Photo d'un ramoneur, vers 1850 (Wikipedia)
L’anecdote relatée dans le document ci-dessous est datée du 13 janvier 1723, un mercredi, lendemain des jours de conseils "ordinaires". Les premiers jours de l’année sont, selon l’usage, les jours où sont reconduits les conseillers du Magistrat, et ceux où sont renouvelés les offices de la Ville : tous ceux qui au cours de l’année précédente occupaient un office rendent leur charge et en demandent la reconduction pour l’année nouvelle. C’est le cas pour des offices tels que celui de gourmet-juré, de jaugeur de tonneaux, d’aborneur, d’arpenteur, de maître des forêts ou des pâtures, de contrôleur des poids, des mesures...et celui de ramoneur…
Rouffach et les communes de l’ancien Obermundat ont été façonnés au XVIe s. et au début du XVIIe s. par des artisans de haut niveau, maîtrisant l’ensemble du processus depuis les carrières jusqu’à l’élévation des façades ornementées. On ne sait pas grand-chose de ces professionnels, qui pourtant ont laissé des traces dans les comptes de chantier - lorsque les documents ont été conservés - ce qui limite le champ aux bâtiments publics ou seigneuriaux. Leur connaissance est toutefois facilitée par ce que l’on appelle communément et à tort des « marques de tâcheron », ou ce qui est mieux : « marques lapidaires ». Le bon terme est cependant l’allemand « Steinmetzzeichen » ou marque de tailleur de pierre. Ce sont des signes de complexité variable, hauts de quelques centimètres, gravés en des endroits bien visibles des édifices. Ce ne sont pas des marques facilitant le paiement à la tâche, comme on le dit trop souvent, mais des signatures propres à chaque artisan ou artiste, et bien sûr au Baumeister, l’architecte.
Le document étudié dans cet article est un rotulus ou rôle, un rouleau de parchemin qui se déroule de bas en haut. Ce type de support, beaucoup utilisé au moyen-âge est le plus souvent réservé à des documents destinés à être utilisés dans des lectures publiques. Le terme de rôle est encore employé aujourd'hui dans le langage juridique: il désigne en particulier un document sur lequel le greffier porte la liste des affaires qui sont appelées à l'audience d'une Chambre du tribunal.
Cette Rotel ou Rodel, en allemand, qui fait l'objet de notre article, est datée du 17 janvier 1499: il s'agit du renouvellement du règlement de la corporation des vignerons, dont le siège était le poêle qui portait l'enseigne de la Fleur de Lys. C'est un document très intéressant mais qui ne donne pas vraiment, comme on le souhaiterait, d'indications précises sur les réalités du métier au quotidien, dans les ateliers ou, comme ici, dans les vignes, les pressoirs ou les caves. D'une manière générale, les règlements de corporations qui nous sont parvenus sont, le plus souvent, des règlements de police du poêle de la corporation, die Zunft Stube, le lieu de réunion et lieu de convivialité des membres de la corporation...
Bien visible à l’angle Sud-ouest de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Rouffach, la méridienne Adam est un dispositif gnomonique qui a sans doute intrigué plus d’un passant, avec sa courbe en 8 graduée selon les mois de l’année. Lorsqu’il y a du soleil, l’ombre d’un disque percé en son centre nous donne la date courante à 13 heures 31 (ou 12 h 31 en hiver) !
Mais quelle peut bien être l’utilité d’un tel cadran solaire qui par beau temps, ne donne l’heure qu’une fois par jour ? Et si les rouffachois sont fiers de leur jolie méridienne, les habitants de Gueberschwihr ne le sont pas moins de la leur…. ont-ils remarqué, les uns et les autres, que l’on en trouve un autre exemplaire, sortie du même atelier sur un contrefort de la collégiale Saint-Martin de Colmar ?
L’horloger colmarien Urbain Adam les fabriquait en série. Il en posait une sur le mur de l’église chaque fois qu’il installait un mécanisme d’horlogerie dans un clocher. La méridienne servait à contrôler le bon fonctionnement de la grande horloge et aussi à la remettre à l’heure si d’aventure elle s’était déréglée.
Tonneau des Hospices de Strasbourg
A la suite de la parution de l’article L’aune de Rouffach, die ruffacher Elle…, un lecteur a posté le commentaire suivant :
« …comment faisait-on pour mesurer la contenance d'un tonneau et quelle unité était en usage à Rouffach ? »
Je commencerai ma réponse par une autre question :
Avez-vous entendu parler de la rue de la Sinne à Colmar ou à Mulhouse, de la place de la Sinne à Colmar, Ammerschwihr, Kaysersberg, Kientzheim, Ribeauvillé ou encore de la fontaine de la Sinne de Riquewihr, le Sinnbrunnen ? Mulhouse a même un théâtre de la Sinne !
Toutes ces rues mènent ou menaient sur une place, Sinnplatz et sur cette place,, se trouvait une fontaine, Sinnbrunnen.
Rouffach disposait également de son Sinnplatz, débaptisé depuis et devenu place du Maréchal Foch, avec au centre son Sinnbrunnen, l’actuelle fontaine Guillaume de Honstein réalisée en 1534 par maître Claus, Werckmeister de Rouffach.
Guebwiller a également son Sinnbrunnen, réalisé en 1536 par le même maître sculpteur Claus, actuellement place de la Liberté.
Que signifie donc ce verbe allemand sinnen ?
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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