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hiver 1740: rupture de la digue du lac du Ballon

1727
Urbaire de la Ville de Rouffach A.M.R. AA / 11
0
Détails
Catégorie: Quotidien

La Une du Progrès illustré relatant la catastrophe de Bouzey (88) le 27 avril 1885

L'hiver 1709 a été évoqué dans un article précédent paru sous le titre 1709 un hiver particulièrement rigoureux et meurtrier. Cette fois Jean-Simon MULLER nous parle d'un autre hiver qu'il a vécu, celui de l'année 1739 au cours duquel beaucoup de gens sont morts gelés et qui anéantit les réserves de vin et les espoirs de récolte de l'année suivante. Une année 1740 où  les pluies et la fonte des neiges ont été la cause d'une catastrophe meurtrière qui noya de nombreuses personnes: la rupture de la digue du lac du Ballon.

Sommaire[Masquer]
    • 1. des nez et des mains gelées…
    • 2. un vin si aigre que personne ne voulut le boire…
    • 3. la rupture de la digue du lac du Ballon…
    • 4. texte original en allemand
    • 5. où il est encore question du Canal VAUBAN…

1. des nez et des mains gelées…

traduction du texte original en allemand (A.M.R. AA / 11)

L’année 1739, le premier novembre, l’hiver s’installa avec des températures très basse qui sévirent jusqu’en avril 1740 : on pensait que le vignoble et les semis de céréales d’hiver allaient être anéantis par le gel. Le Rhin et le Main étaient si profondément gelés que l’on pouvait presque, un peu partout, circuler sur les fleuves en charrettes et en voitures. Dans beaucoup d’endroits, des gens sont morts gelés, beaucoup ont eu le nez et les oreilles gelées. Au total, ce fut un hiver si froid que l’on pensait, au printemps, que les vignes étaient gelées. Les bourgeons n’ont commencé à percer qu’à la mi-mai. Un très grand nombre de vieux pieds ont gelé, plus dans les collines que dans la plaine et les vallons. Vers mi-mai, ce qui avait survécu a bien bourgeonné mais comme l’été qui suivit fut en grande partie froid, la floraison fut tardive et les fruits ont poussé lentement.

L’année précédente, en 1739, il y avait eu une belle vendange et le vin n’a jamais manqué. Comme les pieds de vignes croulaient sous les grappes de raisin, on s’attendait à une belle récolte, mais les raisins n’étaient pas mûrs. On espérait une belle arrière-saison pour leur permettre de murir, mais le 6, 7, 8 et 9 octobre ainsi que les jours suivants, il fit très froid et il y eut des gelées, et les raisins qui étaient encore verts ont complètement gelé et ne donnèrent pas le moindre jus. Cependant les grappes qui étaient un peu plus mûres ont rendu un peu de moût mais qui était très aigre. Les cépages Ölber, Elbe et Edlte, ne donnèrent pas le moindre vin. Dans les collines  les raisins les cépages de vin rouge étaient totalement gelés et ne rendirent aucun jus.

2. un vin si aigre que personne ne voulut le boire…

Le vin de 1739, de très mauvaise qualité, se vendit au mieux 2 livres tournois le blanc, et le rouge 4 livres. Le vin vieux de 1738 se vendit 10 livres pour le blanc et 15 pour le rouge, qui était tout à fait agréable. Le vin nouveau, celui de l’automne 1740, était aigre comme on en trouvait peu, et personne n’en demanda !

En cet hiver 1740, le 14 décembre, tous les cours d’eau, gonflés par les pluies et la fonte des neiges, ont causé des dégâts considérables dans le pays tout entier.

3. la rupture de la digue du lac du Ballon…

Chez nous l’Ill, la Thur et la Lauch n’étaient plus qu’une seule étendue d’eau. La digue du lac du ballon se rompit, l’eau se répandit dans la vallée, arrachant sur son passage des maisons et des moulins à Lautenbach, Buhl et Guebwiller, détruisant tout, entrainant des personnes qui périrent noyées, emportant des arbres entiers et des blocs de rochers. A Issenheim, le flot emporta des maisons entières au point qu’on ne pouvait même plus voir où elles avaient été auparavant ! Des tonneaux remplis de vin, d’une contenance de deux ou trois foudres, furent éventrés, le vin perdu, les tonneaux emportés, on en retrouva les morceaux dans les prés, à un quart d’heure et à une demi-heure en aval d’Issenheim.

