Découvrez l'Alsace d'autrefois avec l'histoire de Rouffach, capitale de l'Obermundat.
La révolte du Bundschuh en Alsace
La guerre des rustauds (habitants des campagnes, sans le sens péjoratif qu’on connait à ce mot aujourd’hui) a été une traînée de poudre qui s’est répandue en peu de temps depuis l’Allemagne du sud-ouest pour gagner une grande partie de l’Empire dont l’Alsace. La population des campagnes (die Puren, les paysans) s’était soulevée en Haufen ou Huffen (bandes armées) pour contester la hiérarchie ecclésiastique et formuler des revendications contre les propriétaires fonciers, la noblesse, les chevaliers dans leurs châteaux, les religieux des couvents, etc.
Parmi ces doléances, la disparition (ou l’allègement) des droits et privilèges, survivance de la féodalité, l'abolition du servage, le droit de pêche et de chasse, l'abolition de nombreux impôts féodaux et l’assurance d'être traités avec justice par les tribunaux seigneuriaux et ecclésiastiques … Des revendications légitimes, mais il manquait à la tête des insurgés des chefs et un commandement capables d’assurer la coordination de cette multitude de Haufen. Lorsque le mouvement déborda sur les terres alsaciennes du Duc de Lorraine, entraînant l'intervention militaire brutale de ce dernier, une vague sanglante déferla sur toute l’Alsace : vingt mille tués pour Saverne, Lupstein et Neuwiller, quatre mille au moins pour une troupe de 15 à 20000 insurgés à Scherwiller… A Lupstein, près de Saverne, on poussa les derniers insurgés armés dans l’église, on l’entoura de bois auquel on mit le feu, brûlant l’église et ses occupants…
Cette révolte de 1525 et son rêve d’un changement modéré ou radical de la société se solda malgré son ampleur par un échec, comme d’autres précédentes, notamment la conjuration du Bundschuh en Alsace de 1493 (le combat des chaussures à lacets des paysans contre les bottes des nobles) … d‘autres suivront pour exprimer le « ras-le-bol fiscal » des petites gens...
" Le 6 juin 1617, cinquante minutes environ après le coucher du Soleil, se produisit une conjonction de la Lune et Vénus qui souleva l’admiration de tout Ulyssipone. Vénus semblait chevaucher la Lune…"
Disons-le franchement : de nos jours, un tel événement n’intéresserait guère plus de 1% du public… sauf si, par un hasard rare, l’actualité venait à marquer une pause. Un présentateur en panne d’informations sensationnelles pourrait alors lui consacrer quelques secondes à la fin de son journal télévisé.
Mais en ce début de XVIIe siècle, Johannes Remus Quietanus commente largement ce rapprochement virtuel de La Lune et de l’étoile du Berger dans un courrier adressé à son ami le mathématicien impérial Johannes Kepler. Les nouvelles politiques y ont aussi la primauté : Quietanus relate d’abord le décès de l’archiduc Maximilien III.
Une étude de cette lettre nous éclairera sur le rang de celui qui deviendra quelques années plus tard Bestellter Physicus (médecin en titre) de la ville de Rouffach, ainsi que sur ses préoccupations médicales et astronomiques.
1514 : dans la semaine précédant la saint Laurent éclata une émeute opposant la population de Rouffach et des alentours d’une part, aux Bailli, Schultheiß et conseillers du Magistrat, d’autre part. Le bailli et ses gens durent se réfugier à l’abri des murailles du château et se défendre : la bourgeoisie de Rouffach avait pris les armes et assiégé Isenbourg, en bonne et due forme ! L’affaire aurait éclaté à cause du Schultheiß, prévôt de la ville : celui-ci aurait repéré en ville une jeune et jolie bourgeoise, qu’il avait voulu séduire et soumettre à sa volonté… Mais comme elle se refusait à lui, il se serait vengé en cherchant à causer du tort à l’époux de la belle…
Image extraite du Hausbuch der Nürnberger Zwölfbrüderstiftung 1433
Le vieux Bartle Strell est décédé après quarante-quatre ans de bons et loyaux services rendus à la Ville de Rouffach. Il avait été Thurnbleser pendant 44 ans : Thurnbleser c'est à dire littéralement sonneur de trompe au sommet d'une tour de guet. Nous écririons aujourd’hui Turmbläser, Türmer ou Turmwächter. Rappelons que Turn désigne la tour (et s'écrit Turm aujourd’hui) ,mais signifie également prison (généralement aménagées dans une tour.) Quoique essentielle dans la protection de la cité, la profession est peu prisée et même entachée d’indignité jusqu’au seizième siècle.
En parcourant les protocoles du magistrat, il est assez fréquent de rencontrer des mentions relatives au sonneur de la Ville et à des salaires versés à des Trometer ou Trompeter, trompettes ou sonneurs de trompes. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé jusqu’à présent de Règlement précis au sujet de l’emploi de sonneur et ce que nous savons de cette charge reste très fragmentaire.
Les Conseillers du Magistrat de Rouffach ne connaissent ni vacances, ni jours fériés ! Ils se réunissent en conseil ordinaire, chaque semaine, sous la présidence du Schultheiss, le « prévôt » de la Ville. Mais ils sont appelés à siéger à d’autres séances : si l’on se réfère aux protocoles conservés aux archives, les réunions du conseil sont particulièrement nombreuses, parfois jusqu’à quatre, cinq, voire plus par semaine et même parfois le dimanche ou veille de fête ! Rappelons que tous ces conseillers appartiennent à une bourgeoisie aisée, qui dispose de revenus considérables qui leur permettent d’exercer un mandat à temps plein… Beaucoup des affaires traitées lors de ces réunions sont des affaires de simple police : il est demandé au Magistrat d’arbitrer toutes sortes de conflits, depuis le déplacement de bornes, l’abattage non autorisé d’un arbre, la divagation d’un âne, jusqu’à des affaires plus sérieuses comme des rixes, coups et blessures, injures touchant l’honneur, l'ivrognerie, le tapage nocturne et même adultère !
Voilà deux sujets débattus am heiligen Weÿnacht Aubend, la veille (et non le soir !) du saint jour de Noël 1614 :
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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