Les Archives municipales de Rouffach conservent un fonds ancien d'une richesse exceptionnelle. On y trouve en particulier un ensemble rare de 1228 parchemins dont le plus ancien date du treizième siècle, de 1270 plus précisément, et le plus récent de 1854. [1] Ces documents précieux, et fragiles, demandent une attention et un soin particulier lors de leur manipulation, en particulier ceux qui ont conservé leurs sceaux.
Nous avons choisi de présenter dans cet article, le plus ancien de ces parchemins conservés aux archives municipales de Rouffach: l'acte par lequel le chevalier Jacques de Rathsamhausen et sa famille, offrent à l'hôpital du Saint Esprit la parcelle de terre sur laquelle l'hôpital et toutes ses dépendances, chapelle, moulin, ferme, etc. avaient été construits.
[1] cf. Inventaire des Parchemins: Théobald Walter et Thérèse RUEFF Attachée de conservation du patrimoine, archiviste de la Ville
Pourquoi une ruelle du saint Esprit à Rouffach ?
Vers 1180, Guy de Montpellier (1160-1208) fonde l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit et de la confrérie du Saint-Esprit dont la vocation est d'accueillir tous les déshérités de la vie, les enfants abandonnés, les pauvres et les malades. L’ordre se répandit rapidement dans toute la chrétienté, surtout en Italie et en France, avec près de 800 maisons. En Allemagne, il y en eut beaucoup moins, une dizaine, surtout en Allemagne du Sud : le premier et le plus important d’entre eux était situé en Alsace, à Stephansfeld, fondé vers 1210, au sud de Brumath. En 1270 est fondé une filiale de Stephansfeld, l’hôpital du Saint Esprit de Rouffach, que l’on appellera altes Spital, le vieil hôpital, pour le distinguer du neues Spital, le nouvel hôpital, l’hôpital saint Jacques, cité pour la première fois en 1311.
L'ordre a connu son apogée au XVe siècle, avec près de mille hôpitaux à travers l'Europe puis disparut presque totalement au XVIIIème siècle pour ne subsister aujourd'hui principalement qu'en Espagne et en Pologne.
Connaissez-vous Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim ?
Peut-être pas… et pourtant ! Il fut l’un des médecins chirurgiens les plus fameux de la première moitié du XVIème siècle, initiateur du tournant de la médecine galéniste (qui traite les maladies suivant la doctrine de Galien [131-201 après J.C.], une des grandes figures de la médecine antique) vers la médecine moderne basée sur la biochimie. Il a laissé le souvenir d’une personnalité rebelle, d’un homme profondément croyant, souvent truculent, à l’esprit foisonnant et exubérant.
Non ? Vous ne voyez toujours pas de qui il s’agit ?
En ce début d’année 1621, les Alpes sont enneigées, mais malgré tout, les nouvelles circulent entre l’Italie et l’Allemagne. Remus Quietanus, notre médecin-astronome rouffachois écrit à son ami Giovanni Faber, médecin et botaniste pontifical à Rome.
Dans cette lettre du 23 février, il est question de la récente élection du pape Grégoire XV, qui succède à Paul V, décédé en janvier. Certains propos confidentiels ont valeur de secrets médicaux et ne devraient pas être divulgués, mais nous avons estimé qu’après quatre siècles il y a prescription… En voici donc une traduction approximative, accompagnée de quelques commentaires et repères historiques.
Depuis 2016, nous nous employons à rappeler le passé astronomique de Rouffach, en particulier par la publication de quelques articles consacrés à Johannes Remus Quietanus (1588-1654), rouffachois d’adoption à partir de 1620. Sa correspondance avec les fondateurs de l’astronomie moderne, Galilée et Kepler, montre qu’il a participé avec pertinence au débat astronomique de son époque. Mais cette fois nous nous intéresserons davantage à ses pratiques médicales (il a accédé au grade de docteur en médecine en Italie vers 1610) et nous verrons que pour ce disciple de Paracelse, le macrocosme et le microcosme sont intimement liés.
Gérard MICHEL
Ancien professeur de Lettres et passionné de paléographie, je partage sur ce blog le fruit de plus de 20 ans de travail autour de documents d'archives.
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