de France une missive qui lui reconnaissait ses droits sur le prieuré. Après plusieurs péripéties il fut chassé mais revint, sous la protection des armes, au prieuré, où il mourut en 1636.
Les registres de délibération des séances du Magistrat conservent plusieurs signalements au sujet des frasques de ce personnage, connu pour son caractère irascible, ses écarts de langage et sa brutalité.
Voici l'une de ces affaires, au cours de laquelle notre homme s'en est pris avec violence au portier de la Porte Neuve de la ville, la porte Nord, dite également porte de Colmar.
Lorsque l'on examine une carte hydrographique de la région de Rouffach, [1] le discret Lohgraben, même lorsqu'il est promu au rang de Lohbach, [2],[3] n'attire pas particulièrement l'attention. Pourtant, ce cours d'eau est bien plus long et a un débit bien plus important que l'Ohmbach. [4] C'est que le Lohbach est un affluent de la rive droite.[ 5] Il se jette dans la Lauch loin des regards alors que le souvenir de l'Ohmbach, dont un bras traversait Rouffach jadis, est encore présent dans la ville. De plus, l'appellation Lohbach (parfois Lonbach) n'apparait que dans la forêt de Merxheim, lorsque confluent le Durbach et le Waldbach, pseudonymes locaux du Rimbach et du Wuenheimerbach, tous deux issus de la partie méridionale de l'Obermundat.
Rouffach a conservé, tout au moins partiellement, son enceinte, ses fossés et l’une des tours de ses remparts. Peu d’études sont parues sur le sujet et beaucoup reste à faire. Dans de précédents articles nous avons évoqué le démantèlement des remparts, tours et portes monumentales de la Ville. D’autres ont abordé des règlements qui précisent comment devaient être gardés les tours, portes, remparts et fossés de la ville. Un autre rend compte d’un « arpentage » autour du mur d’enceinte, réalisé en 1541. Des informations, précieuses certes, mais qui restent parcellaires.
Le bâti médiéval de Rouffach fera dans peu de temps l’objet d’une vaste étude très approfondie et les remparts de la ville représentent une part importante de cette recherhe, tant sur le terrain par des archéologues du bâti, que dans les archives.
La recherche avance à petits pas, les archives anciennes sont assez avares sur le sujet... mais l’archéologie, l’analyse dendrochronologique et le laserscanning prendront le relais…
Je propose ci-après deux documents, du 17ème et 18ème siècle, une époque où les remparts avaient déjà perdu une partie de leur rôle défensif, mais qui restent néanmoins riches d’enseignements.
Aux archives municipales de Rouffach, une série est consacrée aux affaires militaires et … marine ! Il s’agit d’une série importante qui conserve en particulier un nombre important de dossiers sur la guerre de Trente Ans et les exactions commises par les troupes de passage.
La même série conserve les règlements de la garnison, ceux de la garde de la ville et du château d’Isenbourg... En particulier, les ordres d’Eberhart, comte de Manderscheid - Blankenheim, Grand-Bailli, gouverneur de l’Obermundat, au sujet de la négligence qu’apportent dans leur service les gens de Rouffach, bourgeois et habitants, ainsi que ceux des communes environnantes, lorsqu’ils sont appelés à participer à cette garde : il leur est reproché en particulier de quitter leur poste avant d’avoir été relevés ou de passer leur temps à dormir dans les corps de garde ! Pour remédier aux désordres signalés, de sérieuses mesures sont ordonnées par le Grand Bailli Eberhart.
Le poèle de la Tribu À l'Éléphant, 4 rue de la Poterne Rouffach
Au cours du Conseil ordinaire tenu par le Magistrat en septembre 1548, le maître de la Tribu À l'Éléphant, rapporte aux conseillers les plaintes des maçons de la ville dont la corporation subit la concurrence déloyale d'artisans "étrangers" . Cette affaire nous permettra de voir un des rôles importants des corporations qui est de protéger leurs membres des activités d'étrangers qui "casseraient les prix" ou produiraient des ouvrages de qualité moindre qui pourraient ternir la renommée de l'artisanat de la cité. Au seizième siècle, la ville de Rouffach comptait quatre tribus, reconnaissables à leur enseigne:
Mais revenons à notre affaire et voyons de quoi il s'agit:
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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