Israhel van Meckenem, La dispute pour la culotte, 1480 Paris, BNF, Estampes (d’après Beaumont-Maillet 1984 : 14).
Nous avons écrit plusieurs fois dans ces pages, que le Magistrat, qui rappelons-le, est composé à Rouffach de 15 conseillers, et présidé par le Schultheiss, se réunit en séance ordinaire le mardi de toutes les semaines. Pendant ces sessions, sont réglées les affaires courantes de la ville, mais l’essentiel de son activité est celle d’une cour de justice civile qui est amenée à se prononcer sur des infractions aux règlements de police : conflits de voisinage, jeux interdits, tapage nocturne, injures, jurons, blasphèmes, etc. Les mêmes conseillers du Magistrat peuvent également être appelés à siéger comme jurés dans une cour de justice criminelle où ils jugeront notamment des crimes, comme la sorcellerie.
Les registres des délibérations du Magistrat regorgent d’affaires, souvent cocasses, soumises au jugement des braves bourgeois de Rouffach siégeant au Conseil, les ancêtres de nos conseillers municipaux d’aujourd’hui, qui n’ont plus, eux, à démêler de pareils litiges!
En voici un, particulièrement croustillant, auquel ils ont trouvé une solution plutôt radicale ! S'avérera-t-elle durable?
Vue de l'intérieur de l'église de Rouffach Lithographie Engelmann 1830
A Rouffach les femmes sont placées à droite dans l’église, face au chœur, alors qu’elles ont habituellement leur place réservée à gauche. Qu’est ce qui leur a valu ce privilège réservé partout ailleurs, ou presque, aux hommes ? Quelques mâles chagrins, sans doute jaloux d’avoir perdu une place qu’ils estiment leur être due, affirment qu’on les a placées là, sous la chaire, pour qu’elles entendent mieux les sermons du curé ! Pour en savoir un peu plus, le lecteur trouvera une page plus complète sous le titre L’héroïsme des femmes de Rouffach qu’il pourra consulter en cliquant ici.
Le présent article complète cette première page et corrige une traduction parue en mars 2019 dans un annuaire sous le titre La Place des femmes à l’église de Rouffach.
Nous avons reproduit au bas de l'article les pages de l’Urbaire * qui concernent la répartition des places à l’église paroissiale, côté femmes, telles que définies par le Magistrat dans sa session du 12 février 1724, et nous en proposons une traduction et quelques commentaires.
* Urbaire de la Ville de Rouffach, (A.M.R. AA / 11) rédigé à partir de 1727
Obersultz, dans A.D.H.R. Evêché de Strasbourg 3 G / 54 1695
En 1695 l’abbaye de Murbach porte plainte à la Régence de l’évêché de Strasbourg de ce que la ville de Soultz exige d’eux les droits de péage, pontonage et du pied fourchu.
Le 27 août 1745, le soir entre 20 et 21 heures, la foudre s’abattit sur la maison de la compagnie des Tireurs de Rouffach. L’incendie qui s’ensuivit détruisit de fond en comble cette maison, rien n’échappa au sinistre. Disparurent entre autres choses toutes les archives, les chartes attestant les droits et les privilèges de la compagnie depuis ses origines, ses statuts et ses règlements. Le greffier qui relate cet événement dans les premières pages d’un nouveau registre, le décrit comme une manifestation de la toute-puissance du Dieu très haut :
La révolte du Bundschuh en Alsace
La guerre des rustauds (habitants des campagnes, sans le sens péjoratif qu’on connait à ce mot aujourd’hui) a été une traînée de poudre qui s’est répandue en peu de temps depuis l’Allemagne du sud-ouest pour gagner une grande partie de l’Empire dont l’Alsace. La population des campagnes (die Puren, les paysans) s’était soulevée en Haufen ou Huffen (bandes armées) pour contester la hiérarchie ecclésiastique et formuler des revendications contre les propriétaires fonciers, la noblesse, les chevaliers dans leurs châteaux, les religieux des couvents, etc.
Parmi ces doléances, la disparition (ou l’allègement) des droits et privilèges, survivance de la féodalité, l'abolition du servage, le droit de pêche et de chasse, l'abolition de nombreux impôts féodaux et l’assurance d'être traités avec justice par les tribunaux seigneuriaux et ecclésiastiques … Des revendications légitimes, mais il manquait à la tête des insurgés des chefs et un commandement capables d’assurer la coordination de cette multitude de Haufen. Lorsque le mouvement déborda sur les terres alsaciennes du Duc de Lorraine, entraînant l'intervention militaire brutale de ce dernier, une vague sanglante déferla sur toute l’Alsace : vingt mille tués pour Saverne, Lupstein et Neuwiller, quatre mille au moins pour une troupe de 15 à 20000 insurgés à Scherwiller… A Lupstein, près de Saverne, on poussa les derniers insurgés armés dans l’église, on l’entoura de bois auquel on mit le feu, brûlant l’église et ses occupants…
Cette révolte de 1525 et son rêve d’un changement modéré ou radical de la société se solda malgré son ampleur par un échec, comme d’autres précédentes, notamment la conjuration du Bundschuh en Alsace de 1493 (le combat des chaussures à lacets des paysans contre les bottes des nobles) … d‘autres suivront pour exprimer le « ras-le-bol fiscal » des petites gens...
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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