Portrait de Léopold de Habsbourg, évêque de Strasbourg
Jacques MERTZEISEN, qui présentera sa conférence sur Léopold de Habsbourg, évêque de Strasbourg et homme de guerre, n'est pas un inconnu pour les lecteurs d'obermundat.org: il est l'auteur de plusieurs articles parus dans ces pages sur Leopold, personnage hors du commun, homme d'église et homme de guerre ambitieux, sur lequel il porte un regard inédit...
On attend habituellement d'un homme d'église l'intégrité, la charité et la bienveillance: Nicolas VERDOT, prieur de couvent Saint Valentin à Rouffach, ne possédait, lui, aucune de ces vertus! Il succède à Nicolas TERRESTRE, déposé de ses fonctions par le légat du pape pour sa vie dissolue et la mauvaise gestion des biens du prieuré. Il sera d'ailleurs condamné à restituer 1000 livres bâloises. Nicolas VERDOT, qui l'avait dénoncé, sera nommé prieur et se comportera de la même manière que son prédécesseur, Nicolas TERRESTRE ! Cité à comparaître à la Régence d'Ensisheim, il plaida une grave maladie et disparut totalement pendant huit mois... Lorsque le prieuré et tous ses biens furent remis au séminaire épiscopal de Molsheim les comptes firent apparaître que TERRESTRE et VERDOT avaient détourné 1000 florins ! Nicolas VERDOT réapparut après le départ des Suédois et l'entrée des troupes françaises dans Rouffach: il avait réussi à se procurer du roi de France une missive qui lui reconnaissait ses droits sur le prieuré. Après plusieurs péripéties il fut chassé mais revint, sous la protection des armes, au prieuré, où il mourut en 1636.
Les registres de délibération des séances du Magistrat conservent plusieurs signalements au sujet des frasques de ce personnage, connu pour son caractère irascible, ses écarts de langage et sa brutalité.
Voici l'une de ces affaires, au cours de laquelle notre homme s'en est pris avec violence au portier de la Porte Neuve de la ville, la porte Nord, dite également porte de Colmar.
À gauche de l'église N.D., la chapelle st. Nicolas, avec le toit à bâtière de son clocher et son chœur polygonal.
On trouve décidément de tout dans les comptes-rendus des séances du Magistrat, les conseils municipaux de l'époque! Dans la même session, il peut être question de coups et blessures, de paroles calomnieuses, de diffamations, d'injures, de tricheries au jeu, d'adultère... Ces conseils se tiennent ordinairement le mardi, mais il est fréquent que d'autres aient lieu d'autres jours, et même le dimanche! Des conseils dédiés à des sujets particuliers, comme les marchés annuels, les visites ou inspections de maisons, des affaires pressantes entre particuliers, et même, comme dans le sujet qui nous occupe dans cet article, une affaire de divagation de moutons, qui sera traitée lors d'un conseil secret, à huis-clos.
Les images anciennes représentant l'intérieur de l'église Notre-Dame de l'Assomption de Rouffach sont extrêmement rares: en voici une, peu connue, que l'on doit à Jean-Baptiste Schacre, architecte (Delle 1808 - Mulhouse 1876), conservée au Cabinet des estampes et dessins de Strasbourg. Il s'agit d'un dessin à la mine de plomb, sur papier quadrillé de couleur beige, de 31,5 cm. sur 28,1 cm. (disponible en ligne, Base JOCONDE)
Pour suivre la mode ? Si l’on considère la multitude de publications, émissions de radio et de télévision qui lui sont consacrés, le sujet semble effectivement être porteur.
Mais est-il bien utile de rappeler ces moments sombres de notre histoire, au cours desquels furent livrés aux flammes d’un bûcher, après l’angoisse du cachot et l’horreur de la torture, des centaines de femmes, d’hommes, et d’enfants ?
Oui, pour tirer de l’oubli ces malheureuses victimes, pour empêcher qu’elles ne deviennent les vedettes du folklore de fêtes prétendument médiévales … et rétablir la vérité en revenant aux sources, débarrasser les discours que l’on tient sur le sujet, du fatras que l’on a inventé pour en rendre les histoires plus croustillantes… car quand on ne sait pas, on invente, pour faire rire ou frissonner le lecteur ou l’auditoire…
Je propose dans cet article deux Urgichten, aveux recueillis à l’issue de leur interrogatoire, de deux femmes: la première, Margreth Sontag, exécutée en 1624 et la seconde, Agnès Spon, exécutée en 1627. Des aveux spontanés (guetlich), croisés avec des aveux suggérés (peinlich), pour se libérer enfin, quel qu’en soit le prix à payer, de l’horreur du cachot et des souffrances insoutenables de la torture…
Le lecteur pourra juger, en conscience, si les crimes avoués par ces malheureux, après de longues heures d’interrogatoire et de tourments infligés par le bourreau, méritaient une fin dans l’horreur d’un bûcher…
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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