La boucherie, Tacuinum Sanitatis, XVe siècle
Paris, BnF, Département des manuscrits, Latin 9333, fol. 71v
4 septembre 1612 : on ne plaisante pas avec la D.D.S.V.!
Bien sûr, en 1612, la D.D.S.V., Direction Départementale des Services Vétérinaires et la D.G.C.C.R.F., direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes n’existaient pas ! Quoique…
Le hasard a voulu que lors d’une fête de famille à Châtenois, la communion privée de mon petit-fils Jean-Baptiste, je me sois trouvé à table avec quelques anciens castinétains qui évoquaient des souvenirs d’adolescents et de jeunes adultes. Lorsque j’ai entendu répéter plusieurs fois le mot Maïabaum, arbre de mai, j’ai tendu l’oreille. Ils parlaient du temps où ils étaient conscrits, et confectionnaient ce Maïbaum, un grand sapin coupé en forêt, le plus grand possible, ébranché et décoré, qu’ils dressaient fièrement au sommet du Hahnabari, le Hahnenberg, planté dans le Maistein, le rocher de Mai, pour célébrer le Mai, le renouveau de la nature. Mais cet arbre courait un grand danger : les jeunes conscrits du village voisin, Kintzheim, ne rêvaient que d’une chose, le voler, ce qu’il fallait empêcher à tout prix. Et il ne restait pas d’autre choix que de monter la garde toute la nuit, en veillant bien à ne pas mourir de soif ! Et le lendemain, premier mai, le village rejoignait les conscrits pour faire la fête autour de l’arbre et célébrer le retour de la frondaison.
Aujourd’hui il n’y a plus de conscrits, mais ce sont ceux les sexagénaires de l’année qui, avec le concours de l’amicale du Hahnabari érigent le Maïabaum et animent le 1er mai le Maïabaum Fescht, la fête de l’arbre de mai, un événement local majeur de la cité du Hahnenberg, Châtenois.
Eh bien, il est certain que cette fête a été célébrée à Rouffach, sans doute sous des formes différentes, … plusieurs documents conservés aux archives municipales l'attestent…
Vogt, Schultheiß und Rat zu Rufach erneuern der Schmiedezunft ihre hergebrachte Ordnung. - 6. April 1500.
Le bailli de Roufach, Schultheiß et Magistrat de Rouffach mettent à jour et renouvellent le règlement de la tribu des forgerons.
Materne BERLER, né à Rouffach en 1487 et décédé à Gueberschwihr vers 1573, a fait ses études à l’école latine de Sélestat, creuset de l’humanisme alsacien, comme élève de Jérôme GUEBWILLER (1473-1545) puis à l’Université de Bâle (1507-1509). Il s’inscrit dans le courant humaniste qui s’épanouit au XVIe siècle, qui en est l’âge d’or dans l’ensemble de l’Europe de la Renaissance. Sans atteindre la notoriété des illustres humanistes qu’il a pu côtoyer au cours de ses études, Sebastian MUNSTER, Beatus RHENANUS, Ulrich ZWINGLI, ERASME de Rotterdam ou Jakob WIMPFELING, Materne BERLER a légué une chronique dont de nombreux passages sont précieux pour l’historien. Cet ouvrage au style parfois embrouillé et lourd est, comme beaucoup d’ouvrages de la même époque, une compilation de récits empruntés à diverses sources, mais il recèle quelques pages de vraie chronique familiale dans lesquelles l’auteur livre quelques souvenirs de son enfance à Rouffach.
Cette Chronique de 794 pages a malheureusement disparu dans l’incendie de la bibliothèque de la Ville de Strasbourg en 1870. Quelques pages, 120, recopiées sur l’original avant sa destruction, ont été publiées par L.SCHNEEGANTZ dans le Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, Strasbourg 1843.
Dans le passage que nous avons choisi de présenter, BERLER rappelle un souvenir de son enfance, sur les marchés de Rouffach, dans une page dans laquelle il traite de l’introduction en Alsace de la vérole maligne ou du mal français, la syphilis, importée en 1495 par les soldats revenant de la campagne de Naples.
Dessin du XVIIème siècle montrant un Juif allemand prêtant un serment juif.
Les archives municipales de Rouffach conservent dans leurs réserves plusieurs Schwehrbuch, littéralement livres des serments, du XVIème et XVIIème siècle. Ils renferment entre autres les textes des serments que devaient prêter les serviteurs de la ville au moment du renouvellement annuel de leur charge. On y trouve également les règlements des différents offices et professions de la ville : en premier lieu les serments des membres du Magistrat puis celui des bourgeois « ordinaires », des bouchers, meuniers, aubergistes, gourmets jurés, chargeurs et porteurs de vin, etc. Ces textes sont régulièrement mis à jour, corrigés d’une année à l’autre, ce qui explique les nombreuses ratures, surcharges, ajouts dans les marges, qui en rendent souvent la lecture assez malaisée.
Le livre des serments de 1613, A.M.R. BB 126, se termine par le serment du bourreau de la ville Eines Henckhers und Nachrichters Aidt et le serment du juif, Der Juden Aidt.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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