Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Cet article fait suite à un premier, sur le même sujet, paru sous le titre Les vicissitudes d'un chef-d'œuvre: le grand portail de Notre-Dame de Rouffach (cliquez ici pour y accéder)
La population de Rouffach suit avec beaucoup d'intérêt les travaux de restauration des façades de l'église Notre-Dame et redécouvre la blondeur initiale de la pierre des carrières du Strangenberg qui a servi à sa construction. Les voussures du portail ouest ont été soigneusement débarrassées des mousses, de la crasse et des déjections de pigeons qui les avaient noircies. Le travail d'extrême précision des restaurateurs a permis de redonner son éclat au délicat entrelacs de feuillage qui orne ces voussures, les consoles et l'encadrement de la porte et même de retrouver des traces d'une polychromie ancienne ! Mais ce nettoyage n'aura pas permis de retrouver le moindre vestige du riche décor sculpté ancien, définitivement perdu...
Pourtant, de ce décor sculpté du quatorzième siècle, ont survécu au moins deux statues, conservées au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.
Les villageois de Lutter en leurs demeures. Tome 2. Des visages aux fenêtres. 1450-1630.
Marc Grodwohl en collaboration avec François Hengy et Christine Verry. 200 pages. 168 illustrations.
Cercle d’Histoire de Hégenheim 2020.
Nous avons souvent relevé dans ces pages l’omniprésence de l’église dans la vie de l’homme d’antan. Cette présence est perceptible au quotidien, jusque dans les rues et les ruelles de la ville : les sonneries de cloches rythmant la journée appellant à la prière ou aux offices à l’église, et surtout les processions, un rituel majeur à la fin du Moyen-Âge. Les processions se multiplient et prennent une place de plus en plus importante dans la vie civique des villes. Les grandes fêtes religieuses du calendrier ont leur procession, celle des Rameaux, de la Fête Dieu, de l’Assomption, celle des Rogations… les processions des funérailles et celles de la sépulture accompagnent les baptisés défunts. On organise des processions pour demander une grâce particulière, la fin d’une sécheresse persistante ou d’intempéries dévastatrices pour les récoltes, ou pour rendre grâces si le Ciel a répondu aux prières. Les processions des corporations et celles des confréries, confréries de dévotion ou confréries de métier se multiplient également.
Dans le présent article, il sera question d’une procession plus «intime», celle qui accompagne le prêtre portant les sacrements aux malades et aux mourants. Cette procession ne compte que peu de participants mais se doit d’être solennelle puisque le prêtre y porte l’hostie consacrée, le Corps du Christ, pour les chrétiens.
Image ci-dessus: Le peuple écrasé par les privilégiés
« â faut esperer q’eu s’jeu la finira ben tôt. Un païsant portant un Prélat, et un Noble. »
Eau-forte en couleurs, [Paris, 1789]
La France serait championne du monde des taxes et des impôts… Voilà qui n’est pas nouveau… Mais cette fois encore, on ne dira pas que c’était mieux avant ! Nicolas Chamfort, rapporte en 1794 dans ses Caractères et anecdotes les propos d’un de ses contemporains, parlant du peuple français : « un peuple serf, corvéable, taillable à merci et miséricorde »
L’objet du présent article est précisément la taille, un impôt ancien, le nom est attesté dans la première moitié du 14ème siècle en Alsace, mais surtout l’impôt le plus impopulaire à cause surtout de son montant très arbitraire. Dire que le serf est taillable signifie qu’il est soumis à l’impôt de la taille, comme corvéable signifie qu’il est assujetti à la corvée seigneuriale, au bon vouloir, à la merci, du seigneur.
Dans le monde germanique, la taille est das ou der Gewerf(f) [1] et le collecteur de la taille est der Gewerfer.
Ci-dessus, le portail de la collégiale Saint Thiébaut de Thann
Jean-Michel VOGELGSANG, prêtre rouffachois, est l’auteur d’un Journal dans lequel il témoigne des événements qu’il a observés dans sa ville tout au long des années de Terreur. Prêtre réfractaire ou non-jureur, à la Constitution civile du Clergé, promulguée en juillet 1790, Jean-Michel Vogelgsang est contraint à la clandestinité : la vie d’un prêtre réfractaire, s’il est dénoncé et retrouvé, se termine souvent sur l’échafaud. Dès lors, il vivra caché, fuyant d’une maison amie à une autre, ou terré dans la maison familiale, dans l’actuelle rue Poincaré, caché sous le plancher du grenier. Il poursuivra cependant son ministère, visitant les malades et administrant les mourants, se déguisant parfois en femme pour ne pas être repéré…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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