La Piéta de l'église Notre-Dame de Thierenbach
Le 13 mai 1142, la ville de Rouffach et ses habitants font le vœu solennel de se rendre en pèlerinage à Thierenbach, sous peine de malédiction éternelle, chaque année et à perpétuité, le mercredi qui suit le dimanche de la Pentecôte,
« avec dévote procession, humblement et avec soumission, à condition qu’un homme adulte de chaque maison y assiste et offre en esprit de dévotion à la Reine du Ciel, sur son autel, un denier pour la conservation des édifices de sa maison… »
Les mains en prière d'Adelaïde Beger, épouse du chevalier Guillaume Kappler
église Saint Sébastien de Soultzmatt (1496) photo G.M.
La prière de quarante heures est une tradition ancienne qui remonte au seizième siècle. Ces quarante heures rappellent aux fidèles les quarante heures que le Christ a passées au tombeau avant sa résurrection au matin de Pâques. Cette prière collective, à laquelle est conviée l’ensemble de la population de la ville, se tient habituellement à l’entrée de la semaine sainte. Mais elle peut également être ordonnée à d’autres moments, lors des périodes difficiles où la prière est le dernier recours, en cas de guerres, d’épidémies, de disettes. Les fidèles se relaient à intervalles réguliers pour la prière devant le saint Sacrement, exposé sur le maître-autel.
La chapelle du Schauenberg, gravure de Rothmuller
Peut-on expliquer l’histoire par le climat ? Si le climat ne peut tout expliquer il reste néanmoins un facteur important qui détermine quantité d’événements de l’histoire : combien d’émeutes et de révolutions pour du pain… De nos jours et sous nos climats, une année de mauvaises récoltes n’entraîne plus de disettes et les épidémies qui s’ensuivent. Avant la navigation à la vapeur, le chemin de fer et les échanges commerciaux qui limitèrent progressivement les effets des mauvaises récoltes, quels secours nos anciens pouvaient-ils attendre, à quels saints pouvaient-ils se vouer? Et bien, aux saints, justement, par la prière, les offrandes, les processions…
trouvé dans la Revue catholique d’Alsace 1905 1909, 24ème année septembre 1905
Francisco de Goya: Le sabbat des sorcières
musée du Prado
L’organisation de la justice dans le bailliage de Rouffach, en 1624...
Même si l’évêque de Strasbourg est toujours le plaignant dans tous les procès, les tribunaux qui siègent pour les affaires criminelles, et donc la sorcellerie, sont des tribunaux séculiers (ce serait un anachronisme grave de parler de laïcité pour cette période: toute la société et ses institutions sont chrétiennes et catholiques, le religieux et le civil s’interpénètrent en permanence et souvent même se confondent).
Les sorciers et sorcières de Rouffach, de Soultzmatt, d’Orschwihr ou d’Eguisheim ont été jugés par des bourgeois de leur ville ou de leur village, siégeant comme jurés, et par des juges issus d’une institution à la tête de laquelle se trouve, certes, l’évêque de Strasbourg, mais non en tant que chef religieux et spirituel, mais en tant que prince temporel, seigneur de l’Obermundat, comme les Ribeaupierre, les Habsbourg, les Furstemberger, dans leurs seigneuries…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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