peinture à l'huile de Carl JORDAN (1904) Les femmes de Rouffach
source gallica Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Dans un article consacré à Rouffach sous la Terreur, nous avons pu mesurer le courage des femmes de Rouffach face aux révolutionnaires : une première fois lorsqu’elles ont pris la défense d’un malheureux contre le Wachtmeister TÖNLEN, de sinistre réputation, et une autre, en saccageant et renversant la « Montagne » érigée par les Patriotes dans l’église paroissiale, rebaptisée Temple de la Raison.
Une autre action courageuse leur aurait valu, plus de 7 siècles auparavant, en 1068, un privilège rare : celui d’occuper lors des célébrations à l’église paroissiale Notre-Dame, la place réservée habituellement aux hommes, le côté droit de la nef.
Dans le recueil Sagen und Geschichten aus deutschen Gauen, August Stöber (1808-1884), rapporte une vision des faits, romantisée par la tradition populaire et édulcorée par l’usure du temps :
Cet article fait suite à l’article intitulé L'assaut et la prise de la ville par les suédois en février 1634, racontée par Jean Simon MÜLLER dans l'Urbaire de la Ville, URBARIUM RUBIACENSIS CIVITATIS, de 1727. Rouffach sort exsangue de la guerre de Trente Ans: la population est décimée, l'économie ruinée, les cultures perdues.
Le chroniqueur conclut par ces mots :
Tout cela montre clairement ce que notre bonne ville de Rouffach a enduré au cours de cette guerre des suédois comme angoisses, chagrins et misère auxquels peu de bourgeois ont survécu, une grande partie d’entre eux sont morts de frayeur, de faim et de chagrin.
La Une du Progrès illustré relatant la catastrophe de Bouzey (88) le 27 avril 1885
L'hiver 1709 a été évoqué dans un article précédent paru sous le titre 1709 un hiver particulièrement rigoureux et meurtrier. Cette fois Jean-Simon MULLER nous parle d'un autre hiver qu'il a vécu, celui de l'année 1739 au cours duquel beaucoup de gens sont morts gelés et qui anéantit les réserves de vin et les espoirs de récolte de l'année suivante. Une année 1740 où les pluies et la fonte des neiges ont été la cause d'une catastrophe meurtrière qui noya de nombreuses personnes: la rupture de la digue du lac du Ballon.
stèle commémorative dans le chœur de l'église Notre-Dame de Rouffach, rappelant le massacre des religieux par les suédois le 15 février 1634
En 1634, le roi de Suède, avec l’appui de quelques villes impériales, envahit et dévasta l’Alsace. Colmar, qui avait trahi l’empereur accueillit les troupes suédoises et la ville devint un vrai repaire de pillards.
Cette année 1634, le 15 février, les suédois arrivèrent aux portes de Rouffach et assiégèrent la ville. Les gens de Rouffach, avec quelques soldats impériaux se défendirent avec ardeur jusqu’au moment où la ville fut prise d’assaut par les suédois qui, pendant trois longues heures massacrèrent tous les hommes qu’ils rencontraient.
Les religieux se réfugièrent dans la sacristie de l’église paroissiale, les suédois forcèrent la porte à coups de hache, se saisirent des religieux qu’ils traînèrent jusqu’au Neuhaus où ils furent massacrés.
La ville fut mise à sac par les suédois et les rouffachois furent contraints de payer aux occupants une très forte rançon, si exorbitante qu’ils durent y engager tous leurs biens et toute leur fortune. Les notables qui avaient survécu au massacre furent menés à Colmar et jetés en prison où on ne cessait de les menacer de les pendre si la rançon exigée n’était pas payée dans son intégralité.
L’insécurité régna de nombreuses années, tout le temps que dura la présence des suédois dans le pays.
Nous avons évoqué plusieurs fois dans ces pages la figure de Jean-Simon MÜLLER, le rédacteur de l’URBARIUM RUBIACENSIS CIVITATIS ou Stadt Buch und Urbarium von Ruffach, conservé aux A.M.R. dans le fonds ancien des archives municipales, série AA n° 11.
Cet Urbaire rassemble des copies des anciennes chartes et lettres qui contiennent les droits et les privilèges de la ville depuis les années qui ont suivi sa fondation. Mais ce registre contient aussi des passages de vraie chronique, dans lesquels l’auteur évoque des événements dont il a été un témoin direct.
Nous avons choisi un passage dans lequel il décrit un hiver particulièrement rigoureux et meurtrier, celui de 1709, il y a un peu plus de 300 ans, à une époque où on ne parlait pas encore de dérèglement climatique…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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