Le bois de construction des maisons emportées par les flots jonchait les champs et les prairies et, après les premiers constats, on estima que le lac du Ballon avait perdu une hauteur d’eau de 80 pieds. (plus de 25 mètres).

… ces inondations causèrent de grands dégâts aux céréales d’hiver et on dut à nouveau labourer de nombreux champs avant de les ensemencer avec de l’orge.

4. texte original en allemand

Anno 1739, den 1ten November, fienge der Windter mit großer Kälte an,

und continuierte albereit bis in den Aprill 1740, das man vermeindt

Weinberg und Früchten müessten alles zue Grundt gehen undt verfriehren, dan

der Reihn und Maÿen waren so starck zuegefroren, das man fast

aller Orthen mit Kähren undt Wägen köndte darüber fahren, ja in vilen

Orthen seindt die Leüth verfroren, vilen derselben Nass undt Ohren verfrohren.

In Suma, es wahre ein strenger undt kalter Windter, das am frühe Jahr man

vermeindte die Reben seÿen alle verfrohren, in deme dieselbe erst midten

im Meÿen anfangen zuestossen, vorhin alle Zeidt blindt gewesen. Es seindt

zwar unerhördt vil alte Rebstöckh verfrohren, aber zu Berg mehr als

in dem Bodten; es seindt dieselbe aber midten im Meÿen, was noch

gueth gebliben gar schön heraus komen, undt vil Samen gebracht, aber

weillen der Sommer mehrentheils kalt ware, haben dieselbe gar spath

anfangen blien und langsam gewachsen. Doch weillen es im

vergangnen 1739 Jahr vil Wein geben, ist der Wein allezeit wohlfeil

geblieben, weillen die Reben voller Trauben hiengen, undt man einen

gueten Herbst gehofft, die Trauben aber gantz raw und unzeidtig, undt

also auff einen gueten Nachsommer gehofft. Es ist aber an dem 6, 7, 8,

und 9. October undt mehr Täg hernach, ein große Kälte undt Gefrist

eingefallen, das die Trauben so unzeidtig waren, gäntzlich verfrohren

das kein Safft mehr darin gewesen. Die aber ein wenig zeidtig gewesen

haben noch ein wenig Most geben, aber gar saur, keine Ölberen, Elbere,

Edtle, und auch in dem Berg das rothe Gewächs, waren die Trauben gäntzlich

verfrohren, undt kein Safft mehr darinen. Der Wein von 1739, welcher gar

unwerth ware, undt der Ohmen auff das hochste 2 liv. tourn. undt der rodte 4 liv. tourn. gulte, gleich an dem Herbst 6 liv. tourn. undt der rodte 10 liv. tourn. gulte

der alte von 1738 gulte, der weiße gleich 10 liv. undt der rodte 15 liv. tourn. undt

ware gar angenem. Der Newe ware gar saur wie wol es nicht vil

geben, undt fragt niemandt nach solchem. Die Obs Bäümen waren auch

gantz blindt bis in den Meÿen, aber Godt seÿe gedanckht, es hadt dises

Jahr noch ein Quandtität Obs geben, Nussen auch noch zimlich, aber

dieselbe seindt in den Thällen, wie auch die Zwetschen, völlig verfrohren,

dan in den Thällen seind umb Allerheilligen Tag, die Nussbäüm noch

völlig vollgrüener Nussen gehengen, aber nichts darin als an stadt der

Kernen Wasser in Gestalt Kernen, die Früchten belangendt, hadt es Godt Lob

noch ein zimliche guete Erndt geben, doch seindt in diesem Jahr die Früchten

undt der Wein gar angenemb gewessen, es hadt auch zimlich vil Kraudt

undt Rueben geben.

