Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Ci-dessus, une évocation de la Pierre d'infâmie ou Klapperstein, que Maître Ginther, le bourreau de la ville, suspendait au cou des bavard(e)s et des mauvaises langues, avant de les mener dans les rues, sous les rires et les quolibets des passants. Cette pierre sculptée se trouve en hauteur, à l'angle gauche de la façade de l'Ancien Hôtel de Ville, là où, justement, les conseillers du Magistrat prononçaient ces condamnations.. C'était une question difficile!
Saint Urbain bas-relief n° 23 rue C.I. Callinet
Le vin a une importance considérable dans l’économie de Rouffach dès le haut Moyen-Âge et il participe à la richesse et à la renommée de la ville. C’est une source de revenus pour le peuple, c’est une source de richesse pour les bourgeois et surtout pour les nombreuses cours appartenant à de riches abbayes parfois lointaines qui perçoivent les revenus des terres qu’elles possèdent à Rouffach, ainsi que pour le seigneur de la ville, l’évêque et les chanoines du grand chapitre qui perçoivent la dîme en vin.
Une des sources principales qui permet de retracer l'histoire de la viticulture à Rouffach, est là encore les registres des sessions du magistrat qui nous renseignent sur les dates des récoltes, bien plus tardives qu'aujourd'hui, les règlements des vendanges, les travaux des vignes, etc.
On y rend compte des années de mauvaises récoltes, de vignes ravagées par le gel, la grêle, d'années de précipitations incessantes ou de grande sécheresse qui ruinent les espoirs de récoltes, phénomènes météorologiques dévastateurs toujours présentés dans les textes comme une punition divine, comme dans le document qui suit:
Cadran solaire de l'église Ste Catherine (photo Ville de Rouffach)
De nombreuses animations sont proposées dans la ville de Rouffach pour vous faire découvrir son riche patrimoine:
Une recherche sur le Web m’a fait découvrir par hasard le Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de France et de plus de 2000 hameaux en dépendant, un ouvrage colossal en 3 volumes publié en 1844 par Pierre Augustin Eusèbe Girault de Saint Fargeau, également auteur du Guide pittoresque du voyageur en France en 6 volumes, publié en 1834.
Je n’ai évidemment pas résisté, et j’ai cherché Rouffach, que j’ai trouvé dans le volume 3, page 513.
En 1844, Rouffach comptait 3349 habitants et tenait 5 grandes foires annuelles : le 14 février, 20 mai, 16 août, 9 septembre et 28 novembre. L’article reprend quelques éléments d’histoire, signale le prieuré Saint Valentin et les soins pour épileptiques et mentionne des fabriques de tissus de coton, de peluche pour chapeaux et filatures de coton.
Le passé industriel du Rouffach du dix-neuvième siècle a été peu étudié jusqu’à présent. On pense évidemment d'abord à la manufacture d'orgues Callinet, l'une des plus grosses entreprises de ce type à son époque, qui livra des orgues dans toute la partie Est de la France, jusque dans la banlieue de Toulon. Mais il s'agit là de manufacture, pas d'industrie. De même, une entreprise familiale fabriquant des chandelles ou une autre des mèches soufrées pour désinfecter les tonneaux, n'est pas à proprement parler une entreprise industrielle, la diffusion de ses produits restant très locale.
Pour l'instant, pas de traces écrites des fabriques mentionnées par le Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de France...
J’avais trouvé, il y a une quinzaine d’années un document conservé aux Archives départementales du Haut-Rhin (A.D.H.R.) dans lequel il est question d’une fabrique de châles de laine imprimés, installée le long de de l’Ohmbach : ses propriétaires demandent à la municipalité l’autorisation d’installer une dérivation sur le cours de la rivière pour alimenter une station de lavage de ses châles après leur impression. Il s’agit d’un document hautement intéressant, à plusieurs titres : d’abord parce qu’il nous permet de découvrir cette fabrique, et surtout parce qu’il est accompagné d’un plan très précis du cours de l’Ohmbach et des maisons riveraines, entre l’ancienne perception et la ruelle du Saint Esprit.
Ce panneau bleu planté au bord de la route des Cerisiers qui mène à Rouffach indique l'emplacement d'un ancien moulin à eau transformé en maison d'habitation. Ce moulin, la Hummelmühle, le moulin Hummel, était alimenté par un cours d'eau appelé improprement Vieille Thur et plus souvent canal des Douze moulins. Ce canal tire son eau de la Thur et poursuit son cours sur une trentaine de kilomètres avant de se jeter dans la Lauch. Il alimentait effectivement 12 moulins: Ungersheim, Reguisheim, l'Obermühle et la Untermühle de Meyenheim, la Schröepfermühle de Munwiller, et un second également à Munwwiller, la Hummelmühle de Rouffach, le moulin de Biltzheim et le moulin de Niederhergheim, la Tauefersmuhle de Herrlisheim et la Mattenmühle (source: Marc Grodwohl). Il manque le douzième ...
Au cours d'une recherche récente dans les fonds des archives municipales de Rouffach, je suis tombé sur un dossier (A.M.R. FF 46) portant le nom de ce moulin, qui m'a permis d'en savoir davantage sur les origines de cette maison et d'où elle tire son nom.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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