à paraître en novembre 2019:
COCHONS DE VILLE, COCHONS DES BOIS
Une histoire environnementale des collines sous-vosgiennes...
Volume I: Les forêts
Marc GRODWOHL et Gérard MICHEL
Postface: Jean-Jacques SCHWIEN
325 pages format A4, 266 illustrations en couleurs
Edité par la Société pour la conservation des Monuments Historiques d’Alsace avec le concours de l’ACEF 68- Solidarité associative et publique
Jusqu’à la Révolution, la seigneurie de l’évêque de Strasbourg en Haute-Alsace (Obermundat) était organisée autour de la ville-centre, Rouffach. Celle-ci partageait avec les localités voisines, Pfaffenheim, Gueberschwihr, Soultzmatt, Osenbach, Wintzfelden, et Westhalten l’usage de vastes forêts indivises. Dominant des vignobles parmi les plus beaux d’Alsace, ces dernières escaladent les reliefs jusqu’aux sommets des Hautes Vosges. Cet ouvrage en donne un panorama historique, environnemental et archéologique, qui repose sur la mise en concordance des cartes et textes anciens et les observations archéologiques de surface sur le terrain.
Les noms de lieux, l’usage des sols qu’ils désignent au fil des temps, témoignent des pressions extrêmes qu’exerçaient cultures et élevage sur la forêt, jusqu’à la rupture des équilibres écologiques. A d’autres époques, la forêt reprenait le dessus et recouvrait, pour les transmettre jusqu’à nous, les murs en pierre sèche, enclos à bétail et autres aménagements souvent spectaculaires, inventoriés et remis en lumière dans ces pages.
Nombre de ces aménagements sont liés au séjour des porcs et de leurs gardiens en forêt, que l’on conduisait à la glandée en troupeaux de 1500 têtes les bonnes années. Aujourd’hui dissimulés par la végétation, ces ouvrages de pierre sèche font imaginer des forêts sonores, bourdonnantes d’activité dont témoignent les archives du XVème siècle au XVIIIème siècle. Celles-ci nous font assister à la méticuleuse organisation des parcours des porcs d’ici, leur transhumances vers d’autres contrées lorsque la ressource locale était insuffisante et inversement, lorsque celle-ci était excédentaire, l’accueil de porcs d’ailleurs. Porchers et troupeaux côtoyaient les bûcherons, les carriers, les gardes forestiers et les chasseurs.
Les concurrences sur l’espace étaient exacerbées, sources de conflits locaux sans fin de tous contre tous : communes entre elles, ou solidaires contre l’autorité, forestiers contre vignerons, paysans et artisans. Progressivement, les usages anciens enchevêtrant droits et activités des seigneurs, des couvents et du peuple s’effacèrent. Les communautés, ancêtres de nos communes, prirent un pouvoir grandissant, que l’État encadra non sans mal à l’aide d’administrations centrales techniciennes. Ce sera la naissance du paysage moderne, segmenté en espaces différenciés affectés chacun à une fonction précise et source de nouvelles tensions entre le « local » et le « global », le « naturel » et l’urbain.
Alors que la conscience de la gravité des enjeux écologiques est de plus en plus partagée, et que l’on peine à imaginer comment concilier l’urbanisation et la préservation de paysages de plus en plus fragilisés, cet ouvrage a pour objectif d’accompagner chercheurs, rêveurs et promeneurs dans une réflexion actuelle, nourrie par la connaissance des errements et des réussites des sociétés passées.