Item, dises 1740 Jahr, den 14. December, seindt die Wasser aller Orthen

so groß wordten, das solcher Jamer aus allen Provintzen undt Ländter

nicht genueg zuebeschreiben gewesen, den grossen Schaden so solches verursacht.

Ja beÿ uns waren die Ill, die Thur undt die Lauch nur ein Wasser.

Ja der See auff dem Belchen Berg, ist wohl undten am Berg ausgebrochen

undt mit solchem Gewalt herführ geloffen, das derselbe zue Ludtenbach,

Bihl undt Gebwiller Heüsser undt Müllen hinweg gerüssen, alles

verderbt, Leüth hinweg geschwembt undt ertrunckhen, gantze Bäüm wie

auch grosse Felsen mit gefüehrt zue Isenheimb hadt das Wasser 13 Häüsser

völlig hinweg gerüssen, das man einmahl nicht recht wahrgenommen

wo solche gestandten sein. Fässer voll Wein zue zweÿ undt dreÿ Fuedter

seindt verstossen wordten, der Wein verlohren, die Fass hinweg geschwembt

das man solche zue viertel undt halbe Stundt undter Issenheimb auff

den Madten verderbt gefundten, das Bawholtz von den hinweg geschwembten

Häüsser ist auch hin undt widter auff dem Veldt undt Bordt (?) gelegen. Undt

nach deme man den Augenschein, wegen dem Belchen See eingenommen,

hadt man denselben abgemessen, undt befundten das derselbe

80 Schue tüeff Wasser ausgeloffen, also diese Wasser in unseren Windter Früchten grossen Schadten gethan undt vil versoffen das man am früehe Jahr gar vil Ackher widter umackhern undt mit Gersten anseÿen müessen. 

5. où il est encore question du Canal VAUBAN…

Le site de la Commune d’Issenheim http://www.issenheim.fr dans un article intitulé La Lauch : Rivière aux sautes d'humeur donne plus de précisions sur la catastrophe qui ravagea la vallée de Guebwiller le 20 décembre 1740:

Pour acheminer les matériaux nécessaires à la construction de la forteresse de Neuf-Brisach, VAUBAN fit construire en 1699 un canal reliant la Lauch au Quatelbach. Pour son alimention en eau, il fit élever une digue en terre battue sur l'ancienne moraine dont il relevait ainsi le niveau d'une douzaine de mètres.

La veille de la Saint-Thomas en 1740, le 20 décembre vers 21 h, à la suite de pluies torrentielles, la digue artificielle céda et le lac déversa son trop-plein sur la vallée. Le courant emporta tout ce qui se trouvait sur son passage. A Issenheim, les flots détruisirent 14 maisons dont le moulin à chanvre du couvent des Antonins qui se trouvait sur le Muhlbach, un canal de dérivation de la Lauch. Une grange remplie de foin, fut traînée par les eaux.

D'après le sieur GISDÖRFER, juré assermenté de la prévôté d'Issenheim, beaucoup de maisons furent inondées, certaines jusqu'à 8 pieds de hauteur. Dans les "Stube" et autres pièces d'habitation, on mesurait jusqu'à 3 pieds de boue. Les céréales, le vin, les réserves de foin, engloutis sous les flots, étaient anéantis. Plusieurs personnes sont mortes noyées. "Es war dazumal grosser jammer" (c'était alors une grande détresse !) conclut le chroniqueur local.

Les archives paroissiales confirment ces propos. A la date du 20 décembre, on y lit que : "...certaines personnes, surprises en traversant la rue vers le domicile de Thiébaut SCHERMESSER, ont été étouffées par les eaux de cette maudite inondation, parmi lesquelles un dénommé Ulrich, son épouse Barbara et leur fils âgé d'environ 7 ans… Le 22, ils ont été enterrés dans le cimetière de l'ordre de Saint-Antoine... Il se pourrait aussi que les décès enregistrés le 26, 27 et 28 décembre soient consécutifs à cette terrible catastrophe…"

 

Article publié le 1 février 2018 par Gérard MICHEL.

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L'auteur

Gérard MICHEL

Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.

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