Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
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Peut-être un lecteur attentif aura-t-il remarqué en fouillant sur la photo de la façade Notre-Dame de Rouffach par Adolphe Braun, après 1849 et avant 1867,, cette forme insolite abandonnée au sommet de la tour nord ? De quoi pouvait-il bien s'agir? Elle n'apparaît pas dans le décor de la nouvelle tour érigée en 1872, après que l'on eut démoli l'ancienne pour en refaire les fondations.
A y regarder de plus près, en agrandissant au maximum la photographie, on parvient à distinguer une forme sculptée, celle d'une chimère ou d'une gargouille, qui aurait été abandonnée là, au sommet d'une tour qui ne sera jamais terminée, oubliée sur le chantier de construction de la façade, dans le premier quart du quatorzième siècle !
Ci-dessus: la chouette, figure de ceux qui fuient la lumière de la parole divine...
(façade ouest de l'église Notre-Dame, photo g.m.)
Au touriste qui demande pourquoi la tour sud de l’église Notre Dame de Rouffach, celle de droite, est restée inachevée, il lui est invariablement répondu que les travaux avaient été interrompus par la guerre de 1870…Ce qui n’est que partiellement exact puisque les travaux ont repris au printemps 1872 et se poursuivront sans interruption jusqu’à la réception définitive, en 1879.
Mais il sera laissé à une autre génération le soin de faire élever la deuxième tour de la façade ouest et d’achever le monument, en coiffant les deux tours de leurs flèches…
Photographie Adolphe Braun 1859
Au vu des gravures, lithographies et rares photographies réalisées avant les grands travaux de l’église Notre-Dame de Rouffach, la flèche qui surmontait la tour sud parait torse, tournée en spirale. L’Alsace compte plusieurs de ces clochers tors ou flammés à la flèche spiralée, et ces clochers particuliers sont même regroupés en association Les clochers tors d’Europe. L’un des plus connus, proche de nous, est celui de l’église saint Gall qui fait la fierté de Niedermorschwihr.(68)
Nous attardant ces jours derniers à Gundolsheim, lors de la mise en évidence des vestiges d’une porte fortifiée du village, nous avons regardé plus attentivement une pierre gravée encastrée dans un pignon. Nous n’y avions accordé qu’une attention distraite jusqu’alors. Surprise : cette pierre datée est un des derniers vestiges de l’ermitage de la Bollenkirch, plus tard Saint-Fridolin, et encore plus tard ferme Lidy, au bord de la lande du Bollenberg sur ban de Rouffach. Cette découverte fut une injonction à reprendre nos vieilles notes sur le Bollenberg et à réexaminer sur le terrain les pauvres restes de murs encore visibles voici deux ans. Sur place, nous avons constaté (décembre 2020) qu’ils avaient été détruits entre-temps.
Figure 1. Pierre commémorative de la reconstruction de l’ermitage du Bollenberg en 1714, remployée à Gundolsheim. Noter une cinquième ligne inachevée débutant par VND (und)
Gustave Doré Les cadeaux de l'Enfant Jésus 1856
Source: gallica.bnf.fr
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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