Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
Erneüwerung der Statt Ruffach Zins Anno Dmi. 1554 beschehen. A.M.R. A / AA 9
De quoi s’agit-il ?
Erneüwerung der Statt Ruffach Zins , c’est-à dire renouvellement du livre censier de la ville de Rouffach.
Nous disposons aux archives municipales de Rouffach d’un livre censier de la ville de Rouffach de 1492 à 1520. Il nous est impossible aujourd’hui de dire s’il y a eu entre 1520 et 1554, date du présent document, une autre copie, mise à jour : ces livres sont d’utilisation fréquente, avec de nombreuses corrections, surcharges, ratures correspondant à des mises à jour régulières nécessaires après des décès, ventes, rachats, etc. Il est donc nécessaire, au bout d’un certain temps, comme cela se fait également pour les obituaires, de « remettre au propre », de recommencer un nouveau livre qui recopie l’ancien mais en tenant compte des modifications intervenues entretemps. Et cela se fait de manière officielle, en présence du Schultheiss Diebolt WOLFART, de deux représentants du conseil mandatés par le Magistrat, et de la plupart des Zinsleuthen, directement concernés.
Quel peut être l’intérêt pour un historien, de déchiffrer, transcrire, traduire, analyser et commenter un tel document qui, finalement, ressemble à un banal document comptable, plutôt peu engageant. L’intérêt pourtant est considérable, c’est avec ce type de document qu’on écrit l’histoire et qu’on peut pénétrer dans l’intimité de la vie quotidienne du Rouffach ancien.
Voyons un peu ce que, au-delà des chiffres, nous apprend ce document :
Une lampe éternelle, dite aussi lampe perpétuelle, est une lampe qui brûle continument dans les lieux de culte juifs ou chrétiens. Dans les Églises catholique et orthodoxe, cette lampe éternelle symbolise la présence du Christ.
Croix sculptée par Xavier Friederich en 1822, offerte par Ignace Hoffman et Anne Marie Weingand. (Photo G.M.)
Rouffach dispose d'importantes carrières de pierre exploitées depuis le Moyen-Âge pour leur fameux grès jaune qui servit à la construction de l'église Notre-Dame et à celle de nombreuses maisons, porches, puits et fontaines de la ville. Ces carrières étaient connues bien au-delà de Rouffach et furent utilisées notamment pour l'édification des collégiales de Thann et de Colmar.
Elles ne sont plus en exploitation aujourd'hui et sont réservées à l'extraction de blocs de grès destinés à la restauration de monuments historiques et l'activité de taille de pierre si florissante a disparu de Rouffach. Ce que l'on sait moins, c'est que Rouffach connut au XIXème siècle une importante activité dans le domaine de la sculpture sur pierre: cinq ateliers de sculpteurs qui ont rayonné dans un large secteur autour de Rouffach, ont produit au XIXème et au début du XXème siècle un grand nombre d'œuvres d'art religieux dont une grande partie est conservée et encore visible de nos jours: croix de chemins, calvaires, croix de cimetières, monuments funéraires dans les cimetières... Il s'agit des ateliers de François Xavier Friederich, Xavier Barta, Joseph Barta, François Joseph Barta, Frédéric Hanner, Jacques Ebert et François Roth.
L'aîné de ces sculpteurs, François-Xavier Friederich a laissé à Rouffach et dans les villages environnants une œuvre importante, dont les deux grandes croix à Rouffach et la Descente de Croix ou Déploration de Soultzmatt que beaucoup considèrent comme son chef-d'œuvre.
François Boegly nous dresse ici une biographie sommaire de François-Xavier Friederich:
peinture à l'huile de Carl JORDAN (1904) Les femmes de Rouffach
source gallica Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Dans un article consacré à Rouffach sous la Terreur, nous avons pu mesurer le courage des femmes de Rouffach face aux révolutionnaires : une première fois lorsqu’elles ont pris la défense d’un malheureux contre le Wachtmeister TÖNLEN, de sinistre réputation, et une autre, en saccageant et renversant la « Montagne » érigée par les Patriotes dans l’église paroissiale, rebaptisée Temple de la Raison.
Une autre action courageuse leur aurait valu, plus de 7 siècles auparavant, en 1068, un privilège rare : celui d’occuper lors des célébrations à l’église paroissiale Notre-Dame, la place réservée habituellement aux hommes, le côté droit de la nef.
Dans le recueil Sagen und Geschichten aus deutschen Gauen, August Stöber (1808-1884), rapporte une vision des faits, romantisée par la tradition populaire et édulcorée par l’usure du temps :
l'église Sainte Catherine de Rouffach, vers les années 1950...
En 1789, le couvent des Récollets de Rouffach est encore occupé par 25 pères et une dizaine de frères. En 1791, tous les religieux doivent quitter le couvent et l'église Sainte-Catherine est remise au prêtre constitutionnel DIETRICH qui y célèbrera le premier office constitutionnel le 28 décembre. Les locaux vides du couvent seront transformés en caserne, puis en hôpital. En 1794 ils serviront même de prison et accueilleront les détenus de la prison centrale d'Ensisheim..
Le 20 septembre 1794, l'abbé Jean-Michel VOGELGSANG y célèbrera un culte particulier au cours duquel il "désinfectera" l'église de tous les miasmes laissés par cinq années d'occupation par les révolutionnaires...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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