On ne saurait, semble-t-il, concevoir de fête médiévale sans sorcières, tant l'imagination populaire associe sorcellerie et Moyen-Âge. Mais on est parfois amené à s'interroger sur les spectacles qui nous sont présentés. Ainsi celui vanté par un annonce passée dans le supplément Loisirs du journal L'Alsace, en date du 12 juin 2009. Voici comme était présentée une fête médiévale dans une charmante petite bourgade viticole du proche Bas-Rhin:
... la fête[...] souhaite mettre l'accent sur le caractère d'authenticité de la manifestation. Un marché médiéval est lui aussi voulu au plus près de ce qu'on pouvait trouver au Moyen-Âge. Des animations, le bourreau et ses sorcières, des saynètes sur le thème de la torture, des guerriers en armes, entre autres, égaieront la journée...
Il n'est pas dit si les organisateurs avaient prévu un atelier torture, pour occuper les enfants, et rendre encore plus attractive cette sortie familiale...
La torture ne peut être ludique, le martyre de centaines de femmes, d'hommes et d'enfants ne peut distraire et encore moins égayer. Si des faits tragiques de notre histoire doivent être représentés en spectacle, ce ne peut être que dans le but d'instruire et de mettre en garde contre l'obscurantisme et la barbarie... pas pour passer un moment récréatif en famille.
Comment convient-il de danser, dans un lieu public, sur la Tanzmatte ou dans le Tanzhaus, en 1581 à Rouffach?
La production de vins mousseux en Alsace remonte historiquement au début du XXe siècle. Lors de l'exposition universelle de Paris en 1900, Julien Dopff assiste à une démonstration de la méthode champenoise et presque aussitôt à son retour à Riquewihr, il produit ses premiers vins mousseux. Ainsi, en rajoutant du sucre et des levures à des vins tranquilles, il amorce cette fameuse deuxième fermentation qui permet la production de gaz carbonique et la transformation du sucre en alcool. Ce ne sera que le 24 août 1976 que l'A.O.C. Crémant d'Alsace sera officialisée par décret.
Le hasard nous a permis la découverte, dans les annonces de la Revue d’Alsace de 1834, d'une mise au point intéressante publiée par un producteur de vin mousseux d'Alsace de Strasbourg, qui défend sa production contre les vins médiocres ou mauvais proposés par la concurrence. (Revue d'Alsace 1834 , page IV des Annonces)
Réunion de sorcières, préparant dans un pot qu'elles déverseront dans une vigne ou un verger,
une "intempérie" destinée à détruire les récoltes...
Margretha BECKHIN est la veuve de Peter ZIMMERMANN de Soultzmatt, lui-même exécuté quelques années auparavant par le feu. Elle a été arrêtée et emprisonnée le 25 juin 1624.
Francisco de Goya: Le sabbat des sorcières
musée du Prado
L’organisation de la justice dans le bailliage de Rouffach, en 1624...
Même si l’évêque de Strasbourg est toujours le plaignant dans tous les procès, les tribunaux qui siègent pour les affaires criminelles, et donc la sorcellerie, sont des tribunaux séculiers (ce serait un anachronisme grave de parler de laïcité pour cette période: toute la société et ses institutions sont chrétiennes et catholiques, le religieux et le civil s’interpénètrent en permanence et souvent même se confondent).
Les sorciers et sorcières de Rouffach, de Soultzmatt, d’Orschwihr ou d’Eguisheim ont été jugés par des bourgeois de leur ville ou de leur village, siégeant comme jurés, et par des juges issus d’une institution à la tête de laquelle se trouve, certes, l’évêque de Strasbourg, mais non en tant que chef religieux et spirituel, mais en tant que prince temporel, seigneur de l’Obermundat, comme les Ribeaupierre, les Habsbourg, les Furstemberger, dans leurs seigneuries…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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