Procès-verbal des aveux d'Ursula
Parmi les dossiers des procès de sorcellerie conservés dans les archives municipales de Rouffach et surtout les archives départementales du Bas-Rhin, celui d'Ursula Ebsteinerin d'Orschwihr, quoique très incomplet, retient l'attention.
C'est le procès d'une gamine, sans doute un peu délurée, à qui on attribue plusieurs aventures, une veuve encore jeune et sans doute jolie, dont les deux premiers maris sont décédés, tous les deux dans des circonstances analogues peu de temps après leur mariage, et que son troisième époux, Lienhardt Beitz accuse d'avoir voulu empoisonner. La lecture de plus d'une centaine de comptes-rendus de procès de sorcellerie nous a appris que la société de cette première moitié du 17ème siècle, nous sommes en automne 1620, voyait d’un très mauvais œil ces femmes « hors normes » et beaucoup d'entre elles, entraînées par les rouages d'une justice implacable, finiront sur le bûcher.
Vue de la Ville en 1548 par Sebastian MÜNSTER
Les archives de la Ville de Rouffach conservent dans leurs réserves de nombreux règlements dont le but était de fixer les droits et les coutumes souvent transmis par l'usage et qui prennent alors force de lois. Ce sont des documents très riches et du plus grand intérêt pour l'historien: ils lui permettent de pénétrer dans la vie quotidienne des hommes et des femmes du passé et d'en découvrir les multiples aspects.
Le registre A / AA 3 des A.M.R. contient l'un des règlements les plus anciens, daté en partie du XVème siècle, intitulé Der Statt von Rufach recht und gewonheit, Droits et usages de la Ville de Rouffach. Il est composé de plusieurs items:
- Item, des ersten, wenne kryege in dem Lande ist, wie man die Tore und Ringkmur versorgen sol
- Darnach von des gerichtes gewonheit
- So denn der Stetterecht am zwölften tag
- Darnach unser Frowen und der Stette recht und gewonheit gegen der Eptissin von Eschowe
- Darnach der alte Spital
- Der Nuwe Spittel
- Darnach ein Kilwartz recht
- Darnach der Tumherren hof von Straßburg
Dans le présent article, nous nous intéresserons au premier item, Comment doivent être gardées portes et murailles en temps de guerre, dont je propose une traduction accompagnée de la transcription du texte original, avec, pour finir quelques commentaires et pistes de réflexion.
Bien visible à l’angle Sud-ouest de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Rouffach, la méridienne Adam est un dispositif gnomonique qui a sans doute intrigué plus d’un passant, avec sa courbe en 8 graduée selon les mois de l’année. Lorsqu’il y a du soleil, l’ombre d’un disque percé en son centre nous donne la date courante à 13 heures 31 (ou 12 h 31 en hiver) !
Mais quelle peut bien être l’utilité d’un tel cadran solaire qui par beau temps, ne donne l’heure qu’une fois par jour ? Et si les rouffachois sont fiers de leur jolie méridienne, les habitants de Gueberschwihr ne le sont pas moins de la leur…. ont-ils remarqué, les uns et les autres, que l’on en trouve un autre exemplaire, sortie du même atelier sur un contrefort de la collégiale Saint-Martin de Colmar ?
L’horloger colmarien Urbain Adam les fabriquait en série. Il en posait une sur le mur de l’église chaque fois qu’il installait un mécanisme d’horlogerie dans un clocher. La méridienne servait à contrôler le bon fonctionnement de la grande horloge et aussi à la remettre à l’heure si d’aventure elle s’était déréglée.
1625 3 G / 5b folio 59 verso:
Les dépenses à l'occasion d'un procès criminel sont toujours scrupuleusement notées par les greffiers et les archives conservent nombre de "Zettels", de notes, celles par exemple délivrées par les aubergistes pour les frais de bouche des juges, l'avoine de leur chevaux ou celles de l'exécuteur des hautes œuvres pour son salaire et celui de ses assistants... Rien n'est omis, les dépenses pour les chandelles des geôliers, leurs repas, pour les cordes, les chaînes, la paille, le bois du bûcher... tout cela sera déduit des biens du supplicié ou de ses héritiers.
L'article qui suit présente un récapitulatif des dépenses occasionnées lors du procès et de l'exécution de deux malfaiteurs, dont nous ignorons les méfaits et qui sont juste nommés par "der schwartzen Schneider und (der) freÿburger Beckh...". Schneider et Beck sont-ils leur patronyme ou leur profession, tailleur et boulanger ? Nous n'en saurons pas plus ...
Augsburger Wunderzeichenbuch - Folio 164 - Nebensonnen und Schwert 28. Oktober 1549
Le chroniqueur rouffachois Materne Berler (1487-1573) rapporte des apparitions étranges [1] :
Trois soleils apparus dans le ciel en 1152
Trois lunes une autre fois dans le ciel nocturne, l’une d’elles étant surmontée d’une croix !
« Avez-vous déjà vu un tel phénomène ?
- Bah non, je n’ai pas la berlue ! »
Ces récits peuvent paraître miraculeux ou inspirés par une foi excessive, mais on peut en proposer une explication rationnelle par des phénomènes optiques bien connus des météorologues : les parhélies et les parasélènes. Et nous en retrouverons des évocations sous la plume de Remus Quietanus, un autre rouffachois ou encore sous celle du compositeur romantique Franz Schubert !
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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