Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Il s'agit d'une vue figurant la place de l'église, avant 1862 / 1863, puisqu'y figure encore un bâtiment qui sera rasé cette année là, à la suite de la vente ou de l'expropriation pour cause d'utilité publique, des six logements qui le constituaient,. L'objectif était d'éliminer tous les obstacles qui pouvaient gêner la restauration de l'église Notre-Dame et de dégager un espace pour l'agrandissement de la place du marché. Cette place avait déjà été débarrassée du cimetière qui l'occupait, de la chapelle-ossuaire Saint Nicolas et de toutes les baraques élevées entre les contreforts autour de l’église, dont les dernières disparurent en 1849. Ce fut là une entreprise qui fit couler beaucoup d’encre par action judiciaire.
Le dernier bâtiment, un immeuble abritant les six logements, visible à gauche de la lithographie, disparaîtra en 1862 / 63: die Fräulein Häuser, les maisons des demoiselles.
Pourquoi une ruelle du saint Esprit à Rouffach ?
Vers 1180, Guy de Montpellier (1160-1208) fonde l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit et de la confrérie du Saint-Esprit dont la vocation est d'accueillir tous les déshérités de la vie, les enfants abandonnés, les pauvres et les malades. L’ordre se répandit rapidement dans toute la chrétienté, surtout en Italie et en France, avec près de 800 maisons. En Allemagne, il y en eut beaucoup moins, une dizaine, surtout en Allemagne du Sud : le premier et le plus important d’entre eux était situé en Alsace, à Stephansfeld, fondé vers 1210, au sud de Brumath. En 1270 est fondé une filiale de Stephansfeld, l’hôpital du Saint Esprit de Rouffach, que l’on appellera altes Spital, le vieil hôpital, pour le distinguer du neues Spital, le nouvel hôpital, l’hôpital saint Jacques, cité pour la première fois en 1311.
L'ordre a connu son apogée au XVe siècle, avec près de mille hôpitaux à travers l'Europe puis disparut presque totalement au XVIIIème siècle pour ne subsister aujourd'hui principalement qu'en Espagne et en Pologne.
Le 23 avril 1613, Laurent de la Ramée fut décapité au château du Haut-Barr, près de Saverne : un tribunal d’exception venait de le condamner pour haute-trahison et intelligence avec l’ennemi. Les âmes sensibles éviteront de poursuivre la lecture, les autres découvriront quelques agissements pas très catholiques de notre évêque Léopold de Habsbourg.
À vrai dire, Laurent de la Ramée n’était pas un enfant de chœur. C’est lui qui se trouvait à la tête de la populace guerrière de Passau (Passauer Kriegsvolk) lors de son invasion de la Bohème en 1611 [1]. D’ailleurs dans cette aventure, ses intentions, comme celles de l’Archiduc Léopold ne sont pas des plus limpides : selon ses dires, il s’agissait de prêter main-forte à l’empereur Rodolphe II dans la rivalité qui l’opposait à son frère Mathias, déjà roi de Hongrie qui convoitait à présent le trône de Bohème. La motivation des fantassins de cette soldatesque avait des raisons moins politiques : mal payés de leurs campagnes, les mercenaires voulaient s’en prendre à l’Empereur pour lui réclamer leur dû et ils se servaient au passage, vivant de rapines et pillages.
Les protocoles des séances du Magistrat (conseils municipaux de l'époque...) sont une source inépuisable de renseignements pour le chercheur: Tout au long des pages, le lecteur y découvre des anecdotes parfois savoureuses, les événements, même les plus secrets, de la vie quotidienne des hommes et des femmes du Rouffach ancien.
Ici il est question d'ânes et du règlement qui en limite le nombre par foyer... toute infraction sera sévèrement punie! Qu'on se le dise !
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
Cette page contient des liens vers des outils et sites partenaires autour de la paléographie, l'histoire et l'Alsace.
© 2024 Obermundat