Ci-dessus, le portail de la collégiale Saint Thiébaut de Thann
Jean-Michel VOGELGSANG, prêtre rouffachois, est l’auteur d’un Journal dans lequel il témoigne des événements qu’il a observés dans sa ville tout au long des années de Terreur. Prêtre réfractaire ou non-jureur, à la Constitution civile du Clergé, promulguée en juillet 1790, Jean-Michel Vogelgsang est contraint à la clandestinité : la vie d’un prêtre réfractaire, s’il est dénoncé et retrouvé, se termine souvent sur l’échafaud. Dès lors, il vivra caché, fuyant d’une maison amie à une autre, ou terré dans la maison familiale, dans l’actuelle rue Poincaré, caché sous le plancher du grenier. Il poursuivra cependant son ministère, visitant les malades et administrant les mourants, se déguisant parfois en femme pour ne pas être repéré…
Les fenêtres gothiques de la galerie, côté promenade des Remparts.
Le document proposé dans cet article est tiré d’un registre des archives municipales de Rouffach, conservé sous la cote A.M.R. AA 3.
Ce registre est un recueil des droits, règlements, usages et coutumes de la ville de Rouffach, recopiés les uns à la suite des autres, sans plan particulier et sans respect de la chronologie, daté de 1343 pour le plus ancien et de 1517 pour le plus récent.
Il s’agit d’un ensemble de documents d’une importance considérable pour l’histoire des institutions de la fin du Moyen-Âge à Rouffach.
Le document choisi détaille l’ensemble des droits, usages et obligations réciproques de la ville et de l’abbesse d’Eschau, propriétaire d'une importante Cour, à Rouffach, depuis le VIIIème siècle.
La console de l'orgue Claude Ignace Callinet de 1855
Note en marge :
Acceptation d’un devis présenté par M. Callinet Cadet, facteur d’orgues à Rouffach, pour une grande réparation à l’orgue de la paroisse de Rouffach, suivi d’un traité du contrat.
Dans ce devis, Claude Ignace Callinet précise bien que les travaux à entreprendre sont une grande réparation de l'orgue en place dans l'église. Le greffier du conseil de fabrique note également qu'il s'agit de grandes réparations et agrandissements à faire à l'orgue de l'église paroissiale de Rouffach.
Revenons un peu en arrière et examinons l'orgue de 1855, avant l'intervention de Claude Ignace Callinet, qui nous a laissé, pour la plus grande partie, l'instrument que nous pouvons voir et entendre encore aujourd'hui.
Le saint Sépulcre (1455 / 1500), église saint Dominique de Vieux-Thann (photo:base Palissy)
Le 18 août 1774, le Magistrat de la ville de Rouffach décide de confier à Johannes Locher et Johannes Ruebrecht, deux peintres originaires de Mengen an der Donau et à Franz Joseph Müller, maître menuisier de Rouffach, la réalisation d’un nouveau saint Sépulcre selon le modèle du plan qu’ils proposent, en remplacement de l’ancien qui serait ruiné, brisé, gantz zerbrochen..
Le saint Sépulcre, la Sainte Tombe, das heilige Grab, est, selon une tradition chrétienne, le tombeau du Christ, aujourd’hui pris dans une rotonde englobée dans l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, où le corps de Jésus de Nazareth aurait été déposé au soir de sa mort sur la Croix.
Malheureusement ce plan a disparu et nous ne savons que très peu de chose de cet ouvrage, mais une lecture attentive du contrat apporte quelques informations qui permettent d’entrevoir ce dont il pouvait s’agir.
Le 11 mars 2019, nous avons proposé dans ces pages un article consacré à un faubourg de Rouffach, le village disparu de Suntheim, intitulé 1442, l'église saint Etienne est réunie à celle de Rouffach. Pour beaucoup, Suntheim évoque le C.A.T. Moulin de Sundheim, pour d’autres un centre équestre ou une pension pour chiens et chats. Pour quelques rares autres, un hameau disparu, il y a bien longtemps, au sud de Rouffach, du côté du C.H.S.
Mais Suntheim était bien plus qu’un hameau de quelques pauvres bâtisses. D’abord, c’était la demeure de plusieurs familles nobles qui ont essaimé plus tard en d’autres lieux. A Suntheim se trouvait la première implantation des Chevaliers de l’ordre teutonique, avec des bâtiments et leur église. A Suntheim aussi, une église de paroisse, l’église saint Etienne dont des vestiges ont subsisté longtemps après la disparition du village. Un couvent de femmes qui fut transféré à Guebwiller et devint le couvent Engelpforten, de la porte de l’Ange, une communauté de religieuses de l’ordre teutonique, une léproserie, un moulin, des maisons d’habitation, des rues, des champs, des prés et des vignes…des gens, des activités, une vie qui demande qu’on s’y intéresse et dont l’histoire reste à faire.
Thiébaut Walter terminait son article consacré aux trouvailles faites au moment des travaux de terrassement pour la construction du C.H.S., en souhaitant qu’après avoir détruit sans scrupules les vestiges de Suntheim, les décideurs compétents rappellent au moins son souvenir en incluant le nom du village disparu dans le nom donné au futur établissement. Il n’a pas été écouté... Ce lieu mériterait au moins une signalisation, rien qu'un petit panneau, comme ceux qui signalent les lieux-dits, au bord de la route et qui rappellerait ce village disparu...
Je renvoie les lecteurs d’Obermundat à l’article précité et je leur propose deux courts documents datés de 1515 et 1516 qui font état de la présence de « frères et sœurs » sur le site, plus d’un demi-siècle après qu’une charte rédigée le 13 septembre 1442 eut signalé que le village était déjà vide de ses habitants et que l’église n’en était plus desservie.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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